Dossier Maurice Rollinat

 

MAURICE ROLLINAT DANS LA PRESSE

Portrait de Maurice Rollinat par Catherine Réault-Crosnier.

 

Le Courrier littéraire

N° 5 du 10 mai 1877

Pages 198 à 205.

(Voir le texte d’origine sur Gallica)

 

 

(page 193)

 

QUINZAINE LITTÉRAIRE

 

Le Dégrossi, par Victor Le Febvre, laboureur (1). Dans les brandes, par Maurice Rollinat.

(…)

 

(page 198)

(…)

Avant toutefois d’acheter une terre à défricher, laissez-moi vous conduire un moment dans un département qui touche à celui de Paul-Louis et de M. Victor Le Febvre, mais dans une contrée qui présente un caractère bien moins riant ; nous remonterons, si vous le voulez, l’Indre ou la Creuse jusque dans l’arrondissement de La Châtre. Nous sommes en plein Berri. Vous reconnaissez ces paysages : voilà la Mare au Diable ; c’est là qu’a vécu la Petite Fadette ; le Péché de M. Antoine vous a même révélé les secrets de bien des habitants. Nohant est là-bas sur notre gauche, car nous resterons de préférence près de la Creuse. La châtelaine de Nohant avait un ami qui venait ici, dans une petite maison de campagne, se reposer des fatigues du barreau. Mais, pardon, procédons pur ordre : le père de cet ami, Mme Sand le connut aussi. Où et comment ? Relisez-le dans l’Histoire de ma vie (1), c’est une page charmante. Voici le jugement qu’elle porte sur lui : « M. Rollinat, le père, était artiste de la tête aux pieds. C’était un homme de sentiment et d’imagination, fou de poésie, très-poëte et pas mal fou lui-même, bon comme un ange, enthousiaste, prodigue… Il mourut en laissant plus de dettes que de biens, et toute sa famille à élever ou à établir. » « François, – nous arrivons maintenant au fils, à l’ami de Mme Sand, le frère de son choix, dont elle place l’affection au nombre des plus précieuses bénédictions de sa destinée, – « François a porté cette charge effroyable avec la patience du bœuf berrichon. Homme d’imagination et de sentiment, lui aussi, artiste comme son père, mais philosophe plus sérieux, il a absorbé sa vie, sa volonté, ses forces, dans l’aride travail de la procédure pour faire honneur à tous ses engagements et mener à bien l’existence de sa mère et de onze frères et sœurs. Ce qu’il a souffert de cette abnégation, de ce dégoût d’une profession qu’il n’a jamais aimée, de cette vie étroite, refoulée, assujettie, nul ne s’en est douté, quoique le souci et la fatigue l’aient écrit sur sa figure assombrie et préoccupée. Lourd et distrait à l’habitude, Rollinat ne se révèle que par éclairs, mais alors c’est l’esprit le plus net, le tact le plus sûr, la pénétration la plus subtile, et quand son cœur satisfait ou soulagé permet à son esprit de s’égayer, c’est le fantaisiste le plus inouï, et je ne (page 199) connaissait rien de désopilant comme ce passage subit d’une gravité presque lugubre à une verve presque délirante. »

Le fils de ce François est M. Maurice Rollinat, filleul de Mme Sand, dont un volume de vers paraîtra dans une huitaine de jours. Quand Sainte-Beuve appelait l’attention sur un inconnu, il donnait, disait-il, le coup de cloche. C’est bien un coup de sonnette que moi je voudrais donner dans la très-modeste mesure de mes forces et du retentissement que peut avoir le Courrier littéraire. En citant les lignes que G. Sand a consacrées à l’aïeul et au père du jeune poëte, j’ai tracé le portrait de celui-ci. Ses amis m’assurent qu’il tient de l’un et de l’autre. Artiste et fantaisiste, il l’est à un degré éminent : je l’ai entendu jouer des airs qu’il a composés sur des pièces de Baudelaire, qui atteignent et peut-être dépassent l’effet étrange et saisissant du texte. Lui aussi, comme son père, supporte les dégouts d’une profession qu’il n’aime pas. Elle manque de gaieté. Si je venais à mourir dans l’arrondissement que j’habite actuellement, j’aurais l’honneur d’être inscrit au nombre des décédés par la main du poëte Maurice Rollinat. On conçoit une société plus agréable que messieurs les croque-morts, malgré leur réputation de joyeux compagnons. Quand il a passé six heures dans leur société, il lui est permis de vivre pour l’art et pour la poésie.

