12èmes RENCONTRES LITTÉRAIRES
DANS LE JARDIN DES PRÉBENDES, À TOURS

Vendredi 27 août 2010, de 17 h 30 à 19 h

 

André Theuriet, poète de la nature

(1833 – 1907)

Portrait d’André Theuriet par Catherine Réault-Crosnier.

 

Lire la présentation de cette rencontre

 

Bien qu’André Theuriet ne figure pas dans le Larousse, beaucoup de Tourangeaux se rappellent de son poème « La Chanson du vannier » qui était apprise dans les écoles au début du XXème siècle et était alors sur toutes les lèvres : « Brins d’osier, brins d’osier, /Courbez-vous, assouplis sous les doigts du vannier. (…) » (André Theuriet, Le Chemin des Bois, p. 15)

Comme vous le verrez au fil de cette conférence, André Theuriet a aimé la Touraine et l’a chantée en vers et en prose, avec beaucoup d’enthousiasme et même d’émerveillement. Il célèbre la nature à l’état pur et en parle ainsi à un ami : « (…) vous aurez cette Touraine tant désirée. Pressigny (…) est situé dans la vallée de la Claise ; le pays est accidenté, à droite et à gauche des forêts et des étangs. À une lieue et demie la délicieuse vallée de la Creuse chantée par George Sand, puis à 3 lieues, les bains de la Roche Posay (sur la Creuse) et dans un rayon de dix lieues les pittoresques vallées de l’Englin et de la Cartempe, (…), tout un vert frais mystérieux pays, plein de sites enchanteurs et ignorés. » (lettre à Camille Fistié du 10 janvier 1860 publiée dans Le Domaine, n° 142 d’août-septembre 1934)

André Theuriet mérite bien que les Tourangeaux ne l’oublient pas, lui qui a célébré la nature et les gens du pays, avec tant de délicatesse, de minutie, de finesse d’expression. La ville de Tours lui a d’ailleurs rendu hommage puisqu’une rue et un jardin portent son nom. Le jardin Theuriet a été inauguré en 2007 au cœur du Sanitas. (NR du 31 octobre 2007)

Une partie du public lors de le rencontre littéraire consacrée à André Theuriet, le 27 août 2010, dans le jardin des Prébendes à Tours.

Une partie du public.

 

Sa biographie

André Theuriet est né à Marly-le-Roi, en 1833, d’un père Bourguignon et d’une mère Lorraine (André Theuriet, Souvenirs des vertes saisons, p. 4), il passe son enfance à Bar-le-Duc. Bachelier, il fait des études de droit à Paris sans délaisser la poésie (id., p. 59). Certains de ses poèmes sont publiés dans La Revue de Paris (id., p. 106). Il aurait souhaité devenir écrivain mais ses parents s’y opposent. Il devient alors « receveur des domaines à Auberive, un village perdu au fond des forêts de la Haute-Marne » (id., p. 113). Ses poèmes sont également publiés dans la Revue des Deux Mondes à partir de 1857 (id., p. 127). En 1859, il est « nommé rédacteur à la Direction des Domaines de Tours » (id., p. 142).

Il découvre avec ravissement notre ville : « (…) je fus ébaudi par l’aspect gai et brillant de la rue Royale, qui coupe la ville en deux et allonge en ligne droite, depuis les arbres verdoyants du Mail jusqu’au grand pont de quinze arches jeté sur la Loire, sa double rangée de maisons à mine cossue et de luxueux magasins s’étalant au rez-de-chaussée. La foule endimanchée encombrait les trottoirs, des femmes aux toilettes élégantes s’accoudaient aux fenêtres, quelques voitures de masques circulaient sur la chaussée, et tout cela était doré d’un soleil déjà printanier. (…) Le soleil se couchait en pleine Loire, derrière les arches d’un viaduc. Le large fleuve, avec ses îles boisées, reflétait les couleurs orangées des nuages, et sur la droite, le coteau de Saint-Cyr, couvert de parcs et de maisons de campagnes se découpait en brun sur le ciel d’un bleu turquoise. » (id., p. 143)

Pour diminuer ses frais, il loge dans une chambre étroite et basse « sur un des quais de la Loire, en face de Saint-Cyr, chez un peintre d’enseignes » (id., p. 145), ce qui lui permet de manger « à l’hôtel du Faisan, l’un des meilleurs de la ville » (id., p. 145).

Très rapidement, il déménage au 5, rue de la Grandière : « Cette fois, j’avais eu la main heureuse : j’avais déniché, tout près du Mail, un petit appartement, garni de vieux meubles, dont les fenêtres orientées au levant donnaient sur la rue et sur les pelouses anglaises, les massifs de marronniers et les magnolias d’un jardin. La rue était fort calme ; (…) » (id., p. 150)

Il visite la région, en particulier le Sud de la Touraine où son ami Camille Fistié est nommé au Grand Pressigny : « De fait, ce coin de la Touraine encore assez distant des chemins de fer, avait gardé une intimité charmante, une sauvagerie originale. Deux rivières : l’Égronne et la Claise enserraient le fond de la vallée dans leurs souples bras d’argent (…). » (id., p. 169)

Après quatre années passées à Tours, il est nommé à Bar-le-Duc (id., p. 185) puis à Amiens, enfin au ministère à Paris en janvier 1865. En 1867, il publie un recueil de poèmes Le Chemin des Bois qui sera couronné (en 1868) par l’Académie française (id., p. 259).

Pendant la guerre de 1870, il s’enrôle dans un des bataillons de la garde nationale (id., p. 287) et participe aux combats dans le secteur du mont Valérien en janvier 1871 (id., pp. 315 à 323).

En 1879, il est nommé chevalier de la Légion d’honneur. Au niveau de son emploi, devenu chef de bureau, André Theuriet obtient sa mise à la retraite à la fin de l’année 1886, à l’âge de cinquante-trois ans, après trente années de service (Emmanuel Besson, revue Le Domaine n°98/99, page 56). En 1880, il reçoit le prix Vitet de l’Académie française(1) où il sera élu le 10 décembre 1896 au fauteuil d’Alexandre Dumas fils et reçu le 9 décembre 1897 par Paul Bourget.

En 1893, il achète une maison à Bourg-la-Reine qu’il baptise Bois Fleuri, nom d’un de ses romans. Élu au conseil municipal de la ville en 1894, il devient maire la même année. Il démissionnera de cette fonction en 1900. Il décède le 23 avril 1907 à l’âge de soixante-treize ans.

Après sa mort, sa notoriété s’est amoindrie mais il reste dans le cœur de nombreux lecteurs, ceux qui sont proches de la poésie et de la nature.

