DIE SONETTE AN ORPHEUS
(…)
II, 1
Atmen, du unsichtbares Gesicht !
Immerfort um das eigne
Sein rein eingetauschter Weltraum. Gegengewicht,
in dem ich mich rhythmisch ereigne.
Einzige Welle, deren
allmähliches Meer ich bin ;
sparsamstes du von allen möglichen Meeren, -
Raumgewinn.
Wieviele von diesen Stellen der Räumer waren schon
innen in mir. Manche Winde
sind wie mein Sohn.
Erkennst du mich, Luft, du, voll noch einst meiniger Orte ?
Du, einmal glatte Rinde,
Rundung und Blatt meiner Worte.
(…)
Rainer Maria RILKE
(1875 - 1926)
Écrivain autrichien, il séjourna à Prague et fut le secrétaire de Rodin. Il passa du symbolisme à la recherche de la signification concrète de l’art et de la mort, dans ses poèmes "Le Livre d’heures", "Élégies de Duino", "Sonnets à Orphée", et dans son roman "Les Cahiers de Malte Laurids brigge".
SONNETS À ORPHÉE
(...)
Respire, toi, invisible poème !
Dans le pur espace, rêve du monde,
Échange avec lui. Contrebalance
Pour atteindre son rythme.
Vague unique, dont
Je suis la mer mouvante ;
Tu conquiers l’espace
De toutes les mers possibles.
Combien de ces étoiles du rêve étaient déjà
À l’intérieur de moi. Les vents
Sont parfois comme mon fils.
Me reconnais-tu, air, plein d’endroits que je fais mien ?
Toi, l’écorce lisse d’un jour,
Voûte et feuille de mes paroles.
(...)
Traduction de Catherine RÉAULT-CROSNIER
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