Dossier Maurice Rollinat

 

MAURICE ROLLINAT DANS LA PRESSE

Portrait de Maurice Rollinat par Catherine Réault-Crosnier.

 

Le Temps

Samedi 1er avril 1899

Page 1.

(Voir le texte d’origine sur Gallica)

 

 

QUELQUES POÈTES CONTEMPORAINS

Maurice Rollinat

Né en 1846, à Châteauroux ; son père, avocat dans cette ville, fut élu représentant du peuple en 1848 et siégea à la Constituante, et à la Législative. Vint à Paris, fit des vers qu’il récita longtemps aux « Hydropathes » et autres cabarets littéraires, acquit une extrême renommée à la fois par ses poèmes fantastiques et par ses allures de terroriseur ; puis se retira dans la Creuse où il continua ses travaux d’art et de musique, coupés par d’innombrables victoires sur les carpes et les barbillons. Il a été fait chevalier de la Légion d’honneur en 1895.

Maurice Rollinat a publié une centaine de mélodies et cinq volumes de poésies : Dans les brandes, les Névroses, l’Abîme, la Nature, les Apparitions, et va donner prochainement Paysages et Paysans où figurera la pièce que voici :

PETIT-LOUP

Portant sur lui de grosses sommes,
Tard, le maquignon s’en revient,

Lorsque, soudain, il est attaqué par deux hommes.
D’un coup de voix stridente il appelle son chien :

« Vite à moi, Petit-Loup ! » – mais rien !
Son compagnon musarde en route.

Et la lutte s’acharne, affreuse, on n’y voit goutte.
Un dernier appel rauque ! – et le marchand de bœufs
Tombe et trépasse au fond du grand chemin bourbeux.
Mais, d’un train haleté que le silence écoute,
Le dogue accourt, se rue, étrangle un assassin ;
L’autre a juste le temps de grimper dans un arbre.
Et, stupéfaits d’horreur, les gens du bourg voisin

Trouvaient, le lendemain, un chien entre deux morts,
Surveillant, crocs baveux, sur un vieux chêne tors,
Quelqu’un juché livide et roide comme un marbre.