 

Les regards d’écrivains sur lui

Antoine Albalat dit qu’il était « l’ami de tous les écrivains illustres de son temps, Gauthier, Banville, Leconte de Lisle, Feuillet, Anatole France, Coppée, Verlaine. » (Antoine Albalat, Souvenirs de la vie littéraire, p. 101)

Théophile Gautier le décrit ainsi : « C’est un talent fin, discret, un peu timide que celui de Theuriet ; il a la fraîcheur, l’ombre et le silence des bois, et les figures qui animent ses paysages glissent sans faire de bruit comme sur des tapis de mousse, mais elles vous laissent leur souvenir et elles vous apparaissent sur un fond de verdure, dorées par un oblique rayon de soleil. » (Théophile Gauthier, Histoire du Romantisme, p. 378)

Jules Lemaitre de l’Académie française fait ses éloges : « Son œuvre entière m’apparaît comme un vaste morceau de campagne, avec des rivières entre des pentes boisées, (…) et je me dis : « Qu’il y fait bon ! » » Il le considère même supérieur à George Sand. (Jules Lemaître, Les contemporains, Cinquième série, pp. 18 et 19)

Paul Verlaine fait son portrait en promenade : « (…) correct, de noir vêtu, ganté, en haut de forme, dans la société de dames, (…) La tête un peu faunesque mais affable de notre ami, sa tenue « habillée », l’extrême respectabilité de sa compagnie, (…) ». (Paul Verlaine, Œuvres complètes, Tome cinquième, p. 475)

Certains écrivains ont eu des regards caustiques sur lui mais cela me paraît plus de la jalousie. Par exemple, Bernard Lazare (critique littéraire contemporain de Theuriet, journaliste politique) n’est pas tendre : « De forestier il est devenu confiseur et, des baies un peu âpres qu’il avait cueillies dans les buissons et sur les haies, il s’est empressé de faire des confitures pour la Revue des Deux Mondes. Cet avatar n’a pas été heureux et M. Theuriet n’y a rien gagné, du moins en considération littéraire. » (Bernard Lazare, Figures contemporaines, pp. 111 et 112) Une fois nommé à l’Académie française, son talent fut unanimement reconnu.

 

Son œuvre

André Theuriet fait partie de la dernière génération du Parnasse (voulant faire de l’art pour l’art sans céder au romantisme). C’est un écrivain de la nature, des terroirs, des forêts, des petites villes bourgeoises. Son style se caractérise par sa limpidité : « Limpide et clair comme les eaux de ces beaux lacs savoisiens dans lesquels se baignent les étoiles, le style d’André Theuriet reflète la physionomie entière de l’écrivain. » (Ernest Jungle, Profils parisiens, Première série, p. 107)

Il a écrit des poèmes, des contes, quatre pièces de théâtre (dont une à partir d’un de ses romans, La Maison des deux barbeaux) et une soixantaine de romans.

 

Ses romans

Il raconte sa jeunesse dans Années de Printemps et Souvenirs de vertes saisons. Plusieurs actions se passent en Touraine, Boisfleury, L’Amoureux de la Préfète, Eusèbe Lombard, Le Fils Maugard, Souvenirs des vertes saisons.

La plupart du temps, ses romans nous parlent d’une intrigue amoureuse, de grands sentiments tout en décrivant la vie habituelle des gens dans les villes et villages de province. Le lyrisme typique de la période parnassienne leur donne un charme simple, en communion avec la nature. Généralement ses romans se terminent d’une manière nostalgique qui peut paraître cruelle ou qui nous interroge mais cette fin reflète bien la complexité de la vie.

Paul Verlaine nous confie : « Theuriet a su d’emblée et délicieusement, facilement, non sans originalité après l’incomparable George Sand, ni sans audace en face du Naturalisme, (…) Theuriet sut aborder le roman « idéaliste », (…) cette forme dernière de la grâce discrète et du bon goût proprement dit dans notre littérature d’imagination. » (Paul Verlaine, Œuvres complètes, Tome cinquième, p.  472, 473)

Dans L’Amoureux de la Préfète, Séverin, employé de préfecture, est amoureux de la préfète tandis que Fortunio, est clerc de notaire. La naïveté et le dévouement de l’employé suffiront-ils à le faire remarquer de la préfète ? Quand elle s’intéresse à lui, il est fou de joie mais pour elle, il n’est qu’un jouet qui peut être utile et que l’on oublie quand il ne peut plus servir.

Dans Le fils Maugard, la jeune fille aimée élevée en Touraine, au Pressigny, par des parents nourriciers, vécut ensuite avec son père. À sa mort, elle trouve refuge en Touraine pour une vie paysanne. Son amour avec le fils Maugard est presque impossible à cause des rivalités des deux familles et de la déchéance morale du père Maugard, mais l’amour sait garder espoir envers et contre tous.

Boisfleury est un roman caractéristique de son style et de son époque. La trame est assez habituelle, les amours naissant entre un homme d’âge mûr (quarante ans) et une jeune fille, les « qu’en dira-t-on » de province, les quiproquos et les aléas de la vie qui peuvent séparer deux cœurs qui s’aiment.

 Eusèbe Lombard se déroule en partie en Touraine : un receveur des domaines est si naïf qu’il se laisse piéger par la vie : une femme de parents pauvres le courtise puis le compromet pour se faire épouser, une autre séparée de son mari, l’aime mais ne doit plus le voir pour éviter les commérages ; quand il prend à sa charge l’enfant naturel de son neveu, les gens disent que c’est lui, le père. Partout il doit fuir et il finira par mourir à la guerre.

Dans ses romans, la nature a une grande place et la vie des gens de son époque est si bien décrite que la trame n’est jamais lassante, même si la fin est souvent triste.

 

Sa poésie

André Theuriet est avant tout poète. Il a écrit des poèmes toute sa vie et a publié plusieurs livres de poésie dont Le Chemin des Bois (1867), Le Bleu et le Noir (1873), Livre de la Payse (1882), Jardin d’automne (1894).

Ses contemporains ont pris position sur ces écrits poétiques. Jules Lemaitre de l’Académie française l’apprécie et conclut : « (…) M. Theuriet, qui est en effet, ne vous y trompez pas, un poète virgilien. » (Jules Lemaître, Les contemporains, Cinquième série, p. 20)

M. Paul Bourget de l’Académie française qui a répondu à son discours de réception, précise les points importants de ses écrits poétiques : « cette qualité de sentiment », « ce son ravissant de délicatesse et de rêverie. » (Paul Bourget, Réponse au discours de réception d’André Theuriet à l’Académie française, p. 4), « le mariage de cette observation un peu terre à terre et de l’exquise imagination qui vous a dicté vos vers de nature » (id., p. 5). Il dit que ses œuvres : « ressemblent à ces tableaux hollandais, qui représentent des intérieurs bourgeois avec des fenêtres ouvertes sur une perspective de campagne. » (id., p. 5)

André Theuriet sait décrire les paysages avec charme. Tout est paisible, même dans la mort. Il sait mêler l’intimité présente aux souvenirs du passé.

Pour la forme, André Theuriet ne choisit pas le sonnet. Il préfère les poèmes longs de deux à trois pages, par exemple en octosyllabes, comme dans « Fleurs d’automne » (André Theuriet, Le Chemin des Bois, p. 54). Parfois il se laisse tenter par des alexandrins comme dans « Véretz » mais dès le premier vers, nous sommes surpris car il termine une phrase à la huitième syllabe pour en commencer une autre avec juste le sujet et le reste au vers suivant, ce qui fait ressortir le mot « fontaine » :

J’entendis un son clair et frais. Une fontaine
Jaillissait d’un tonneau dans la pierre sculpté ;
Limpide, brusque et prompt, le filet argenté
Bouillonnait en tombant dans la margelle pleine.

