Académie du Berry

Séance solennelle du 17 avril 2010 à Déols (Indre)

 

Remise du prix annuel de l'Académie 2009,
à M. Jacques Viard

 

Allocution de Catherine Réault-Crosnier, présidente du prix

 

Le prix 2009 est décerné à M. Jacques Viard pour l’ensemble de ses actions de rénovation de tableaux et d’églises qui ont permis de sauver un patrimoine en péril, d’où son surnom de « bon samaritain pour le patrimoine du Berry » que les élus locaux lui ont donné. Je vais présenter M. Jacques Viard et l’importance des restaurations qu’il a permis.

Catherine Réault-Crosnier, présidente du prix annuel de l'Académie du Berry, pendant le discours de remise du prix 2009 à M. Jacques Viard.

Catherine Réault-Crosnier, présidente du prix annuel de l'Académie du Berry,
pendant le discours de remise du prix 2009 à M. Jacques Viard.

Sa biographie

M. Jacques Viard a étudié à l’École du Louvre. Il a ensuite effectué un stage chez un célèbre restaurateur parisien, la maison Vassallo, située boulevard Montparnasse. Il a exercé en tant que photographe indépendant à Paris durant près de vingt-cinq ans mais il a toujours apprécié de retrouver sa maison familiale de Cluis (36340) dans l’Indre. La sauvegarde du patrimoine l’a toujours intéressé et il est revenu dans son pays natal, il y a treize ans. En 1995, il devient restaurateur de tableaux puis en 2000, il se spécialise dans les œuvres d’art du patrimoine religieux. Il a réussi l’exploit de restaurer plus de quatre cent tableaux et une dizaine d’églises, ce qui est un travail de titan.

Son œuvre

Ses études à l’École du Louvre, lui ont permis d’acquérir des bases solides qui lui ont été très utiles dans la restauration de tableaux anciens, travail qu’il a commencé bénévolement à partir de 1995. Dans une deuxième étape, il a refait des peintures murales, redonnant en particulier la couleur à plus de quatre cent tableaux de plus d’un siècle, avec une préférence pour le XIXème siècle. Il reconnaît lui-même que ce travail a été pour lui, une source de richesse par tout ce qu’il a appris au cours de ces chantiers. Par exemple dans son travail, il a constaté que toutes les peintures réalisées entre 1880 et 1900 dont il s’est occupées, sont signées Raphaël Bodin. Il a eu alors l’impression de faire revivre cet artiste. À chaque fois qu’il s’est dévoué à une cause, c’est parce que les élus d’une commune n’avaient pas les moyens financiers d’engager une restauration par un spécialiste agréé par les Monuments historiques. Il est déclaré et même s’il est ignoré des Monuments historiques, les gens font appel à lui et il essaie de respecter au maximum, le cadre originel ; ses tarifs restent extrêmement bas car il fait cela par passion. C’est pour lui un réel plaisir de voir le résultat de ses efforts, d’admirer des toiles et des fresques qui, sans lui, auraient disparu. M. Jacques Viard a donc été de plus en plus sollicité pour des rénovations. Il est d’ailleurs aidé par le Conseil général de l’Indre ce qui est pour lui, une reconnaissance.

Parmi ses rénovations, on peut citer les églises de Chambon, de Parpeçay où les travaux ont duré un an, les deux chapelles de Saint-Marcel, désormais ouvertes régulièrement au public. En 2008, il vient de terminer la restauration de l’église de Neuillay-les-Bois qui lui a donné six mois de travail. Il a repris le chœur où il a dégagé des fresques du XVIème, restauré le chemin de croix, trois autels, un lutrin et quatorze statues.

M. Jacques Viard, Chevalier des Arts et Lettres, ne s’est pas seulement dévoué au Berry même si c’est là qu’il a le plus œuvré. Quand l’occasion s’est présentée, il a accepté de restaurer dans d’autres régions de France en particulier dans la Creuse, en Haute-Marne (dont la restauration du tableau « Le Baptême de Clovis »), dans les Vosges, en Normandie, dans l’Essonne, dans l’Yonne, à La Ciotat, dans le Tarn. Ces restaurations l’entraînent parfois à des démarches particulières, par exemple il a restauré le lustre de l’église d’Éguzon et a fabriqué alors deux cent pendeloques.

M. Jacques Viard travaille actuellement dans l’église de Parpeçay, à la restauration des peintures murales, des lustres, des statues et des chasubles.

Le côté technique de son travail est minutieusement préparé : par exemple pour la chapelle de la Vierge de la chapelle de Vaudouan, il a traité les murs en appliquant une résine méthacrylique pour durcir le plâtre puis a refixé la peinture par imprégnation de paraloid B 72 qui est une résine à Ph neutre, fiable dans le temps. Pour les motifs manquants, il a repris des empreintes sur les motifs intacts pour reconstituer les décors de feuillage. Pour rénover l’autel, il a appliqué des dorures minérales et une protection. M. Jacques Viard fait là une œuvre de précision qui nécessite beaucoup de temps, de travail et de connaissance de la restauration.

Conclusion

Grâce à M. Jacques Viard, le patrimoine artistique et religieux du Berry a retrouvé une seconde jeunesse, en particulier le petit patrimoine des communes. En « bon samaritain », il continue sa route de pèlerin au service de ceux qui l’appellent au secours. Oui, M. Jacques Viard mérite bien pour les fruits de son travail envers la sauvegarde du patrimoine du Berry, de recevoir le prix de l’Académie du Berry, que nous allons donc lui remettre maintenant.

Remise du prix annuel de l'Académie du Berry 2009, à M. Jacques Viard.

Remise du prix annuel de l'Académie du Berry 2009, à M. Jacques Viard.
De gauche à droite : Mlle Isabelle Papieau, clavaire de l'Académie, Mme Catherine Réault-Crosnier, présidente du prix,
M. Jacques Viard, lauréat 2009, M. Alain Bilot, président de l'Académie du Berry, et M. Jean-Yves Clément.

 

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