Son premier recueil qui va paraître prochainement et qui, nous dit-on, pourrait être suivi presque sur le champ d’un ou deux autres, porte ce titre : Dans les brandes. C’est bien en effet dans les brandes, dans les bruyères des bords de la Creuse, que nous conduit sa muse rustique, pour nous en peindre les paysages et les habitants.

On remarquera d’abord une soixantaine de rondeaux, la plupart excellents, dont chacun forme un petit tableau, parfois un drame. Voici le facteur rural :

Par la traverse et par la route
Il abat kilomètre et lieue.

Voici le chasseur en soutane :

Il tire aussi bien qu’il pérore,
Le grand curé sec et rustaud.

Nous voudrions reproduire les Deux Frères revenant de l’école, un livre dans leur sac, la Cuisinière qui s’endort devant son feu, la Bouchère, précédée de la vache qui chemine doucement, le Retour de foire, et maint autre joli tableau de genre. Nous n’en détacherons qu’un seul, simple et grave, le Convoi funèbre :

(page 200)

Le mort s’en va dans le brouillard
Avec sa limousine en planches.
Pour chevaux noirs deux vaches blanches,
Un chariot pour corbillard.

Hélas ! c’était un beau gaillard
Aux yeux bleus comme les pervenches !…
Le mort s’en va dans le brouillard
Avec sa limousine en planches.

Pas de cortège babillard.
Chacun en blouse des dimanches
Suit, morne et muet, sous les branches…
Et, pleuré par un grand vieillard,
Le mort s’en va dans le brouillard.

Beaucoup de ces rondeaux sont consacrés aux bêtes, domestiques ou sauvages, et M. Rollinat les traite avec une paternelle indulgence. Que la bourrique « luisante et forte » ait son affection, tout campagnard le comprendra sans peine ; mais l’écrevisse, mais le cloporte, mais le crapaud, déjà réhabilité par Hugo, mais la vipère elle-même obtient un mot d’amitié.

On trouvera dans quelques-uns de ces petits poëmes l’expression un peu faible ; il n’y en a pas un qui ne soit animé, pas un, veux-je dire, où l’être décrit n’agisse et ne montre son instinct ou ses passions. Cette même qualité, je la reconnais à un plus haut degré encore dans les grandes pièces qui ouvrent le volume : la Lune, les Gardeuses de boucs, les Petits taureaux, le Champ de chardons, la Confidence, la Promenade, les Arbres, la Petite couturière. On peut dire, je crois, qu’en France et, en général, dans les nations latines la nature n’a guère eu encore d’interprète aussi fidèle. Çà et là l’auteur procède trop par énumération et ne compose pas ses tableaux avec assez d’art ; mais, à bien peu d’exceptions près, chaque détail est parfaitement rendu. Ne sont-ils pas pleins de vie ces triolets :

J’aperçois les petits cochons
Avec leur joli groin rose
Et leur queue en tire-bouchons.
J’aperçois les petits cochons !
Ils frétillent si folichons
Qu’ils amusent mon œil morose.
J’aperçois les petits cochons
Avec leur joli groin rose !

(page 201)

Le baudet, plein de nonchaloir,
Savoure l’âpre friandise ;
Il est réjouissant à voir
Le baudet plein de nonchaloir !
Sa prunelle de velours noir
Étincelle de gourmandise.
Le baudet, plein de nonchaloir,
Savoure l’âpre friandise !

