Dossier Maurice Rollinat

 

MAURICE ROLLINAT DANS LA PRESSE

Portrait de Maurice Rollinat par Catherine Réault-Crosnier.

 

Le Phare de la Loire

Lundi 25 décembre 1882

Pages 1 et 2.

(Lire le texte d’origine sur Retronews.)

 

(page 1)

 

PARTIE LITTÉRAIRE

DU PHARE DE LA LOIRE DU 25 DÉCEMBRE

 

LE MOUVEMENT PARISIEN

 

LVIII

 

La Noël et les petits sabots. – La fête des enfants. – Les bazars. – Le cheval à Paris. – Une page de Gustave Droz. – Les soirées de Paul Eudel. – Pierre Bourgault-Ducoudray, Maurice Rollinat. – Le Mariage de Racine à l’Odéon.

(…)

Ainsi, pas plus tard que vendredi, Eudel reprenait ses soirées d’hiver. (…)

Après Gabriel Pierné, Galipaux qu’on rencontre partout où l’on aime à rire et qui, l’année dernière, m’avait énormément amusé chez Spiridion, Galipaux nous a dit deux de ces monologues où il excelle et qui sont adorablement bêtes. Sur les mains, d’abord, de Galipaux lui-même, saluez ! et un peu plus tard Les Gens, de Georges Lorin. Lorin est un grand gaillard qui s’est fait du monologue une spécialité, et qui dit les vers de l’air de n’y pas toucher d’une jeune pensionnaire. Il nous en a débité une centaine d’un ton très original et d’un rhythme très neuf aussi, qui ont fait beaucoup rire les dames. Eh ! ne les fait pas rire qui veut. Demandez à Rollinat, le poète amoureux de l’étrange et du macabre, qui semble avoir pris à tâche de remettre (page 2) Pétrus Boul à la mode. Il était là, lui aussi, et beaucoup étaient venus exprès pour l’entendre. On savait qu’il devait dire plusieurs pièces tirées des Névroses que Charpentier publiera prochainement, et qu’il devait en chanter d’autres au piano… Un poète qui met des vers en musique ! vous ne parlez pas de rien ! pour ma part, je n’étais pas fâché de voir s’il est vrai, comme l’a dit Lamartine, que les beaux vers portent avec eux leur mélodie. Eh bien ! j’ai entendu Rollinat, et malgré tout son talent de chanteur et, si l’on veut, de musicien, je préfère ses vers à sa musique. Ils chantent assez d’eux-mêmes, étant bien rhythmés, bien sonores ! L’Enterré vif, qu’il nous a dit d’une voix chaude et vibrante, est un vigoureux morceau, et, quoiqu’il fût peu à sa place dans un salon où il y avait des dames et des demoiselles, il a produit beaucoup d’effet. Nous le jugerons définitivement à la lecture, car je me méfie de la diction – surtout quand elle est bonne.

Somme toute, très attrayante soirée que chacun a trouvée trop courte, bien qu’on se soit séparé à deux heures et demie du matin.

(…)

LÉON SÉCHÉ.

 

Remarque de Régis Crosnier : « Spiridion » est un pseudonyme utilisé par Frantz Jourdain (https://data.bnf.fr/fr/12751466/frantz_jourdain/).