23èmes RENCONTRES LITTÉRAIRES
DANS LE JARDIN DES PRÉBENDES, À TOURS
Vendredi 20 août 2021, de 17 h 30 à 19 h
Spectacle de poésie : « La vie » |
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La Vie liée à notre passé, présent et devenir, ne nous laisse pas indifférent et devient un thème fondamental s’il est accompagné d’une majuscule. Alors comme il y a mille et une façons de voyager et mille et une nuits, il y a une multitude de manières de partir au fil de « La Vie ».
Une partie du public.
Les poètes très anciens ont abordé ce thème dont
Nous admirons le talent du conteur, Virgile, qui nous transmet avec talent, le bouillonnement de vie et le dynamisme de l’aventurier Enée et sa volonté de lutter contre tous les dangers qu’il rencontre. Par exemple, Virgile décrit l’arrivée d’Énée à Carthage. Quelle leçon de vie ! Énée nous montre sa soif de réussir par sa ténacité, comme dans cet extrait :
Je chante les combats, et ce pieux guerrier
Qui, banni par le sort, se rendit le premier
Des rives de Pergame aux champs de Lavinie.
Junon, des fils de Troie implacable ennemie,
Le poursuivit partout sur la terre et les
flots ;
(…)
(Énéide, livre premier, 1826, page 3)
Au XIIème siècle,
Dante (1265 – 1321) nous apporte sa philosophie de vie dans son premier livre Vita Nuova (Vie nouvelle) où il sublime l’amitié, l’amour même si plus tard, à cause de ses idées politiques, il sera banni de Florence… Il ancre ses mots dans un dialogue avec l’âme et creuse son langage pour mieux en faire ressortir leur force vitale :Noble pensée qui parle de vous vient souvent demeurer avec moi, et elle raisonne si doucement d’amour, qu’elle fait consentir le cœur avec elle.
Alors l’Ame dit au Cœur : « Qui est celui qui vient pour consoler notre esprit ? Sa vertu est si puissante, quelle ne laisse aucune autre idée s’arrêter en nous. »
Le Cœur répond : « O Ame pensive ! c’est un nouveau petit esprit d’Amour qui apporte devant moi ses désirs.
Et sa vie ainsi que sa puissance viennent des yeux de cette personne compatissante qui se troublait à la vue de nos douleurs. »
(Dante, La Vie nouvelle, page 57)
Un siècle plus tard, l’humaniste
Pétrarque (1304 – 1374) exprime ses désirs inassouvis. Son écriture oscille entre errance et méditations sur la vie. Il concilie l’esprit antique et la foi chrétienne, lie profane et divin dans ses sonnets qui restent toujours très modernes. Par exemple, ce poète peut exprimer des sentiments forts à l’aube puis en final la mort, nouvelle naissance, l’ensemble en lien avec ses pensées et l’univers, lumière et ombre :Pour tous les animaux qui parcourent la terre,
Si j’en excepte ceux qui craignent le soleil,
Le temps de travailler, c’est pendant qu’il
fait jour ;
Mais, sitôt que l’on voit scintiller les
étoiles,
Tel rentre à son logis, tel regagne les bois,
Pour prendre du repos jusqu’au retour de l’aube.
Et moi, depuis l’instant qu’on voit arriver l’aube
Pour dissiper la nuit qui nous voilait la terre,
Provoquant le réveil des bêtes dans les bois,
Mes soupirs sont sans fin tant que luit le
soleil ;
Et, quand je vois au ciel scintiller les
étoiles,
Je pleure et je voudrais voir éclore le jour.
Lorsque l’ombre du soir chasse l’éclat du
jour,
Que, notre nuit venue, ailleurs arrive l’aube,
Je fixe tout pensif les cruelles étoiles,
Qui m’ont fait et rendu de si sensible terre,
Et je maudis le jour que je vis le soleil ;
A me voir, on dirait un habitant des bois.
Je n’aurais jamais cru qu’il vécût dans les
bois
Une bête si fière, ou de nuit ou de jour,
Que celle que je pleure à l’ombre, en plein
soleil,
Sans jamais me lasser, du coucher jusqu’à l’aube ;
Et quoique mon corps soit un extrait de la terre,
Je tiens mon grand désir des astres, des
étoiles.
Avant que je retourne à vous, belles étoiles,
Puissé-je, avant de choir dans les amoureux
bois,
Abandonnant mon corps pour redevenir terre,
Voir en vous la pitié ! La douceur d’un
seul jour
Peut calmer bien des maux, et même avant que l’aube
Paraisse, m’enrichir du coucher du soleil.
Puissé-je être avec Laure au départ du soleil,
Et voir briller dès lors sans cesse les
étoiles,
Seul pendant une nuit, sans revoir jamais l’aube,
Et qu’elle n’aille point se changer en vert
bois
Pour s’enfuir de mes bras, comme elle fit un
jour
Qu’Apollon la suivait ici-bas sur la terre.
