PARABOLE DE L'AVARICE
Il y a une chose au monde qui est plus mauvaise que toutes les autres - d'être vieux et pauvre... Et cette année-là était cruelle - sécheresse et chutes de grêle, faim et mort - et cela pouvait mettre en situation de détresse, même lui. Lui qui menait la vie du mendiant et qui pensait qu'il avait déjà tout supporté. Pendant des jours entiers, il n'avait pas pris un seul morceau de pain, tout le corps lui faisait mal à cause de la faim. Et il avait la force d'un unique soupir : "Mon Dieu, aide-moi à trouver une seule petite croûte de pain et je serai l'homme le plus heureux au monde ; je ne veux rien d'autre, uniquement une seule croûte de pain, Mon Dieu..." Et voilà - Sur le chemin du mendiant, Apparût un homme âgé avec une barbe blanche - Dieu. Il s'arrêta devant le mendiant, le regarda avec ses yeux bleus et lui dit : - Qu'est ce que tu as dit qu'il te faut pour être absolument heureux ? - Un morceau de pain. Un seul, un seul morceau de pain, cria presque le mendiant. Et Dieu montra avec sa main la pierre qui se trouvait sur la route. Tout de suite la pierre devint de l'or ; sa valeur était tout à fait suffisante pour fournir du pain au vieil homme pour le reste de sa vie. Mais le mendiant ne se jeta pas sur l'or - son salut - comme pensait son bienfaiteur, mais regarda fiévreusement sa main. - Qu'est ce qu'il y a ? - demanda Dieu. - Ou bien tu veux encore quelque chose ? - Montre avec ta main cette roche - là - râla d'une voix étranglée, l'être humain affolé. Cela ne fut pas du plaisir pour Dieu, il avait déjà accompli le désir de l'homme, mais il voyait la soif dans ses yeux. Et de nouveau il montra par sa main la roche qui, au même moment, devint de l'or. Les yeux du mendiant devinrent encore plus énormes, ils lui sortaient presque de la tête, il ne pensait plus à l'énorme rocher qui serait tout à fait suffisant pour nourrir des milliers d'hommes ; des spasmes affreux le secouaient, son corps chétif se trémoussait, il oublia désespérément l'état où il se trouvait, il y avait à peine quelques minutes. Et il se traîna dans la poussière vers l'homme âgé à la barbe blanche. - Qu'est ce que tu veux encore, homme ? - Ta main, Mon Dieu !
Hristo GANOV Bulgarie, Bankia - 1320 |
|
Hristo GANOV est né en 1938. Il a fait des études de médecine et a travaillé comme médecin, journaliste et rédacteur. Il est l’auteur de quinze recueils de poésie. Il est lauréat des prix littéraires nationaux et internationaux. Ses poésies sont traduites en une douzaine de langues.
|
|
|