Académie du Berry
Séance solennelle du 17 avril 2010 à Déols (Indre)
Remise du prix annuel de l’Académie 2009,
à M. Jacques Viard
Réponse de M. Jacques Viard
Je me suis spécialisé dans les tableaux d’église car je me suis aperçu qu’il y avait beaucoup de tableaux qui étaient en mauvais état. Le problème des petites communes, c’est que les Monuments historiques imposent des restaurations agréées à des prix très forts. Juste un exemple : en ce moment, je restaure un chemin de croix en Haute-Marne. Les Monuments Historiques ont fait un devis à 6 000 € et moi, je le fais à 1 000 €. Il y a soixante-dix habitants dans la commune. Imaginez ce que représente pour un budget communal 6 000 € pour refaire un chemin de croix. À ce moment-là, ce n’est pas possible. Le fait d’adapter ses prix aux communes, au nombre d’habitants, cela permet de sauver ce patrimoine du XIXème qui est complètement à l’abandon par rapport aux Monuments historiques qui privilégient le côté art roman et qui considère que pour le moment, le XIXème, cela ne vaut pas le coup. Les tableaux du XIXème qui sont faits bon marché, sont très dégradés et il y aura un moment donné où ce sera irréversible, c’est-à-dire qu’on ne pourra plus les réparer ou il y aura beaucoup de manque ou ils auront perdu leur valeur. Et les églises, je me suis aperçu que dans l’Indre, dans le Cher et dans les départements voisins, au XIXème, il y a eu un Monsieur Raphaël Bodin qui est de Bourges d’ailleurs et qui a systématiquement peint, on les appelait, les peintres décorateurs et ils peignaient les voûtes, les murs avec des fresques, des spirales qui ressemblaient un peu à ce qu’on faisait au Moyen-âge et qui déjà donnait un aperçu de l’Art nouveau c’est-à-dire qu’il y avait beaucoup de rondeurs, de feuillages et ça, au bout de cent ans, c’est en train d’être complètement dégradé ; or, repeindre toute une église, cela représente pour des communes, un budget énorme. Les Monuments historiques n’en ont classé aucune donc il n’y a aucune subvention des Monuments historiques. Moi, les Monuments historiques m’accusent de casser les prix justement mais j’ai quand même réussi à sauver pour l’instant, dix églises dont Vaudouan à côté de La Châtre de Raphael Bodin. Moi j’en connais une trentaine de cet ordre-là. J’ai six églises de prévues. Il y a encore du travail à faire et la relève n’est pas assurée. Je travaille seul. Les Monuments historiques m’ignorent ou s’opposent à moi dans certaines circonstances par rapport au travail que je fais. Et c’est tout à fait dommage car c’est un patrimoine du XIXème qui a tout à fait sa place, sa valeur c’est-à-dire que c’était une époque où l’on faisait comme cela dans les églises, ce qui correspondait au côté cossu des appartements du XIXème. On se sentait bien dans des appartements et dans les églises et on voulait retrouver cette atmosphère, il fallait que ce soit chaleureux
M. Jacques Viard, lauréat 2009 du prix annuel de l’Académie du Berry.
Je restaure toutes les statues, les vitraux, tous les mobiliers style confessionnal, lutrin, pour que cela fasse un ensemble cohérent dans les églises au XIXème. On évoquait La Gazette Berrichonne tout à l’heure et je faisais d’ailleurs partie du CAB quand on était à Paris. La Gazette Berrichonne m’avait aidé aussi. Au moment où j’avais été fait chevalier des Arts et Lettres, ils avaient fait un article et cela m’a vraiment servi parce que, il y a des communes qui m’ont fait appel à cause des articles de La Gazette Berrichonne et je les remercie ici. J’ai un très bon souvenir de M. Limoges que j’ai eu plusieurs fois au téléphone et même une fois que je râlais comme un perdu en disant que les communes ne comprennent rien, il avait été très gentil, il m’avait réconforté au téléphone. C’est dommage qu’il ne soit pas là aujourd’hui car je ne le connais que par téléphone et j’en ai un très bon souvenir car c’est quelqu’un qui est de grande valeur. Merci de ce prix.
Lire le discours de remise du prix par Catherine RÉAULT-CROSNIER
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