Je serai bien plutôt sous terre dans le
bois :
Dans le jour on verra d’innombrables étoiles,
Avant que mon soleil ait une si belle aube.
(Rimes de Pétrarque, Tome premier, pages 36 et 37)
Je ne sçay comment je dure ;
Car mon dolent cuer font d’yre,
Et plaindre n’oze, ne dire
Ma doulereuse aventure,
Ma dolente vie obscure,
Riens, fors la mort, ne désire ;
Je ne sçay comment je dure.
Et me fault par couverture
Chanter quand mon cuer souspire,
Et faire semblant de rire ;
Mais Dieux scet ce que j’endure ;
Je ne sçay comment je dure.
(Œuvres poétiques, tome premier, page 151)
Joachim du Bellay (1522 – 1560) est né au château de Turmelière, près de Liré, lieu qu’il a « chanté » dans ses poèmes. Par ses livres, De Regrets aux Antiquités de Rome, il a défendu la langue française. Même s’il est moins connu que Ronsard, il reste à l’honneur encore actuellement. Par exemple, il fait partie des poètes inclus dans la collection Les cent chefs d’œuvre de la langue française (publiée par Robert Laffont) paru en 1958. Poète de la vérité à la recherche de la liberté de pensée, il nous montre combien il est plus facile de paraître que d’être ; ceux qui vivent de leur plume, sont souvent obligés de contrefaire leur pensée et alors… que devient leur Vie ?
CXL
Si tu veulx vivre en Court (Dilliers)
souvienne-toy
De t’accoster toujours des mignons de ton
maîstre,
Si tu n’es favory, faire semblant de l’estre,
Et de t’accommoder aux passetemps du Roy.
Souvienne-toi encor’ de ne prester ta foy
Au parler d’un chascun : mais surtout sois
adextre
A t’aider de la gauche autant que de la dextre,
Et par les mœurs d’autruy à tes mœurs donne
loy.
N’avance rien du tien (Dilliers) que ton
service,
Ne monstre que tu sois trop ennemy du vice,
Et sois souvent encor’ muet, aveugle et sourd.
Ne fay que pour autruy importun on te nomme.
Faisant ce que je dy, tu seras galland homme :
T’en souvienne (Dilliers) si tu veulx vivre en
Court.
(Joachim de Bellay, Les Regrets, éditions Robert Laffont, page 162)
Louise Labbé (1524 – 1566) fille et femme de riches cordiers de Lyon, est l’une des premières féministes de l’histoire. Dans ses vers, elle nous confie ses amours, ses espoirs et ses regrets, ses attentes et ses hésitations dans une soif de vérité et un élan de grâce féminine, comme dans ce sonnet, l’un des plus connus de son œuvre.
Je vis, je meurs ; je me brûle et me
noie ;
J’ai chaud extrême en endurant froidure ;
La vie m’est trop molle et trop dure ;
J’ai grands ennuis entremêlés de joie.
Tout à un coup je ris et je larmoie,
Et en plaisir maint grief tourment j’endure ;
Mon bien s’en va, et à jamais il dure ;
Tout en un coup je sèche et je verdoie.
Ainsi Amour inconstamment me mène ;
Et quand je pense avoir plus de douleur,
Sans y penser je me trouve hors de peine.
Puis, quand je crois ma joie être certaine
Et être au haut de mon désir heur,
Il me remet en mon premier malheur.
(Louise Labé, Œuvres poétiques, Gallimard, page 116)
MISERES
(…)
Car quand la frenaisie et fievre generalle
A senti quelque paix, dilucide intervalle,
Nos sçavants apprentifs du faux Machiavel,
Ont parmi nous semé la peste du duel :
Les grands ensorcelez par subtiles querelles
Leur courage employé à leur dissention
Les faict serfs de mestier, grands de profession :
Les Nobles ont chocqué à testes contre testes,
Par eux les Princes ont vers eux payé leurs
debtes :
Un chacun estourdi a porté au fourreau
Dequoi estre de soi et d’autrui le bourreau,
Et de peur qu’en la paix la féconde Noblesse
De son nombre s’enflant, ne refrene et ne
blesse
La tyrannie un jour, qu’ignorante elle suit,
Miserable support du joug qui la destruit :
Le Prince en son repas par loüanges et blasmes
Met la gloire aux duels, en allume les ames,
Peint sur le front d’autrui et n’establit
pour soy
Du rude point d’honneur la pestifere loy,
Reduisant d’un bon cœur la valeur prisonniere
A veoir devant l’espee, et l’Enfer au derrière.
(…)
(Agrippa d’Aubigné, Les Tragiques, 1616, pages 35 et 36)
CONSOLATION À CARITÉE SUR LA MORT DE SON MARY
Ainsi, quand Mausole fut mort,
Artemise accusa le sort,
De pleurs se noya le visage,
Et dit aux astres innocens
Tout ce que fait dire la rage,
Quand elle est maîtresse des sens.