Au-dessus, des tilleuls se penchaient, ombrageant
L’onde où se reflétait leur image indécise,
Et jusqu’au porche bas et cintré de l’église
La fraîcheur et l’ombrage allaient se prolongeant.
(…)

André Theuriet, Le Chemin des Bois, p. 45

André Theuriet se permet souvent des fantaisies. Il peut aussi ne pas alterner des rimes féminines et masculines ou les alterner que de temps en temps dans le même poème comme dans « Véretz ». Il ne cherche pas le classicisme rigoureux même s’il compte ses pieds et alterne des rimes qui ne sont pas toujours riches. L’émotion, le message, la beauté et la musicalité des vers lui paraissent plus importants.

La poésie d’André Theuriet peut paraître simple dans le sens où elle n’est pas sophistiquée mais elle est représentative des petites gens, des descriptions minutieuses telles des tableaux anglais comme ceux de Turner ou de Constable. Elle n’est jamais lassante car animée de vie, d’un rythme propre.

Plutôt que de raconter ses romans en détail ou de choisir seulement de détailler certains poèmes, j’ai préféré vous montrer les facettes les plus caractéristiques de cet écrivain, à travers sa prose et sa poésie. On trouve les mêmes centres d’intérêt : la vie des gens de la campagne et des petites villes, les portraits, les femmes, les habits, les fêtes, les jeux, l’art de la description et l’hymne à la beauté, une nature humanisée, les arbres, les oiseaux, l’aspect sandien, la simplicité et l’émotion, l’attrait de la Touraine, de la vie partout, le temps qui passe et les souvenirs, la mort, la facilité d’écriture, le réalisme même dans le rêve.

 

La vie des gens de la campagne et des petites villes

Il aime décrire avec précision et amour, la vie des gens, les mœurs de son époque et il le fait savoureusement, racontant les mariages, les fêtes, les réunions, le travail, la guerre avec les Prussiens, les enterrements ; ces personnages sont animés de vie. Il les fait parler, bouger, danser. Il les décrit si bien dans leurs habits, avec leurs habitudes de tous les jours, qu’on ne se lasse pas de l’entendre. C’est la vie dans toute sa simplicité, son authenticité.

Les sabotiers sont pris sur le vif dans leur travail ; on croirait les voir revivre : « Le sabotier chante comme un loriot, en fouillant le bois tendre, d’où sortent de blancs copeaux, fins et lustrés comme des rubans, et l’ouvrage se façonne au milieu des rires et des refrains rustiques. » (André Theuriet, Sous Bois, p. 62) André Theuriet nous montre tous les types de sabots qui existent, les plus grands pour les pieds robustes du travailleur, les moyens, pour les chaussures de femmes et le sabot plus léger pour la jeune fille. Pour ce dernier, « on l’entend partout battre le sol avec un bruit allègre, sonore et rapide comme la jeunesse : sur les dalles du lavoir, autour du bassin de la fontaine, et la nuit dans le sentier pierreux qui mène au veilloir… » (id., p. 63).

Dans Eusèbe Lombard, la description des vendanges est pittoresque et animée : « Un gars (…), le dos tordu, renverse sa hottée de raisins dans une balonge, comme un Fleuve qui épanche son urne. À travers la ramure d’un chêne, le soleil crible de paillettes de lumière sa figure hâlée, ses cheveux noirs et ses robustes épaules. » (André Theuriet, Eusèbe Lombard, p. 100)

Certains poèmes sont déjà évocateurs rien que par leur titre, comme « Les Chercheuses de muguet », (André Theuriet, Le Chemin des Bois, p. 9), « Chant de noces dans les bois » (id., p. 22), « La Plainte du bucheron » (id., p. 31), « Le Charbonnier » (id., p. 37).

Tous les métiers l’intéressent comme « La Brodeuse » (id., p. 84) ou « Le Tisserand » (id., p. 79). Sa pitié et son humanité s’expriment souvent :

(…)
Là, dans un angle obscur, un compagnon de peine,
Un maigre tisserand, pauvre araignée humaine,
Façonne aussi sa toile et lutte sans merci.
Le lourd métier, par l’âge et la fraîcheur noirci,
Tressaille et se débat sous la main qui le presse ;
Sans cesse l’on entend sa clameur, et sans cesse
La navette de bois que lance l’autre main
Entre les fils tendus fait le même chemin.
(…)

André Theuriet, Le Chemin des Bois, p. 80

Dans « La Chanson du vannier », André Theuriet décrit avec émotion, minutie et de manière vivante, le travail de l’osier :

La Chanson du vannier

Brins d’osier, brins d’osier,

Courbez-vous, assouplis sous les doigts du vannier.

Brins d’osier, vous serez le lit frêle où la mère
Berce un petit enfant au son d’un vieux couplet :
L’enfant, la lèvre encor toute blanche de lait,
S’endort en souriant dans sa couche légère.

Brins d’osier, brins d’osier,

Courbez-vous, assouplis sous les doigts du vannier.

Vous serez le panier plein de fraises vermeilles
Que les filles s’en vont cueillir dans les taillis.
Elles rentrent le soir, rieuses, au logis,
Et l’odeur des fruits mûrs s’exhale des corbeilles.

Brins d’osier, brins d’osier,

Courbez-vous, assouplis sous les doigts du vannier.

Vous serez le grand van où la fermière alerte
Fait bondir le froment qu’ont battu les fléaux,
Tandis qu’à ses côtés des bandes de moineaux
Se disputent les grains dont la terre est couverte.

Brins d’osier, brins d’osier,

Courbez-vous, assouplis sous les doigts du vannier.

Lorsque s’empourpreront les vignes à l’automne,
Lorsque les vendangeurs descendront des coteaux,
Brins d’osier, vous lierez les cercles des tonneaux
Où le vin doux rougit les douves et bouillonne.

Brins d’osier, brins d’osier,

Courbez-vous, assouplis sous les doigts du vannier.

Brins d’osier, vous serez la cage où l’oiseau chante,
Et la nasse perfide au milieu des roseaux,
Où la truite, qui monte et file entre deux eaux,
S’enfonce, et tout à coup se débat frémissante.

Brins d’osier, brins d’osier,

Courbez-vous, assouplis sous les doigts du vannier.

Et vous serez aussi, brins d’osier, l’humble claie
Où, quand le vieux vannier tombe et meurt, on l’étend,
Tout prêt pour le cercueil. – Son convoi se répand,
Le soir, dans les sentiers où verdit l’oseraie.

Brins d’osier, brins d’osier,

Courbez-vous, assouplis sous les doigts du vannier.

André Theuriet, Le Chemin des Bois, pp. 15 à 17

 

Les portraits

André Theuriet est un fin narrateur ; à partir de ses descriptions, on pourrait dessiner les visages, les attitudes… : « Grande, solidement charpentée, avec de gros os, un long nez fortement aquilin et des allures viriles, elle avait une voix très juste, très musicale, et de magnifiques yeux bleus ombrés d’épais sourcils. (…) Je la vois toujours, coiffée du bonnet lorrain tuyauté et d’un tour de faux cheveux, se promenant au long des framboisiers, un sécateur à la main, (…) » (André Theuriet, Souvenirs des vertes saisons, pp. 13 et 14).

Voici un homme de la campagne que l’écrivain sait nous rendre sympathique dans sa vie quotidienne : « Cette flambée de lumière éclaire en plein le visage hâlé de Désiré sous le feutre gris recroquevillé que le laboureur a rejeté sur sa nuque. Elle empourpre ses joues fraîches et sa moustache blonde ; elle illumine ses yeux tranquilles et méditatifs. » (André Theuriet, Madame Heurteloup dans Pages choisies, p. 96).

