MUSIK IN MIRABEL
Ein Brunnen singt. Die Wolken stehn
Im klaren Blau, die weißen, zarten.
Bedächtig stille Menschen gehn
Am Abend durch den alten Garten.
Der Ahnen Marmor ist ergraut.
Ein Vogelzug streift in die Weiten.
Ein Faun mit toten Augen schaut
Nach Schatten, die ins Dunkel gleiten.
Das laub fällt rot vom alten Baum
Und kreist herein durchs offne Fenster.
Ein Feuerschein glüht auf im Raum
Und malet trübe Angstgespenster.
Ein weißer Fremdling tritt ins Haus.
Ein Hund stürzt durch verfallne Gänge.
Die Magd löscht eine Lampe aus.
Das Ohr hört nachts Sonatenklänge.
Georg TRAKL
(1887 - 1914)
Georg TRAKL est l’un des plus grands poètes allemands du XX° siècle. Sa poésie est au début, influencé par NIETZSCHE puis elle prend une dimension hermétique et enfin religieuse. À sa mort, RILKE décrira sa poésie comme "l’enclos d’une espèce de vide ineffable".
MUSIQUE À MIRABELL
Une fontaine chante. Les nuages flottent
Dans le bleu clair, les blancs, délicats.
Le soir, des hommes s’en vont,
Silencieux, gravement, à travers le vieux jardin
Le marbre des anciens est devenu gris.
Une troupe d’oiseaux trace un sillage dans le lointain.
Un faune aux yeux morts regarde
Des ombres qui glissent dans l’obscurité.
Le feuillage tombe rouge du vieil arbre
Et tourbillonne par la fenêtre ouverte.
Une lueur de feu brille dans la pièce
Et peint de tristes spectres angoissants.
Un étranger blanc entre dans la maison.
Un chien se jette dans les couloirs délabrés.
La servante éteint une lampe.
L’oreille entend dans la nuit, des notes d’une sonate.
Traduction de Catherine RÉAULT-CROSNIER
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