(…)
Pourquoy donc si peu sagement,
Démentant vostre jugement,
Passez-vous en cette amertune
Le meilleur de vostre saison,
Aimant mieux plaindre par coustume,
Que vous consoler par raison ?
(…)
S’il vous ressouvient du pouvoir
Que ses traits vous ont fait avoir,
Quand vos lumieres estoient calmes,
Permettez-luy de vous guérir,
Et ne differez donc point les palmes
Qu’il brusle de vous acquérir.
Le temps, d’un insensible cours,
Nous porte à la fin de nos jours :
C’est à nostre sage conduite,
Sans murmurer de ce défaut,
De nous consoler de sa fuite
En le ménageant comme il faut.
(Les œuvres de Mre François de Malherbe, 1831, pages 209, 210 et 212)
LE JEUNE HOMME ET LE VIEILLARD
De grace, apprenez-moi comment l’on fait
fortune,
Demandoit à son pere un jeune ambitieux.
Il est, dit le vieillard, un chemin glorieux,
C’est de se rendre utile à la cause commune,
De prodiguer ses jours, ses veilles, ses talents,
Au service de la patrie.
– Oh ! trop pénible est cette vie,
Je veux des moyens moins brillants.
– Il en est de plus sûrs, l’intrigue…
– Elle est trop vile.
Sans vice et sans travail je voudrois m’enrichir.
– Eh bien ! sois un simple imbécile.
J’en ai vu beaucoup réussir.
(Florian, Fables, page 60)
Florian garde aussi beaucoup d’humanité dans ses leçons de sagesse et peut faire passer son message par la transmission de la vie, de la mère à l’enfant, chez les humains comme chez les animaux (la sarigue est une espèce de renard du Pérou) :
LA MERE, L’ENFANT, ET LES SARIGUES (I)
A madame de la Briche.
Vous, de qui les attraits, la modeste douceur,
Savent tout obtenir et n’osent rien
prétendre ;
Vous que l’on ne peut voir sans devenir plus
tendre,
Et qu’on ne peut aimer sans devenir meilleur,
Je vous respecte trop pour parler de vos charmes,
De vos talents, de votre esprit…
Vous aviez déja peur ; bannissez vos alarmes,
C’est de vos vertus qu’il s’agit.
Je veux peindre en mes vers des meres le modele,
Le sarigue, animal peu connu parmi nous ;
Mais dont les soins touchants et doux,
Dont la tendresse maternelle
Seront de quelque prix pour vous.
Le fond du conte est véritable ;
Buffon m’en est garant ; qui pourroit en
douter
D’ailleurs tout dans ce genre a droit d’être
croyable,
Lorsque c’est devant vous qu’on peut le
raconter.
Maman, disoit un jour à la plus tendre mere
Un enfant péruvien sur ses genoux assis,
Quel est cet animal qui, dans cette bruyere,
Se promène avec ses petits ?
Il ressemble au renard. Mon fils, répondit-elle,
Du sarigue c’est la femelle ;
Nulle mere pour ses enfants
N’eut jamais plus d’amour, plus de soins vigilants.
La nature a voulu seconder sa tendresse,
Et lui fit près de l’estomac
Une poche profonde, une espèce de sac,
Où ses petits, quand un danger les presse,
Vont mettre à couvert leur foiblesse.
Fais du bruit, tu verras ce qu’ils vont devenir.
L’enfant frappe des mains ; la sarigue attentive
Se dresse, et, d’une voix plaintive,
Jette un cri. Les petits aussitôt d’accourir,
Et de s’élancer vers la mère,
En cherchant dans son sein leur retraite ordinaire.
La poche s’ouvre, les petits
En un moment y sont blottis.
Ils disparoissent tous ; la mère avec vitesse
S’enfuit emportant sa richesse.
La Péruvienne alors dit à l’enfant surpris :
Si jamais le sort t’est contraire,
Souviens-toi du sarigue, imite-le, mon fils :
L’asyle le plus sûr est le sein d’une mere.
(Florian, Fables, pages 67 à 69)
(I) Espèce de renard du Pérou. (Buffon, Hist. nat. Tome IV.)
CIGALE.
De l’ardente cigale
J’eus le destin,
Sa récolte frugale
Fut mon festin.
Mouillant mon seigle à peine
D’un peu de lait,
J’ai glané graine à graine
Mon chapelet.
J’ai chanté comme j’aime
Rire et douleurs ;
L’oiseau des bois lui-même
Chante des pleurs ;
Et la sonore flamme,
Symbole errant,
Prouve bien que toute âme
Brûle en pleurant.
Puisque amour vit de charmes
Et de souci,
J’ai donc vécu de larmes,
De joie aussi,
A présent, que m’importe !
Faite à souffrir,
Devant, pour être morte,
Si peu mourir.
La chanteuse penchée
Cherchait encor
De la moisson fauchée
Quelque épi d’or,
Quand l’autre moissonneuse,
Forte en tous lieux,
Emporta la glaneuse
Chanter aux cieux.