Dans le poème « La ferme », André Theuriet réunit l’amour de la nature à la description des petites gens. La vision du grand-père contraste avec l’enfant dans son berceau nommé avec justesse, « nid d’osier » :

(…)
Humble est la ferme ; humbles les hôtes ;
Le vieux grand-père d’abord,
Aux épaules larges et hautes,
Aux bras solides encor ;
Puis, mariés de l’autre année,
La fermière et le fermier ;
Puis le roi de la maisonnée,
L’enfant dans son nid d’osier.
(…)

André Theuriet, Le Chemin des Bois, p. 34

La dure vie contraste avec d’autres esquisses comme celle de ce « beau brin d’abbé, brun, bien découplé, au menton rasé de frais et bleuâtre, aux façons précieuses et apprêtées ; ses gros yeux noirs semblent pleins d’admiration pour sa propre personne, et ses lèvres rouges ont l’air de se murmurer à elles-mêmes des compliments. » (André Theuriet, Sous Bois, pp. 235 et 236).

 

Les femmes

Elles font partie de toutes les intrigues amoureuses : il y a la jeune femme qui découvre son premier amour et l’idéalise (Boisfleury), la femme arrivée pour qui l’admirateur est un pion (L’Amoureux de la Préfète), les femmes mariées qui vivent dans la routine ou liées aux enfants (L’oncle Scipion). La femme a toujours une place dans les romans d’André Theuriet et on sent qu’il apprécie la femme à tous les âges de la vie : « Tandis qu’elle se dessèche sur sa tige, les printemps passent et ne lui apportent rien que des désirs toujours plus ardents et toujours trompés. À chaque renouveau, elle se demande : « Sera-ce pour cette fois ? » L’été s’envole, puis l’automne, et les épouseurs ne se montrent pas. » (André Theuriet, Eusèbe Lombard, p. 68)

Les femmes vivent en symbiose avec la nature : « Elles atteignent la vieillesse comme ces arbres, riches de sève sous leur rude écorce, qui donnent après de longues années leurs fruits les plus savoureux et les plus parfumés. La fille de notre hôtesse était un de ces arbres généreux, et on le sentait bien. L’âge et la résignation pieuse avaient adouci ce que le tempérament avait eu de trop âpre dans sa verte saison. » (André Theuriet, Sous Bois, p. 117).

Dans ses poèmes, les femmes sont bien décrites. Il y a les amoureuses qui attendent et sont angoissées :

(…)
Dis, toi qui sais l’amour… M’a-t-il abandonné ?
Fuit-il, et ma jeunesse
Est-elle un seuil sans hôte, un logis ruiné
Qui croule et qu’on délaisse ?...

André Theuriet, Le Chemin des Bois, p. 21

André Theuriet pense aussi à celles dont l’amoureux meurt tragiquement comme dans « La Veillée » :

(…)
Le chien pousse un long hurlement ;
Le père s’avance et regarde…
Parmi les genêts teintés de sang
Expire le blond fils du garde.

Id., p. 30

Celles qui n’ont pas été aimées, sont respectées du poète comme « Une vieille fille » :

(…)
Les printemps sont passés, vides et lourds d’ennui ;
Son œil bleu s’est voilé d’une langueur mortelle ;
Elle dit maintenant : – La fin, quand viendra-t-elle ?...

Id., p. 65

Il peut aussi bien s’émouvoir des vieilles ratatinées au coin du feu et qui semblent attendre la mort, que des filles à marier, des femmes au travail ou des simples ouvrières comme « La Brodeuse » :

(…)
Elle n’a pas trente ans encor ; mais la jeunesse
Que ne dorent l’amour ni la maternité,
Demeure sans parfum, sans duvet velouté,
Comme un fruit que jamais le soleil ne caresse.
(…)

Id., p. 84

André Theuriet aime les femmes simples en leur maternité, par exemple la femme du charbonnier qui donne lait et douceur à son enfant :

(…)
La femme allaite son nourrisson
Dans la hutte de mousse,
Et lui murmure une chanson
Mélancolique et douce ;
(…)

Id., p. 37

Oui, les femmes sont des êtres qu’il respecte et décrit avec tact et émotion.

 

Les habits

Au fil des histoires et des poèmes, nous découvrons les habitudes vestimentaires dans des descriptions toute en finesse et harmonie comme dans un extrait du poème « Véretz » :

(…)
Vêtus de droguet gris, coiffés de feutre noir,
Des vieillards faisant cercle autour de la fontaine
Devisaient longuement de la moisson prochaine,
Tandis que l’eau chantait au creux du réservoir.
(…)

Id., p. 45

Dans Eusèbe Lombard, « Un gars au pantalon de coutil est debout sur l’échelle » (André Theuriet, Eusèbe Lombard, p. 100) ; plus loin, « Eusèbe (…) tire d’un vieux portefeuille en basane un billet de cent francs, coiffe son feutre et se dirige (…) vers le bureau de poste. » (id., p. 119) Il faut savoir que le coutil est un tissu serré, la basane, une peau de mouton tannée.

 

Les fêtes, les jeux

André Theuriet a aussi beaucoup de plaisir à nous décrire les jeux de l’époque si bien mis en valeur sous sa plume : « De loin en loin seulement, en hiver, quelque voisin venait jouer au piquet ou à la brisque. Alors, on tirait de l’armoire une bouteille de fignolette, liqueur fabriquée avec du vin doux et des épices, et l’on mangeait des marrons rôtis sous la cendre. » (André Theuriet, L’Amoureux de la Préfète, p. 9)

Nous apprenons les goûts culinaires de cette époque comme lors d’un souper de fête : « Un perdreau rôti à point et bourré de truffes bourguignonnes exhalait un fumet affriolant, et sur la nappe blanche un buisson d’écrevisses de l’Aujon jetait sa note cramoisie. » (André Theuriet, Sous Bois, p. 122).

Dans Eusèbe Lombard, André Theuriet décrit « la fête patronale de Saint-Thiébaut ; depuis deux jours, sur la place de la Mairie, des baraques de saltimbanques et des échoppes de marchands ambulants se pressent autour d’une large tente de toile, où filles et garçons dansent toute l’après-midi aux sons d’un orchestre campagnard. » (André Theuriet, Eusèbe Lombard, p. 124) Dans ce même roman, l’auteur nous parle des « jeux innocents » : « C’est l’un des amusements favoris de la bourgeoisie campagnarde ; les hommes ne dédaignent pas s’y mêler ; cela leur permet de prendre des privautés qui contrastent agréablement avec les habitudes de pruderie et de réserve de la société des petites villes. Le rachat des gages touchés amène de douces pénitences, qui, sous le nom du pont d’amour, des berceaux, du puits, etc. se terminent souvent par des baisers. » (André Theuriet, Eusèbe Lombard, p. 127)

Les fêtes sont l’occasion de se retrouver, de s’amuser ; elles donnent aux descriptions de la vie, de la gaieté comme dans le poème « L’assemblée » :

Vielles et cornemuse en chœur
Retentissent dans la vallée.
Le vent porte sur la hauteur
Les joyeux bruits de l’
assemblée.
On ne voit par les sentiers verts
Que fillettes aux coiffes blanches
Et garçons rayonnants et fiers
Dans leurs habits des dimanches.

