12èmes RENCONTRES LITTÉRAIRES
DANS LE JARDIN DES PRÉBENDES, À TOURS

Vendredi 6 août 2010, de 17 h 30 à 19 h

 

Véronique Brient

à la rencontre de la poésie chinoise

Portrait de Véronique Brient par Catherine Réault-Crosnier.

 

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Présentation de Véronique Brient

(grâce aux documents fournis par Véronique Brient)

 

Nous sommes très heureux d’accueillir Véronique Brient en tant qu’invitée d’honneur dans le jardin des Prébendes à Tours en 2010. Véronique Brient est une amie poète. Elle est heureuse de vivre à Tours ; elle dit d’ailleurs avec un grand sourire : « J’aime ma ville, sa qualité de vie. » Elle a bien raison ; les Tourangeaux sont heureux de sa présence qui fait pleinement partie du bouillonnement culturel de notre ville. Véronique Brient est née à Chambray-lès-Tours, a fait ses études à Tours, en particulier à la faculté des Lettres où elle est devenue Docteur es Lettres après avoir soutenu sa thèse en 2008. Ce fut la première thèse sur François Cheng. Elle s’intitule « Une figure de la francophonie chinoise : François Cheng, pèlerin entre l’Orient et l’Occident ». Ce ne fut pas un point d’achèvement pour elle mais un nouveau départ vers un approfondissement de la culture chinoise en comparaison avec celle de France.

Catherine Réault-Crosnier présentant Véronique Brient, le 6 août 2010.

Catherine Réault-Crosnier présentant Véronique Brient

Sa thèse de cinq-cent-six pages est très riche. Véronique Brient nous présente tout d’abord la biographie de François Cheng, les années chinoises (1929 – 1949) puis les années françaises (1949 – 2006), du statut chinois à celui d’exilé en France enfin sa reconnaissance jusqu’au statut d’académicien. Sa poétique est ensuite analysée. Elle est au carrefour de la culture chinoise avec sa philosophie, sa prégnance du « c’han » qui est un espace de communion (p. 149), un abandon de son ego au profit d’une immersion dans la vie cosmique, pour parvenir à sa nature originelle (p. 152), au carrefour de cette culture donc et de l’apport mythologique, de la pensée occidentale avec la voie orphique qui correspond à la traversée du sensible (p. 265) et de sa sensibilité personnelle. « La douleur de l’incommunicabilité est ce qui fait la solitude, réclusion de notre propre intériorité » dont il faut sortir (p. 62). Véronique Brient examine les particularités d’écriture de François Cheng, écriture hybride, expression d’une multiplicité de l’être, écriture pleinement poétique et charnelle, œuvre à la charnière de deux cultures, œuvre romanesque, décentrée par rapport à cette double culture. François Cheng devient alors le passeur entre deux cultures (p. 5). Véronique Brient nous montre comment ses écrits témoignent de sa quête de plénitude de l’Absolu (p. 9), vers une poésie de la pureté transcendée hors du temps, voie vers la vérité intérieure (p. 462).

Enseignante de langue et littérature française, de français langue étrangère, à l’Université Belle Beille d’Angers et à l’université François Rabelais de Tours, elle effectue un travail de coopération avec les universités chinoises de Wuhan et de Nanjing. Ses travaux de recherches s’orientent sur la poésie du XXe siècle, sur l’œuvre de François Cheng, sur la littérature chinoise, mais également sur les représentations de la Chine en France et sur la réception de la littérature française en Chine. Elle est allée en Chine pour la première fois seulement en 2005, maintenant que ses deux enfants, Renaud et Cindy, ont grandi et elle y retourne régulièrement car elle reste en lien avec les professeurs de plusieurs universités chinoises : Université Beida de Beijing (littérature), Université de Fudan de Shanghai (littérature), Université et École Normale de Nanjing (littérature), Université de Wuhan (littérature), Université de Xiamen (anthropologie/ethnologie), Université de Kunming (littérature/anthropologie /ethnologie). Elle y a de nombreux ami(e)s. Elle a été invitée à plusieurs conférences ou congrès internationaux en Chine (en 2005, 2006, 2008) pour ses travaux sur François Cheng, mais également pour des études sur le regard français porté sur la Chine au XIXe siècle ; elle a notamment participé au congrès international d’ethnologie à l’université de Kunming dans le Yunnan, sud de la Chine, en 2008. Elle interroge aussi le regard d’écrivains chinois sur leur société, dont un article vient d’être publié en Chine. Plusieurs de ses articles ont été publiés dans différentes revues en France mais également en Chine. Elle a obtenu l’agrément de l’Ambassade de France en Chine pour poursuivre des recherches sur l’influence culturelle et politique de la France dans le Yunnan, projet mené avec une jeune chercheuse chinoise qui a obtenu la bourse Henri Curien, seule bourse pour la Chine du Sud. Invitée, elle se rendra de nouveau en Chine à l’automne à l’Université de Fudan à Shanghai pour donner une série de conférences sur la poésie française. Elle est également sollicitée par plusieurs pays étrangers (Roumanie, Bosnie) pour créer des événements et publications autour de la poésie et de la peinture.