(Marceline Desbordes-Valmore, Poésies inédites 1860, pages 52 et 53)
LE VALLON.
Mon cœur, lassé de tout, même de l’espérance,
N’ira plus de ses vœux importuner le sort ;
Prêtez-moi seulement, vallons de mon enfance,
Un asile d’un jour pour attendre la mort.
Voici l’étroit sentier de l’obscure
vallée :
Du flanc de ces coteaux pendent des bois épais
Qui, courbant sur mon front leur ombre
entremêlée,
Me couvrent tout entier de silence et de paix.
Là, deux ruisseaux cachés sous des ponts de
verdure,
Tracent en serpentant les contours du
vallon ;
Ils mêlent un moment leur onde et leur murmure,
Et non loin de leur source ils se perdent sans
nom.
La source de mes jours comme eux s’est
écoulée,
Elle a passé sans bruit, sans nom, et sans
retour ;
Mais leur onde est limpide, et mon ame troublée
N’aura pas réfléchi les clartés d’un beau
jour.
La fraîcheur de leurs lits, l’ombre qui les
couronne
M’enchaînent tout le jour sur les bords des
ruisseaux ;
Comme un enfant bercé par un chant monotone,
Mon ame s’assoupit au murmure des eaux.
Ah ! c’est là qu’entouré d’un
rempart de verdure,
D’un horizon borné qui suffit à mes yeux,
J’aime à fixer mes pas, et, seul dans la
nature,
A n’entendre que l’onde, à ne voir que les
cieux.
J’ai trop vu, trop senti, trop aimé dans ma
vie,
Je viens chercher vivant le calme du
Léthé ;
Beaux lieux, soyez pour moi ces bords où l’on
oublie :
L’oubli seul désormais est ma félicité.
Mon cœur est en repos, mon ame est en silence !
Le bruit lointain du monde expire en arrivant,
Comme un son éloigné qu’affoiblit la
distance,
A l’oreille incertaine apporté par le vent.
D’ici je vois la vie, à travers un nuage,
S’évanouir pour moi dans l’ombre du
passé ;
L’amour seul est resté : comme une grande
image
Survit seule au réveil dans un songe effacé.
Repose-toi, mon ame, en ce dernier asile,
Ainsi qu’un voyageur, qui, le cœur plein d’espoir,
S’asseoit avant d’entrer aux portes de la
ville,
Et respire un moment l’air embaumé du soir.
Comme lui, de nos pieds secouons la
poussière ;
L’homme par ce chemin ne repasse jamais ;
Comme lui, respirons au bout de la carrière
Ce calme avant-coureur de l’éternelle paix.
Tes jours, sombres et courts comme les jours d’automne,
Déclinent comme l’ombre au penchant des
coteaux ;
L’amitié te trahit, la pitié t’abandonne,
Et, seule, tu descends le sentier des tombeaux.
Mais la nature est là qui t’invite et qui t’aime ;
Plonge-toi dans son sein qu’elle t’ouvre
toujours ;
Quand tout change pour toi, la nature est la
même,
Et le même soleil se lève sur tes jours.
De lumière et d’ombrage elle t’entoure
encore ;
Détache ton amour des faux biens que tu
perds ;
Adore ici l’écho qu’adoroit Pythagore,
Prête avec lui l’oreille aux célestes
concerts.
Suis le jour dans le ciel, suis l’ombre sur la
terre,
Dans les plaines de l’air vole avec l’aquilon,
Avec les doux rayons de l’astre du mystère
Glisse à travers les bois dans l’ombre du
vallon.
Dieu, pour le concevoir, a fait l’intelligence ;
Sous la nature enfin découvre son auteur !
Une voix à l’esprit parle dans son silence,
Qui n’a pas entendu cette voix dans son cœur ?
(Alphonse de Lamartine, Méditations poétiques, 1820, pages 24 à 27)
Demain, dès l’aube, à l’heure où blanchit la
campagne,
Je partirai. Vois-tu, je sais que tu m’attends.
J’irai par la forêt, j’irai par la montagne.
Je ne puis demeurer loin de toi plus longtemps.
Je marcherai les yeux fixés sur mes pensées,
Sans rien voir au dehors, sans entendre aucun
bruit,
Seul, inconnu, le dos courbé, les mains croisées,
Triste, et le jour pour moi sera comme la nuit.
Je ne regarderai ni l’or du soir qui tombe,
Ni les voiles au loin descendant vers Harfleur,
Et, quand j’arriverai, je mettrai sur ta tombe
Un bouquet de houx vert et de bruyère en fleur.
(Les Contemplations, tome II, pp. 49 et 50)
Il peut regarder le présent, le passé et même la vie à venir comme dans le prologue de son livre L’année terrible aux allures apocalyptiques.
Oh ! qu’est-ce donc qui tombe autour de
nous dans l’ombre ?
Que de flocons de neige ! En savez-vous le
nombre ?