On danse à l’abri des tilleuls,
En face de la vieille église :
– En avant, les cavaliers seuls ! –
Crie un vielleur à barbe grise ;
Et, tandis que sur les tréteaux
L’orchestre s’essouffle et s’enroue,
La contredanse sans repos
Se dénoue et se renoue.
(…)

André Theuriet, Le Chemin des Bois, pp. 66 et 67

 

L’art de la description et l’hymne à la beauté

Oui, André Theuriet ne nous lasse jamais. Ses descriptions font ressurgir en nous, des sensations enfouies de notre passé : « (…) j’entendis tout à coup le bruit sourd des châtaignes sur la mousse, et je m’agenouillai dans la bruyère humide pour ramasser avec un attendrissement fraternel ces fruits à l’écorce vernissée qui réveillaient en moi les sensations de ma petite enfance. » (André Theuriet, Souvenirs des vertes saisons, p. 5)

Nous savourons ces instantanés de la vie qui font vibrer en nous des sensations, grâce à l’art d’assembler les mots et de les rendre « humains » : « (…) une jatte de fraises en pyramide portée par une femme dans une rue de Paris ; la furtive silhouette des arbres de la route qui semblaient fuir de chaque côté de la voiture ; » (id., p. 6).

La délicatesse n’est pas un vain mot pour lui, comme quand il décrit les simples fleurs des champs : « Au long des branches, les fleurs d’un jaune pâle s’ouvrent par milliers, et dans chaque fleur chante une abeille. » (André Theuriet, Sous Bois, p. 51)

 

Une nature humanisée

Avec André Theuriet, la nature bat au rythme de nos pulsations et ressent comme nous. Quand André Theuriet parle de murmures, d’embrassade fraternelle, il nous semble qu’il rencontre un ami : « Cette humidité parfumée des bois au crépuscule, les murmures de l’eau dans le creux des gorges, les grappes noires et appétissantes des mûres sauvages rampant jusque sur le chemin, tout cela montait au cerveau et me grisait. J’étais tenté (…) d’étreindre un de ses arbres de bordure dans une embrassade fraternelle, (…) » (André Theuriet, Sous Bois, p. 6).

La nature est décrite dans tous ses états en particulier en crue, avec les pluies torrentielles saisonnières qui correspondent à l’état d’âme du jeune homme dans Boisfleury, et favorise une vision pessimiste : « Cette solitude, ce ciel couleur de suie, ce paysage inondé étaient du reste en harmonie avec son état d’esprit. Il éprouvait une morne satisfaction à constater la conformité de cette nature maussade avec le deuil de ses pensées. » (André Theuriet, Boisfleury, p. 98)

Dans son poème « Prélude », les oiseaux vibrent à l’unisson de la nature pour consoler les cœurs malheureux : « Hôtes des bois et de la plaine, / Vous qui chantez à perdre haleine (…). » (André Theuriet, Pages choisies, p. 263).

Ailleurs, la nature peut apporter du soleil au cœur comme celle de Touraine : « (…) à chaque soleillée tout le paysage resplendissait : un ruissellement de lumière baignait la richesse des prés mûris, la verdure frissonnante des arbres, la majestueuse coulée du fleuve. » (André Theuriet, Souvenirs des Vertes Saisons, p. 153)

 

Les arbres

Ils ont une place privilégiée dans l’œuvre d’André Theuriet. Son grand-père forestier (André Theuriet, Souvenirs des vertes saisons, p. 9) l’emmenait en promenade et lui décrivait les espèces d’arbres comme des êtres à respecter ; il lui a certainement transmis l’amour des arbres et de leur respiration. Avec des mots comme « cousin », « hôte », il en fait le portrait comme s’ils faisaient partie de sa famille : « Il y a le charme (…) ce cousin germain du hêtre ; ceux qui n’ont pas vu une futaie de charmes ne peuvent se faire une idée de l’élégance de cet arbre aux fûts minces et noueux, aux brins flexibles, au feuillage ombreux et léger. Et le bouleau ! que n’aurait-on à dire sur la grâce de cet hôte des clairières sablonneuses, avec son écorce de satin blanc, ses fines branches souples et pendantes où les feuilles frissonnent au moindre vent ? En avril, toutes les veines du bouleau sont gonflées d’une sève rafraichissante ; nos paysans enfoncent un chalumeau à la base du tronc et y recueillent un breuvage limpide et aromatique. (…) Le chêne est la force de la forêt, le bouleau en est la grâce ; le sapin, la musique berceuse ; le tilleul, lui, en est la poésie intime. » (André Theuriet, Sous Bois, pp. 49, 50 et 51)

Personnellement je ne connais personne qui ait aussi bien décrit la diversité de la vie des arbres. C’est un véritable hymne à la forêt !

 

Les oiseaux

Les oiseaux vivent en union avec les arbres ; ils ont d’ailleurs une place de choix dans la poésie d’André Theuriet. Il a su les observer minutieusement pour trouver les mots justes et nous transmettre son amour des oiseaux, comme par exemple dans « Le Rossignol » (Le Chemin des Bois, p. 18), « Le Coucou » (id., p. 24), « L’Alouette » (id., p. 12). Les oiseaux servent des messagers pour nous faire apprécier la beauté de la nature :

Dans la grande forêt de pourpre et d’or vêtue,
La chanson des oiseaux en septembre s’est tue.
Une musique ailée y vibre encor pourtant.
(…)

André Theuriet, Pages choisies, p. 255

 

L’aspect sandien

André Theuriet a des aspects sandiens de part son côté champêtre proche des gens de la campagne et de part l’émotion qui se dégage de ses descriptions.

Ce n’est pas un hasard si Maurice Guillemot a dit de lui : « Il s’apparente à la George Sand de la Mare au Diable et de François-le-Champi, et il a apporté dans ce salon qu’est l’Académie une gentille note discrète de bouquets de fleurs des champs. » (Maurice Guillemot, Villégiatures d’artistes, p. 70)

Oui, par ses descriptions, André Theuriet est en symbiose avec la nature comme George Sand : « (…) je me grisais de verdure. Je communiais avec la terre, et lentement la nature forestière se révélait à moi. » (André Theuriet, Souvenirs des vertes saisons, p. 10).

Le cadre de ses poèmes peut être imprégné d’une atmosphère brumeuse à la manière de George Sand, comme dans « Fleurs d’automne » :

Au seuil d’une pauvre demeure,
Par les premiers brouillards trempés,
Floraison de la dernière heure,
Les chrysanthèmes sont groupés.
(…)

La nuit vient, une vitre brille,
Et sur ce cadre radieux
Un fin profil de jeune fille
Se dessine, mystérieux ;
(…)

André Theuriet, Le Chemin des Bois, pp. 54 et 56

 

La simplicité et l’émotion

André Theuriet aime la vie simple des gens de la campagne, de la nature ; par exemple lorsqu’il parle des sabotiers : « Ainsi, toute l’année, la forêt reverdie ou jaunissante, semée de fleurs ou jonchée de feuilles sèches, entendra dans un de ses coins l’atelier bourdonner comme une ruche, et les sabotiers façonner gaîment par douzaines cette primitive chaussure, – simple, salubre et naïve, comme la vie forestière elle-même. » (André Theuriet, Sous Bois, p. 65).

