"Mur de poésie de Tours" 2001

Poètes d'Europe

 

COMPARA EL CURSO DE SU AMOR CON EL DE UN ARROYO

 

Torcido, desigual, blando y sonoro,
Te resbalas secreto entre las flores,
Hurtando la corriente a los calores,
Cano en la espuma y rubio con el oro.

En cristales dispensas tu tesoro,
Líquido plectro a rústicos amores ;
Y templando por cuerdas ruiseñores,
Te ríes de crecer con lo que lloro.

De vidrio, en las lisonjas, divertido,
Gozoso vas el monte ; y, despeñado,
Espumoso encaneces con gemido.

No de otro modo el corazón cuitado,
A la prisión, al llanto se ha venido
Alegre, inadvertido y confiado.

 

Francisco de QUEVEDO y VILLEGAS

(1580 - 1645)

 

Laid, boiteux, il eut deux passions, la politique et l’écriture. Poète du sublime et de la dégradation grotesque, Francisco de QUEVEDOS y VILLEGAS incarne les contradictions de la grande décadence de l’Espagne.

 

IL COMPARE LE COURS DE SON AMOUR AVEC CELUI D'UN RUISSEAU

 

Tortueux, inégal, tendre et sonore,
Tu serpentes en secret parmi les fleurs,
Dérobant le courant à la chaleur,
Dans l'écume de ta chevelure, blond comme l'or.

En cristal, tu donnes ton trésor,
Plectre liquide aux rustiques amours ;
Et aux accords des voix de rossignols,
Tu ris de voir ton cours grossir de mes larmes.

Diverti des flatteries du verre,
Tu t'en vas, folâtre ; et, dans ta chute,
Tu blanchis d'écume en gémissant.

Comme ce cœur misérable,
Tu es venu à la prison, à la plainte,
Joyeux, insouciant et confiant.

 

Traduction de Catherine RÉAULT-CROSNIER