Comptez les millions et puis les millions !
Nuit noire ! on voit rentrer au gîte les
lions ;
On dirait que la vie éternelle recule ;
La neige fait, niveau hideux du crépuscule,
On ne sait quel sinistre abaissement des
monts ;
Nous nous sentons mourir si nous nous endormons
Cela couvre les champs, cela couvre les
villes ;
Cela blanchit l’égout masquant ses bouches
viles ;
La lugubre avalanche emplit le ciel terni ;
Sombre épaisseur de glace ! Est-ce que c’est
fini ?
On ne distingue plus son chemin ; tout est
piège.
Soit.
Que restera-t-il de toute cette neige,
Voile froid de la terre au suaire pareil,
Demain, une heure après le lever du
soleil ?
(Victor Hugo, L’année terrible, pages 13 et 14)
Dans son livre Les Misérables, vie et mort sont liées comme dans l’épitaphe écrite au crayon sur la tombe de Jean Valjean, un ancien bagnard réhabilité par son courage et son dévouement.
Il dort. Quoique le sort fût bien étrange,
Il vivait. Il mourut quand il n’eut plus son
ange ;
La chose simplement d’elle-même arriva,
Comme la nuit se fait lorsque le jour s’en va.
(Victor Hugo, Les Misérables, Tome dixième, p. 306)
Bien sûr, Victor Hugo sait rire de la vie par exemple près de ses petits-enfants, baume pour son cœur et surtout la petite dernière, Jeanne qui l’émerveille par ses douces paroles spontanées et sa candeur.
LA CICATRICE
Une croûte assez laide est sur la cicatrice,
Jeanne l’arrache, et saigne, et c’est là son
caprice ;
Elle arrive, montrant son doigt presque en
lambeau.
– J’ai, dit-elle, ôté la peau de mon
bobo. –
Je la gronde, elle pleure, et, la voyant en
larmes,
Je deviens plat. – Faisons la paix, je rends
les armes,
Jeanne, à condition que tu me souriras. –
Alors la douce enfant s’est jetée dans mes
bras,
Et m’a dit, de son air indulgent et
suprême :
– Je ne me ferai plus de mal, puisque je t’aime.
–
Et nous voilà contents, en ce tendre abandon,
Elle de ma clémence et moi de son pardon.
(Victor Hugo, L’art d’être grand-père, pages 121 et 122)
TRISTESSE
J’ai perdu ma force et ma vie,
Et mes amis, et ma gaîté ;
J’ai perdu jusqu’à la fierté
Qui faisait croire à mon génie.
Quand j’ai connu la vérité,
J’ai cru que c’était une amie.
Quand je l’ai comprise et sentie,
J’en étais déjà dégoûté.
Et pourtant elle est éternelle,
Et ceux qui se sont passés d’elle
Ici-bas ont tout ignoré.
Dieu parle, il faut qu’on lui réponde.
Le seul bien qui me reste au monde
Est d’avoir quelquefois pleuré.
(Alfred de Musset, Poésies nouvelles, 1852, page 190)
LA SOURCE
Tout près du lac filtre une source,
Entre deux pierres, dans un coin ;
Allègrement l’eau prend sa course
Comme pour s’en aller bien loin.
Elle murmure : Oh ! quelle joie !
Sous la terre il faisait si noir !
Maintenant ma rive verdoie,
Le ciel se mire à mon miroir.
Les myosotis aux fleurs bleues
Me disent : Ne m’oubliez pas !
Les libellules de leurs queues
M’égratignent dans leurs ébats ;
A ma coupe l’oiseau s’abreuve ;
Qui sait ? – Après quelques détours
Peut-être deviendrai-je un fleuve
Baignant vallons, rochers et tours.
Je broderai de mon écume
Ponts de pierre, quais de granit,
Emportant le steamer qui fume
A l’Océan où tout finit.
Ainsi la jeune source jase,
Formant cent projets d’avenir ;
Comme l’eau qui bout dans un vase,
Son flot ne peut se contenir ;
Mais le berceau touche à la tombe ;
Le géant futur meurt petit ;
Née à peine, la source tombe
Dans le grand lac qui l’engloutit !
(Théophile Gautier, Émaux et Camées, 1872, pages 121 à 123)
Je ne pleure point, je ne veux pas pleurer ;
Notre mère n’a pas besoin de larmes :
Sèche tes yeux toi aussi, il est vain de garder
Ce chagrin sans raison durant des années
Eh quoi ! Même si son front est différent et
froid,
Ses doux yeux sont fermés pour toujours ?
(…)
Et de ce monde de céleste lumière
Ne se penchera-t-elle pas toujours,
Pour nous guider dans la nuit de nos vies
Et veiller sur nous jusqu’à la fin ?
(…)
(The complete poems of Emily Brontë, Hodder and Stoughton, New York and London, 1908, page 79. Traduction Catherine Réault-Crosnier.)