André Theuriet est le poète de la délicatesse. Il respecte les gens dont il parle et tous ont de la valeur à ses yeux, et peut-être encore plus les pauvres car il veut leur donner la parole à travers ses poèmes, par exemple dans « Azay » :

(…)
Tout près, une maison se dresse, morne et grise ;
À la vitre où monte un jasmin,
Une enfant aux yeux bruns, triste et pâle, est assise ;
Elle suit dans leur vol les oiseaux de l’église,
Et rêve le front dans la main. –
(…)

André Theuriet, Le Chemin des Bois, p. 70)

Dans « Le Tisserand », la simplicité est liée à l’émotion devant la dureté du labeur qui est mise en valeur par le dépouillement total de la scène :

(…)
Il relève la tête, il sent dans chaque fibre
De ses muscles lassés la vigueur revenir.
Courage ! le pain manque et le jour va finir ;
Courage !... Et vous, leviers, sous le pied qui vous guide
Montez et descendez. Toi, navette rapide,
Fais ton devoir. – Les fils se croisent mille fois,
L’étoffe s’épaissit sur le rouleau de bois,
Et longtemps dans la nuit calme on entend encore
Du métier haletant le bruit sec et sonore.

Id., p. 83

Même quand il n’y a plus d’espoir, André Theuriet sait trouver les mots de la pureté de l’émotion comme dans « La Brodeuse » :

(…)
Là-bas, où le gazon sur les tombes récentes
Se gonfle, son corps las ira se reposer,
Et les fils de la Vierge accourront s’enlacer
Sur sa fosse, parmi les herbes jaunissantes.

Id., p. 86

 

L’attrait de la Touraine

Il est normal qu’André Theuriet ait décrit la Touraine puisqu’il a habité à Tours, rue de la Grandière. Il en parle avec passion dans ses romans Souvenirs des Vertes saisons ou Le journal de Tristan : « M’y voici donc (…) dans le « Jardin de la France » dont parle Le Tasse ! Depuis mon arrivée je savoure la douceur de ce climat presque méridional, de cette molle terre où les fossés sont déjà pleins de primevères, où les amandiers s’épanouissent, où les friches même sont couvertes d’ajoncs aux fleurs d’or… » (André Theuriet, Souvenirs des Vertes Saisons, p. 144)

Boisfleury se déroule en partie en Touraine, plus précisément à La Guerche (Indre-et-Loire), les descriptions y sont précises mais assez banales : « Le bourg, peuplé de cinq cent âmes, s’allongeait, resserré entre une colline boisée et la Creuse, roulant à pleins bords son eau jaune et torrentielle. » (André Theuriet, Boisfleury, p. 98) Plus loin, le château est esquissé : « À l’entrée du village, en aval, un château du XVe siècle, bâti par Charles VII pour Agnès Sorel, élevait à pic sur la Creuse ses six rangées de voûtes superposées et sa grise façade sculptée, où le chiffre de la maîtresse favorite ornait les hautes fenêtres à meneaux. » (id., p. 98)

Heureusement d’autres passages sont plus élogieux. Il apprécie la nourriture de fête, les vins : « Un repas plantureux, arrosé de vins de Touraine aussi capiteux que parfumés ! » (André Theuriet, Contes de la vie intime, p. 176)

Pour ses poèmes, « La chanson du vannier » en hommage aux vanniers de Villaines-les-Rochers, fait déjà honneur à notre terroir. Il a aussi chanté « La Loire à Langeais », « Véretz » ou « Azay » (André Theuriet, Le Chemin des Bois, pp. 15, 43, 45 et 69).

Dans « La Loire à Langeais », la beauté de la nature resplendit ; c’est un hymne à ce fleuve sauvage et changeant et à ceux qui vivent sur ses bords. Il sait décrire la poésie de ce fleuve avec fougue, passion, admiration et romantisme :

Large et lente, la Loire aux eaux éblouissantes
Se répand dans les prés aux clartés de midi.
Le sol brûle, là-bas les grèves blanchissantes
Sèchent au grand soleil leur limon attiédi.

Et sur les flots moirés dorment les vertes îles,
Ceintes de peupliers, d’aunes et de bouleaux :
Rameaux flottants, feuillée épaisse, frais asiles
Se bercent reflétés dans la splendeur des eaux.

Ouvrant ses bras d’argent, la royale rivière
Sur son sein qui frémit les presse avec amour ;
L’eau vers les saules gris, les saules vers l’eau claire,
Attirés et charmés s’avancent tour à tour.

Des vignes aux blés mûrs tout parle de tendresse.
C’est un murmure sourd, un chant voluptueux ;
La Loire, tout entière à sa muette ivresse,
Baise avec passion les vieux saules noueux…

La nuit vient. Au milieu d’une brume empourprée,
Le soleil s’est plongé dans l’onde qui rougit.
Le feuillage frissonne, et la lune dorée
Au sommet des noyers se montre et resplendit.

Et l’on entend dans l’eau, dans les sombres ramées,
Des rires, des baisers et des éclats de voix,
Comme si des amants avec leurs bien-aimées
S’entretenaient d’amour dans les sentiers des bois.

Et l’on croit voir passer de vagues ombres blanches :
Est-ce un frêle brouillard par le vent emporté,
Ou le jeu d’un rayon de lune sur les branches ?...
L’air exhale de chauds parfums de volupté.

C’est vous qu’on voit errer, ô splendides maîtresses !
Vous qui dans vos tombeaux sommeillez tout le jour,
Diane, Marguerite, ô reines, ô duchesses,
Fantômes des vieux temps et de la vieille cour !

Vous revenez la nuit : vos amants, vos poètes
Marchent à vos côtés. Fiers, souriants et beaux,
Contant de gais propos, chantant des odelettes,
Les couples enlacés glissent sous les bouleaux.

Id., pp. 43 et 44

Oui, André Theuriet est conquis par la Touraine : « Alors on sent tout le charme de cette terre d’élection, (…) on salue avec amour la Touraine aux claires rivières, au ciel clément, aux larges horizons ; la Touraine riche en fleurs et féconde en fruits ! » (André Theuriet, Souvenirs des vertes saisons, p. 154)

 

De la vie partout

Si André Theuriet n’est jamais lassant, c’est aussi parce que son style d’écriture nous entraîne dans les pulsations de la vie, aussi bien celle des hommes, que celles des bêtes ou de la nature. Tout respire, parle, a des sentiments ; tout est en mouvement : « Un peu plus loin, le soc de la charrue commence à soulever des mottes luisantes. Les bêtes tirent, le cou tendu ; les fouets claquent, les hommes encouragent de la voix leur attelage : « Hue ! Dia ! Ohé ! » Les cris retentissent nettement dans l’air sonore. (…) Des centaines d’alouettes montent vers les nuées, et leur chant vibrant, réjouissant, infatigable, se mêle aux cris des laboureurs. » (André Theuriet, Madame Heurteloup dans Pages choisies, p. 94).