Elle étudie également les écrits d’autres poètes français contemporains, notamment ceux de Claude Louis-Combet. Ce dernier lui a adressé une correspondance manuscrite pour lui signifier la justesse de sa lecture, écrit qui fait, dorénavant, partie du fonds Jacques Petit à Besançon. Son amour pour la poésie l’amène également à croiser les regards sur plusieurs poètes ; elle effectue actuellement une étude sur les écrits de François Cheng et ceux du poète Yves Broussard qu’elle a rencontré récemment à Marseille. Elle a participé à plusieurs colloques de littérature et de littérature comparée à La Sorbonne, à Dijon, à Tours dont le dernier s’est déroulé au mois de juin 2010.

En 2009, elle a obtenu la qualification de Maître de conférences et un Master I de philosophie, et possédait déjà une maîtrise de Français Langue étrangère. Elle est membre associé de l’équipe de recherche « Histoire des représentations » à l’Université François Rabelais de Tours, de l’équipe « Textes, Discours, Représentations » de l’Université de Bourgogne avec qui un projet de recherche de quatre années est à l’étude, du Centre des Hautes Études françaises de Wuhan, de l’Institut de Recherche de Littérature et de Culture Comparée de l’Université de Nanjing. Elle est un membre actif de l’Association Internationale de la Critique Littéraire et de l’Association pour la Diffusion de la Recherche Littéraire.

Elle est co-directrice de la revue bilingue franco-chinoise Regards Croisés Chine-France, revue de grande qualité publiée conjointement par le centre des Hautes Études française de Wuhan (Chine) et de l’Université François Rabelais de Tours. Le premier numéro de cette revue de cent-soixante-dix-neuf pages est paru en mars 2009 avec le soutien du Conseil général d’Indre-et-Loire. Ce livre est intitulé « Regards croisés France-Chine ». Il a permis un échange d’université à université entre la France et la Chine. Des professeurs chinois ont parlé de la littérature française et inversement. Des professeurs et chercheurs de niveau universitaire ont ainsi pu échanger. La Chine et la France se retrouvent ici mises en parallèle à travers l’histoire, les Arts, l’esthétique, la vie quotidienne comme l’image de la femme chinoise dans la littérature française au XIXe siècle, la forme d’écriture en poésie, etc. Véronique Brient traite de « L’impact de l’Empire du milieu sur les Arts au XVIIIe siècle en Europe », thème d’alliance et d’influence entre la Chine et la France, avec à l’appui de très belles photos de porcelaine chinoise et d’ébénisterie laquée.

Lors de la sortie de cette revue, l’ambassadeur de Chine en France s’est spécialement déplacé à Tours pour saluer cette création.

Le deuxième tome est en préparation ; il a pour thème « Le blanc en poésie ». Il est axé sur une double approche, l’une poétique, l’autre sur les études françaises et chinoises, des poèmes d’écrivains chinois et français contemporains inspirés soit par leur séjour en France, soit par leur séjour en Chine. Ainsi cette revue posera à nouveau un double regard, mais fera aussi un lien entre deux types de création, l’universitaire et la poétique. Il sera publié en octobre prochain.

Mais pourquoi la Chine passionne-t-elle tant Véronique Brient ? Elle nous dit qu’elle a eu depuis toujours de l’intérêt pour la culture chinoise. Oui, même petit enfant, elle pensait à la Chine en suivant son chemin qui la menait à l’école. Elle dessinait des pagodes. Devenue adolescente, elle cherchait des revues culturelles parlant de la Chine et les conservait précieusement. Donc il n’est pas étonnant qu’elle garde une passion encore neuve de cette culture si riche et différente de la nôtre.

Elle écrit également des poèmes tout de délicatesse, de profondeur, de mysticisme et d’humanité et j’espère que nous aurons aussi le plaisir de les découvrir ce jour.

Tournons-nous vers le présent et l’avenir. Véronique Brient a été invitée en Bosnie-Herzégovine pour donner des cours de littérature française. Elle a fait une conférence sur « Les poètes chinois de la période Tang et Song » au restaurant « Parfum culture » (rue Blaise Pascal) à Tours, le dimanche 7 mars 2010 dans le cadre du Printemps des Poètes. En juin 2010, elle a participé à un colloque de trois jours à l’université de Tours, en lien avec l’association Victor Segalen, sur « Le mythe impérial dans la Chine », où son étude iconographique, évoquait « La représentation de l’image impériale dans la peinture du XVIIIe siècle ».

Catherine Réault-Crosnier pendant la présentation de Véronique Brient, le 6 août 2010.

Catherine Réault-Crosnier pendant la présentation de Véronique Brient

Côté avenir proche, elle doit rendre prochainement le manuscrit concernant la publication d’une partie de sa thèse aux éditions du Cerf axé sur la spiritualité dans les œuvres de François Cheng. Son objectif est de mettre en relief les spécificités et les singularités des deux cultures, française et chinoise qui ont nourri, l’œuvre de François Cheng, union qui confère aux écrits du poète une force multidimensionnelle. Je suis sûre que de nombreux projets suivront ceux-ci car une réussite en attire une autre comme une recherche débouche sur d’autres, vers un partage toujours renouvelé et vers un bouillonnement intellectuel qui ne tarit jamais. Merci à Véronique Brient pour tout ce qu’elle nous a déjà apporté et pour toutes les richesses et les recherches à venir.

 

Février à août 2010

 

Catherine RÉAULT-CROSNIER

 

Lire la conférence de Véronique Brient

Lire l'échange que Véronique Brient a eu avec le public