Charles Baudelaire (1821 – 1867) est l’un des poètes français les plus célèbres du XIXe siècle. Il recherche la liberté d’expression et en même temps s’enfonce de plus en plus dans un pessimisme exacerbé. Il se drogue à l’opium et ressent de plus en plus l’angoisse de la Mort. Dans son poème « Élévation », il garde encore confiance en la vie tandis que dans « La cloche fêlée », il laisse déborder son spleen et sa souffrance qui dominent son œuvre.
ÉLÉVATION
Au-dessus des étangs, au-dessus des vallées,
Des montagnes, des bois, des nuages, des mers,
Par-delà le soleil, par-delà les éthers,
Par-delà les confins des sphères étoilées,
Mon esprit, tu te meus avec agilité,
Et, comme un bon nageur qui se pâme dans l’onde,
Tu sillonnes gaîment l’immensité profonde
Avec une indicible et mâle volupté.
Envole-toi bien loin de ces miasmes morbides ;
Va te purifier dans l’air supérieur,
Et bois, comme une pure et divine liqueur,
Le feu clair qui remplit les espaces limpides.
Derrière les ennuis et les sombres chagrins
Qui chargent de leur poids l’existence brumeuse,
Heureux celui qui peut d’une aile vigoureuse
S’élancer vers les champs lumineux et
sereins ;
Celui dont les pensers, comme des alouettes,
Vers les cieux le matin prennent un libre essor,
– Qui plane sur la vie, et comprend sans
effort
Le langage des fleurs et des choses muettes !
(Charles Baudelaire, Les Fleurs du mal, 1857, pages 17 et 18)
LA CLOCHE FÊLÉE
Il est amer et doux, pendant les nuits d’hiver,
D’écouter près du feu qui palpite et qui fume
Les souvenirs lointains lentement s’élever
Au bruit des carillons qui chantent dans la brume.
Bienheureuse la cloche au gosier vigoureux
Qui, malgré sa vieillesse, alerte et bien portante,
Jette fidèlement son cri religieux,
Ainsi qu’un vieux soldat qui veille sous la
tente !
Moi, mon âme est fêlée, et lorsqu’en ses ennuis
Elle veut de ses chants peupler l’air froid des
nuits,
Il arrive souvent que sa voix affaiblie
Semble le râle épais d’un blessé qu’on oublie
Au bord d’un lac de sang, sous un grand tas de
morts,
Et qui meurt, sans bouger, dans d’immenses
efforts.
(Charles Baudelaire, Les Fleurs du mal, 1857, pages 136 et 137)
ÉMIGRANTS
(…)
Ces paysans, honteux de passer vagabonds
Et que soutient à peine un espoir chimérique,
Ce sont des émigrants qui vont en Amérique.
Voilà bien de longs jours déjà qu’ils sont
partis ;
Le père tout chargé de paquets et d’outils ;
La mère avec l’enfant qui pend à la mamelle
Et quelque autre marmot qui traîne la semelle
Et la suit, fatigué, s’accrochant aux
jupons ;
Le fils avec le sac au pain et les jambons,
Et la fille emportant sur son dos la vaisselle.
Heureux ceux qui n’ont pas quelque vieux qui
chancelle
Et qui gronde et qu’on a, s’effarant, après
soi !
Pourquoi donc partent-ils, ces braves gens ?
Pourquoi
S’en vont-ils par l’Europe et vers le Nouveau
Monde,
Étonnés de montrer leur douce pâleur blonde
Et la calme candeur de leurs tristes yeux bleus
Sur les chemins de fer bruyants et
populeux ?
C’est que parfois la vie est inhospitalière.
Longtemps leur pauvreté naïve, pure et fière,
En plein champ, près du pot de grès et du pain
bis,
A lutté, n’arrachant que de maigres épis
A la terre trop vieille et devenue avare.
(…)
(François Coppée, Les Humbles, pages 56 et 57)
AUX MORTS DES ARMÉES DE LA RÉPUBLIQUE
(…)
Héros, qui avez été versés en masse dans la
terre comme du blé,
Froment pur dont l’étroit sillon impassable a
été comblé,
Qui flamboie et qui foudroie depuis les Vosges
jusqu’à la Mer du Nord,
C’est à vous que va ma pensée, vous surtout
dont les pieds des vivants qui êtes les morts !
(…)
(Paul Claudel, Poèmes de guerre, La Pléiade, page 538)
Avant de quitter son pays natal qu’elle aime, Jeanne rend hommage à ses parents, à ceux qu’elle continue d’aimer même si elle s’en va vers un ailleurs qu’elle n’avait pas prévu. Elle suit sa route de vie. Charles Péguy traduit de manière émouvante, l’émotion de Jeanne poussée par une force immense.
(…)
Ô Meuse inaltérable, ô Meuse que j’aimais,
Quand reviendrai-je ici filer encore la
laine ?
Quand verrai-je tes flots qui passent par chez
nous ?
Quand nous reverrons-nous ? et nous
reverrons-nous ?