Les gens dialoguent au fil de ses romans comme au cours de ses poèmes, par exemple dans ce poème de guerre « Les Paysans de l’Argonne » :

(…)
Les paysans avaient barricadé la route.
Ils attendaient, le cœur plein d’angoisse et de doute,
Lorsque, vers le ravin penchant un front noirci,
Le charbonnier leur dit : « Écoutez !... Les voici… »
(…)

André Theuriet, Le Bleu et le Noir, p. 221

 

Le temps qui passe et les souvenirs

Dans Eusèbe Lombard, André Theuriet parle avec nostalgie de la fuite du temps par analogie avec la nature : « A dix ans, la vie nous apparaît comme un bouton de fleur aux pétales hermétiquement clos. On ne sait rien encore, on espère confusément. Le bouton se gonfle et s’ouvre ; la vingtième année arrive, la corolle s’épanouit, pleine de reflets, de parfums, de désirs renouvelés. Puis une molle langueur succède à cette saison fortunée ; rien ne fleurit plus (…). Parfois, à de rares intervalles, un lointain et vague parfum se dégage de la plante desséchée, un parfum (…) qui s’évapore comme un rêve dès qu’on veut le ressaisir. » (André Theuriet, Eusèbe Lombard, p. 133)

Le temps passé peut être suggéré avec délicatesse, à travers le souvenir d’une fleur séchée, retrouvée dans un livre. Il s’y mêle le regret d’un temps qui ne reviendra plus et qui n’est plus que souvenir :

(…)
Elle songe au matin où la fleur fut posée
Dans le vieux livre noir, par la main d’un ami ;
Et ses pleurs vont mouiller ainsi qu’une rosée
La page où soixante ans l’œillet rouge a dormi.

(cité par Paul Bourget dans la réponse au discours de réception d’André Theuriet à l’Académie française, p. 4)

André Theuriet sait faire parler les gens âgés avec beaucoup de tact, sans tomber dans la mièvrerie ou la morale :

(…)
Et le vieillard sourit de nouveau : « Nos amours
Ont vécu cinquante ans ; les printemps dans leur gloire
Et les étés féconds sont passés, et toujours
Ce souvenir d’hiver chante dans ma mémoire.

– O cher homme, sur nous la vieillesse a neigé,
L’âge nous a blanchis, comme autrefois le givre ;
Mais la robuste fleur de l’amour partagé
Embaume les instants qui nous restent à vivre.
(…) »

André Theuriet, Le Bleu et le Noir, p. 147 (poème « Neiges d’antan »)

André Theuriet respecte l’homme même dans sa vieillesse ou sa fragilité. Il sait qu’il va vers la mort et ne la cache pas ; cependant l’homme peut encore être heureux, simplement de sa vie lente et de ses souvenirs.

 

La mort

Dans ses romans, la mort est là et fait partie de la vie. Eusèbe Lombard, agonisant, la nomme sa fiancée car elle reste toujours proche de nous : « Il pousse un long soupir, et c’est le commencement de son agonie. Une heure après, Eusèbe Lombard est allé retrouver sa fiancée, la Mort. » (André Theuriet, Eusèbe Lombard, p. 191)

Vie et mort sont mêlées. La mort est toujours là, latente alors André Theuriet a fait le choix de ne pas la taire, de lui donner sa place en plein jour. Elle peut être soulagement quand la misère est trop forte :

(…)
Cependant le jour croît dans la cave. Le père
Se lève brusquement, et d’une voix sévère :
« Elle est morte, dit-il, vous pourriez sangloter
Pendant plus de cent ans sans la ressusciter.
Assez pleuré ! La mort clémente l’a ravie
À l’heure où l’on ne voit que le beau de la vie ;
Tant mieux ! Elle n’aura là-haut ni froid ni faim,
Et ne connaîtra pas l’horreur des jours sans pain.
(…)

André Theuriet, Le Chemin des Bois, p. 104 (poème « Sylvine »)

La mort peut aussi survenir brutalement, comme dans « La Veillée » (id., p. 27) où le jeune homme plein de vie, pris pour un gibier, est tué d’un coup de fusil.

La mort peut aussi être inéluctable, comme à la guerre :

(…)
Lorsque tout fut fini, lorsque leur dernier homme,
Le front dans les roseaux, dormit son dernier somme,
Il se fit un silence. Alors, terrible et fier,
Debout sur le talus, tandis qu’un large éclair
Promenait sur les bois sa silhouette immense,
Le maître charbonnier cria : « Vive la France ! »

André Theuriet, Le Bleu et le Noir, p. 222 (poème « Les Paysans de l’Argonne »)

Mais jamais André Theuriet ne tombe dans les lamentations inutiles comme dans « La Plainte du bûcheron » : « Ton père en prison est mort à la peine ; / Hier on a mis ta mère au cercueil. » (André Theuriet, Le Chemin des Bois, p. 33) ou dans « Sylvine » où la mère pleure son enfant mort : « Elle songe au logis muet, au berceau vide, / À la mignonne enfant que le ciel lui reprit… » (id., p. 107)

André Theuriet reste positif et retourne vers la vie même avec la mort à ses côtés : « (…) tout s’endort dans la paix de la nuit. » (id., p. 111)

 

La facilité d’écriture

Facilité ne veut pas dire manque de valeur. Facilité veut dire que son écriture coule de source, reste agréable avec ses descriptions délicates, minutieuses mais jamais lassantes. Il a l’art d’écrire pour le plaisir du lecteur, nous rendant par ce fait plus attentif à son message, celui de la nature, de la vie de tous les jours, avec ses peines et ses joies, comme dans ce poème breton « Le Pardon de Ker-laz » :

À travers les ormeaux, un ciel de couleur grise
Éclairait finement la pelouse et l’église
Où l’office avec calme et ferveur s’achevait.
Les femmes au portail, les hommes au chevet,
Sur l’herbe agenouillés, égrenaient leurs rosaires,
Tandis que dans la nef les chantres aux voix claires
Psalmodiaient en chœur. Le parvis était plein.
(…)

André Theuriet, Le Bleu et le Noir, p. 161

Son art poétique est délicat, léger et fluide, réaliste dans ses romans comme dans ses poèmes. En voici un exemple : « De minces flocons de brume, suspendus aux cimes des arbres, s’éparpillaient lentement, puis s’envolaient pareils à ces vaporeuses graines des chardons que les enfants nomment des voyageurs. » (André Theuriet, Sous Bois, p. 6).

 

Le réalisme même dans le rêve

Il a l’art de décrire de manière élégante et poétique, les choses simples de la vie comme nos rêves : « (…) mais nos rêves sont des bulles de savon qui crèvent dès que nous les touchons du doigt. » (André Theuriet, Pages choisies, p. 22).

Il sait aborder la mort avec délicatesse, par exemple lorsqu’il parle de la mort d’un ami : « (…) son reste de vie s’exhala doucement, comme la fumée bleue de ces feux de branches sèches que nous avions allumés jadis pour cuire le fameux pécari à la caraïbe. » (André Theuriet, Souvenirs des vertes saisons, p. 40).

Il est intéressant de voir comment cet auteur sait si bien mêler passé et présent, vie et mort, ce qui anime son récit comme dans son poème « Fleurs d’automne » :

(…)
Soirs d’automne, jeunes années,
Pour vous réveiller de l’oubli,
Un oiseau, quelques fleurs fanées
Sur un coin de toile ont suffi.
(…)

André Theuriet, Le Chemin des Bois, p. 56

André Theuriet sait nous enchanter en des poèmes réalistes qui allient rêve et précision :

Neiges d’antan

(…)
Le logis est bien clos. Dans l’ombre du parloir,
Deux vieillards, deux époux, sont assis devant l’âtre ;
Et, perdus à demi dans un doux nonchaloir,
Ils rêvent aux lueurs de la braise bleuâtre.