Meuse que j’aime encore, ô ma Meuse que j’aime.
(…)
Ô maison de mon père où j’ai filé la laine,
Où, les longs soirs d’hiver, assise au coin du
feu,
J’écoutais les chansons de la vieille
Lorraine,
Le temps est arrivé que je vous dise adieu.
Tous les soirs passagère en des maisons
nouvelles,
J’entendrai des chansons que je ne saurai
pas ;
Tous les soirs, au sortir des batailles
nouvelles,
J’irai dans des maisons que je ne saurai pas.
(…)
(Charles Péguy, Jeanne d’Arc, Domrémy, La Pléiade, page 81)
JEUNESSE
Pourtant tu t’en iras un jour de moi, Jeunesse,
Tu t’en iras, tenant l’Amour entre tes bras,
Je souffrirai, je pleurerai, tu t’en iras,
Jusqu’à ce que plus rien de toi ne m’apparaisse.
La bouche pleine d’ombre et les yeux pleins de
cris,
Je te rappellerai d’une clameur si forte
Que, pour ne plus m’entendre appeler de la
sorte,
La Mort entre ses mains prendra mon cœur
meurtri.
Pauvre amour, triste et beau, serait-ce bien
possible
Que vous ayant aimé d’un si profond souci,
On pût encor marcher sur le chemin durci
Où l’ombre de vos pieds ne sera plus
visible ?
Revoir sans vous l’éveil douloureux du
printemps,
Les dimanches de mars, l’orgue de Barbarie,
La foule heureuse, l’air doré, le jour qui
crie,
La musique d’ardeur qu’Yseult dit à Tristan.
(…)
(Anna de Noailles, L’ombre des jours, pages 3 et 4)
Dans son recueil Mélancolie, elle a réuni des poèmes délicats, emplis de spleen et de douleur contenue :
Je me souviens de mon enfance
Et du silence où j’avais froid ;
J’ai tant senti peser sur moi
Le regard de l’indifférence.
O jeunesse, je te revois
Toute petite et repliée,
Assise et recueillant les voix
De ton âme presque oubliée.
(Cécile Sauvage, Le Vallon, Mélancolie, page 139)
LE CLAIR SOURIRE
Partout où ton pas est allé
Et partout où ta main se pose,
Il reste de toi quelque chose
D’indéfinissable et d’ailé.
Aussi j’aime ce que tu touches
Comme si c’était un peu toi ;
(…).
(Supervielle, Œuvres poétiques complètes, La Pléiade, page 19)
Ainsi j’étais au fond de toi
Comme un peu d’eau tremblante
Dans un vase pur.
Ainsi tes yeux voyaient pour moi,
Ainsi tes pieds marchaient pour moi,
Ainsi ta chair souffrait pour moi,
(…).
(Maurice Carême, Mère, page 9)
Avec
Jacques Prévert (1900 – 1977), poète populaire, lance mots, idées et aborde des moments graves de la vie, de manière décalée et en même temps forte d’intensité de pensée.LA CÈNE
Ils sont à table
Ils ne mangent pas
Ils ne sont pas dans leur assiette
Et leur assiette se tient toute droite
Verticalement derrière leur tête.
(Jacques Prévert, Paroles, page 161)
Partageons avec
Catherine Réault-Crosnier son souffle créateur pour offrir son message de vie :ACROSTICHE MATHÉMATIQUE
QUATRE pour partager la vie
MILLE fois aimer pour toujours
CINQ pour ne pas être seul
CENT espoirs pour offrir des
POÈMES à envoyer à tout vent.
ÉCRITS avec le cœur, la main
ET ILLUSTRÉS d’un souffle créateur
D’UN DESSIN jailli de l’intérieur,
À LA PLUME avant qu’elle ne s’envole
ET À l’ENCRE pour laisser trace amie
DE CHINE et de tous les pays.
Laisser vagabonder
La force imaginaire
D’une main déposant
Traces venues d’ailleurs,
Faire jaillir les couleurs
En peinture à la cire,
Technique très ancienne.
Utiliser aussi
Pastel avec collages
D’éléments végétaux
Et aussi aquarelles.
Poussée toujours plus loin
Par le flot créateur,
Avancer vers demain
En offrant le BONHEUR.
En conclusion, dans cette conférence, nous avons côtoyé de nombreux poètes toujours prêts à nous apporter leur message en lien avec la Vie. La diversité de leurs modes d’expression sans cesse renouvelées depuis des siècles, est une preuve de leur créativité. Par exemple, Virgile nous emporte en voyage, Dante partage sa philosophie avec nous. Christine de Pisan témoigne de sa soif de vérité en lien avec sa volonté de vivre de sa plume. Joachim du Bellay veut rester libre de dire ce qu’il pense, Lamartine déploie sa veine amoureuse et romantique, Victor Hugo met à l’honneur les femmes et défend les pauvres. Charles Péguy nous entraîne sur son chemin mystique, Jules Supervielle nous apporte sa vision surréaliste, Jacques Prévert jongle avec l’humour. Tous témoignent de leur force de vie à travers leurs écrits, creusets de leurs recherches et réflexions intenses.
Terminons avec
Michel Caçao, au fil de la vie entre le rêve et l’au-delà.SOLEIL COUCHANT
Revoir ce golfe gris, et parsemé
De mille écueils et récifs,
Quand s’échoit l’océan bleuté,
De vagues rubans fugitifs ;
Humble dentelle d’écume
Passagère frémissante,
Chantez, gouttelettes brunes,
Au sable, vos courbes galantes ;
Dans ce miroir aquatique,
Où transparaît le mystère
Gerbes d’éclats en triptyques,
Chassent à jamais nos chimères ;
Puis la douceur exprimée
Des nuages, en contretemps
Complice à l’éternité,
L’amour au soleil couchant.
Février / mai 2021.
Catherine Réault-Crosnier.
Bibliographie :
– Virgile, L’Énéide, traduite en vers
français par Louis Duchemin, tome premier, Imprimerie de Firmin Didot,
Paris, 1826, VI + 433 pages.
– Œuvres de Dante Alighieri, La Vie nouvelle,
traduction de E.-J. Delécluze, (…), G. Charpentier éditeur, Paris, 1881,
589 pages.
– Rimes de Pétrarque, traduction complète
en vers par Joseph Poulenc, tome premier, Librairie des Bibliophiles, Paris,
1877, IX + 317 pages.
– Œuvres poétiques de Christine de Pisan,
publiées par Maurice Roy, tome premier, Librairie de Firmin Didot et Cie,
Paris, 1886, XXXVIII + 320 pages.
– Joachim de Bellay, Les Regrets, éditions
Robert Laffont, 1958, 251 pages.
– Louise Labé, Œuvres poétiques,
Gallimard, collection Poésie, Paris, 1983, 188 pages.
– Agrippa d’Aubigné, Les Tragiques donnez au
public par le larcin de Promethee, Au Dezert par L.B.D.D., 1616, 30 +
391 + 5 pages.
– Les œuvres de Mre François de
Malherbe, gentilhomme ordinaire de la chambre du Roy, seconde édition,
chez Charles Chappellain, Paris, 1631, 46 + 228 pages.
– Fables de J. P. Florian, chez Lepetit
libraire, l’an 3ème de la République (1794-1795), 226 pages.
– Poésies inédites de Madame
Desbordes-Valmore, publiées par M. Gustave Revilliod, Imprimerie de Jules
Fick, Genève, 1860, 282 pages.
– Alphonse de Lamartine, Méditations
poétiques, Au dépôt de la librairie grecque-latine-allemande, Paris,
1820, II + 116 pages.
– Victor Hugo, Les Contemplations, Michel
Lévy frères libraires-éditeurs, Paris, 1856, Tome I Autrefois
1830–1843 : III + 359 pages, Tome II Aujourd’hui 1845–1855 :
408 pages.
– Victor Hugo, L’Année terrible,
Michel Lévy frères éditeurs, Paris, 1872, III + 331 pages.
– Victor Hugo, Les Misérables, Pagnerre
libraire-éditeur, Paris, 1862, Tome dixième : 311 pages.
– Victor Hugo, L’Art d’être grand-père,
Calmann Lévy éditeur, Paris, 1877, 323 pages.
– Alfred de Musset, Poésies nouvelles,
1836-1852, Charpentier libraire-éditeur, 1852, 298 pages.
– Théophile Gautier, Émaux et Camées,
Charpentier et Cie éditeurs, Paris, 1872, 228 pages.
– Charles Baudelaire, Les Fleurs du mal,
Poulet-Malassis et De Broise libraires-éditeurs, Paris, 1857, 252 pages.
– François Coppée, Les Humbles, Alphonse
Lemerre éditeur, Paris, 1891, 152 pages.
– Paul Claudel, Œuvre poétique,
Bibliothèque NRF de La Pléiade, Gallimard, Paris, 1967, LVII + 1245 pages.
– Charles Péguy, Œuvres poétiques complètes,
Bibliothèque de la Pléiade, NRF, Gallimard, Paris, 2000, XLII + 1610
pages.
– Comtesse Mathieu de Noailles, L’ombre des
jours, Calmann-Lévy éditeurs, Paris, 1902, 182 pages.
– Cécile Sauvage, Le Vallon, Mercure de
France, Paris, 1913, 219 pages.
– Jules Supervielle, Œuvres poétiques
complètes, Bibliothèque de la Pléiade, NRF, Gallimard, Paris, 1996,
LXVII + 1112 pages.
– Maurice Carême, Mère suivi de La
voix du silence, Les éditions Gérard Blanchard et Cie,
Bruxelles, 1996, 95 pages.
– Jacques Prévert, Paroles, collection
Folio, Gallimard, Paris, 1972, 252 pages.
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