Autour d’eux est rangé l’antique mobilier :
Rideaux fanés, miroirs ternis, dressoirs de chêne.
(…)

Le vent souffle, la neige au murmure léger
Palpite comme une aile à la vitre sonore…
Les époux, en voyant les flocons voltiger,
Sentent dans leur mémoire un souvenir éclore ;

Un souvenir d’amour et de jeunesse en fleur…
(…)

André Theuriet, Le Bleu et le Noir, pp. 145 et 146

Le passé, le présent et l’avenir sont indissociables et ont chacun quelque chose à nous apprendre ; André Theuriet à travers ses personnages, nous emporte dans leur vie où la nostalgie du passé se mêle aux flocons qui tombent en un hymne à la beauté et au rêve.

 

Ses contes

L’un d’entre eux se passe en Touraine : Morale en action. On y retrouve les principales caractéristiques de cet écrivain, la vie telle qu’elle est avec ses défauts, ses sottises irrécupérables, « ce naïf et vaniteux mari, se croyant déjà un foudre de guerre, grillait d’achever sa conquête » (André Theuriet, Contes de la vie intime, p. 178), la nature humanisée, – les cheminées sont « décoiffées » par l’ouragan (id., p. 173) –, la beauté des descriptions dont des portraits attachants, par exemple celle d’une femme : « Tout en étant naturellement bonne et indulgente, elle a son franc parler et elle exprime ses opinions sur les choses et les gens avec une gaillarde verdeur où l’on retrouve une originale saveur de terroir, car, étant née entre Chinon et Tours, ma vieille amie est la compatriote de Rabelais et de Balzac. » (id., p. 174) L’art de conclure sous forme d’une morale qui peut avoir un brin de malice : « – Voyez-vous, ajouta la vieille dame, en sucrant son thé, la morale qui prêche, c’est très bien, mais la morale qui agit, ça vaut mieux encore. » (id., p. 182)

 

Conclusion

André Theuriet a l’art de la miniature intimiste, un peu comme Vermeer. Le sentiment côtoie la rêverie et le paysage bat au rythme du temps, en symbiose avec l’être vivant. L’émotion est toujours là car André Theuriet est à la fois le chantre de la nature comme celui des sentiments ; tout vit à travers ses mots ; tout vibre d’émotion comme dans la réalité. Oui, André Theuriet mérite bien que l’on parle de lui et qu’on le lise.

 

Novembre 2009 / Juin 2010

Catherine RÉAULT-CROSNIER

 

 

(1) Pour l’attribution du prix Vitet, nous trouvons deux dates : 1880 et 1890. Nous avons demandé à l’Académie française laquelle était la bonne et voici la réponse : « Suite à votre demande, j’ai l’honneur de vous confirmer que c’est bien en 1880 qu’André Theuriet a été lauréat du prix Vitet, qu’il a partagé par moitié avec Albert Delpit. La valeur totale du prix était de 6800 F. Veuillez agréer, Madame, l’assurance de ma considération distinguée. Mireille Lamarque, Conservateur en chef des archives. »

 

 

Bibliographie :

Écrits d’André Theuriet utilisés pour les citations :

- André Theuriet, Le fils Maugars, G. Charpentier éditeur, Paris, 1879, 320 pages

- André Theuriet, Poésies 1860 – 1874 (Le Chemin des Bois et Le Bleu et le Noir), Alphonse Lemerre éditeur, Paris, 1879, 252 pages

- André Theuriet, Sous Bois, G. Charpentier et Cie éditeurs, Paris, 1887, 327 pages

- André Theuriet, L’Amoureux de la Préfète, G. Charpentier et Cie éditeurs, Paris, 1888, 186 pages

- André Theuriet, Contes de la vie intime, N. Martinet éditeur, Paris, 1888, 214 pages

- André Theuriet, Discours de réception à l’Académie française, prononcé le 9 décembre 1897, (http://www.academie-francaise.fr/immortels/discours_reception/theuriet.html)

- André Theuriet, Eusèbe Lombard, N. Fayard Frères éditeurs, 1901, 191 pages

- André Theuriet, Souvenirs des vertes saisons, Librairie Paul Ollendorff, Paris, 1904, 345 pages

- André Theuriet, Boisfleury, Calmann-Lévy éditeurs, Paris, 1911, 126 pages

- Pages choisies des auteurs contemporains, André Theuriet, Librairie Armand Colin, Paris, 1903, 311 pages

- André Theuriet, Deux lettres inédites d’André Theuriet à Camille Fistié, revue Le Domaine, n° 142 d’août-septembre 1934, pages 293 à 300

 

Concernant André Theuriet :

- Antoine Albalat, Souvenirs de la vie littéraire, Arthème Fayard et Cie éditeurs, Paris, 1921, 319 pages

- Emmanuel Besson, À la veille d’un centenaire : Souvenirs personnels sur André Theuriet, (1/4) Le Domaine, n° 97 de novembre 1930, pages 448 à 455, (2/4) Le Domaine, n° 98-99 de décembre 1930/janvier 1931, pages 49 à 56, (3/4) Le Domaine, n° 100 de février 1931, pages 78 à 88, (4/4) Le Domaine, n° 497 de mars 1931, pages 113 à 122

- Paul Bourget, Réponse au discours de réception d’André Theuriet à l’Académie française, prononcé le 9 décembre 1897 (http://www.academie-francaise.fr/reponse-au-discours-de-reception-dandre-theuriet)

- Jean David, André Theuriet en Touraine, Mémoires de l’Académie de Touraine 2004, pages 83 à 97

- Théophile Gauthier, Histoire du Romantisme, Charpentier et Cie Libraires-éditeurs, Paris, 1874, 410 pages

- Maurice Guillemot, Villégiatures d’artistes, Ernest Flammarion éditeur, 1897, 260 pages

- Ernest Jungle, Profils parisiens, Première série, A. Melet éditeur, Paris, 1898, 212 pages

- Bernard Lazare, Figures contemporaines, Ceux d’aujourd’hui, ceux de demain, Perrin et Cie Libraires-éditeurs, Paris, 1895, 281 pages

- Jules Lemaître, Les contemporains, cinquième série, H. Lecène et H. Oudin, Paris, 1892, 355 pages

- Jules Tellier, Les écrivains d’aujourd’hui – Nos poètes, A. Dupret éditeur, Paris, 1888, 258 pages

- Paul Verlaine, Œuvres complètes, Tome cinquième, Librairie Léon Vanier, éditeur, Paris, 1904, 486 pages

 

Dans les journaux :

La Nouvelle République, édition d’Indre-et-Loire du 31 octobre 2007, Au jour le jour, Jardin Theuriet : un nouveau lieu de rencontre

 

Sur Internet :

Liste des œuvres d’André Theuriet sur le site de l’Académie française (http://www.academie-francaise.fr/les-immortels/andre-theuriet?fauteuil=2&election=10-12-1896)

- Philippe Chaplain, Cimetière de Bourg-la-Reine, Grands personnages, André Theuriet, 2007, 15 pages (http://www.patrimoine.asso.fr/contenu/theuriet/Andre_Theuriet.pdf)