Jetez aussi un coup d’œil sur les grenouilles au bord de la mare :

Elles s’en vont au loin s’accroupir sur les pierres,
Sur les champignons plats, sur les bosses des troncs,
Et clignotent bientôt leurs petites paupières
Dans un nimbe endormeur et bleu de moucherons…

Les autres que sur l’herbe un bruit laisse éperdues,
Ou qui préfèrent l’onde au sol poudreux et dur,
A la surface, aux bords, les pattes étendues,
Inertes hument l’air, le soleil et l’azur.

Si je ne me trompe, voilà de la vrai poésie descriptive : exacte comme une photographie, elle nous associe à la vie presque végétative de ces pauvres bêtes et nous donne comme une sensation de leur béatitude dans le far niente. –

Mais il y a dans ce recueil antre chose que des descriptions idylliques, et le mode champêtre n’y règne point partout.

O ma si fragile compagne,
Puisque nous souffrons à Paris,
Envolons-nous dans la campagne
Au milieu des gazons fleuris.

Ainsi débute M. Rollinat, introduisant, non sans habileté, dès ses premiers vers, une pensée de souffrance dans ces paysages si riants. Un sanglot, parfois étouffé, traverse en effet ce volume, quelque chose comme la plainte d’un halluciné qu’épouvante un cauchemar. Faut-il y voir une disposition morbide de l’esprit du poëte ? Doit-on l’attribuer à l’influence de Baudelaire, pour qui il professe une vive admiration ? Est-ce un effets des ciels bas et gris du Berri, de l’air tantôt brulant, tantôt glacé, mais toujours énervant qui pèse sur ses mares ?

Vague du spleen, en vain contre moi tu déferles !

s’écrie-t-il à chaque strophe d’une fort belle description des chemins où sifflotent les merles et des ruisseaux qui baignent le cresson. Mais le soir (page 202) arrive, faisant taire les chants des merles et couvrant les ruisseaux d’un voile sombre. O spleen, s’écrie-t-il aussitôt :

O spleen, voici qu’à flots dans mon cœur tu déferles !

Et il rentre agité de noirs frissons.

Ainsi que dans les rêves, il n’est pas toujours facile de reconnaitre dans les poésies de M. Rollinat ce qui réalité et ce qui est symbole. Apercevant au fond d’un chemin creux une couleuvre qui se réveille pour fasciner et engloutir une grenouille, il pousse ce cri :

La grenouille, c’est moi ! Le serpent, c’est le mal !

Un soir qu’il traverse une lande, il entend soudain un bruit sec : au bord d’un étang une vieille aux yeux jaunes, coiffée d’un mouchoir écarlate,

Frappe à coups redoublés un drap, long de trois aunes,

Qui pourrait bien être un linceul…

Et le battoir tombe et retombe

Sur cette nappe de la tombe,

Mêlant son diabolique et formidable bruit

Aux sifflements aigus du vent qui devient trombe,

Et tout s’efface dans la nuit.

Qu’est-ce donc que cette vision ? Recouvre-t-elle un sens caché ?

Le plus remarquable de ces poëmes remplis d’hallucinations, vous le trouverez tout à la fin du volume, portant ce titre : Où vais-je ? C’est la vie de l’homme entraîné par ses passions comme par un vertige vers l’abîme, que le poëte représente sous la forme d’une course affolée à travers la nuit par les marais et les fondrières de son pays.

Et je tombe, et je retombe ! oh !
Ce chemin sera mon tombeau !
Un abominable corbeau

Me le croasse !…

Bah ! je marche toujours ! bravant
Les pierres, la nuit et le vent !
J’affrontais bien auparavant

La vase infecte !

(page 203)

Où que j’aventure mon pied
Je trébuche à m’estropier…
Mais dans ce rocailleux guêpier

Je me délecte !

M. Rollinat a dans son portefeuille un assez grand nombre d’études poétiques sur ce vertige moral qui, chez l’homme vicieux, assaille et détruit le libre arbitre ; l’une d’elles paraîtra prochainement dans le Courrier.

Où vais-je ? se demandait le poëte : c’est qu’il a perdu ce qui faisait sa force et sa joie : elle est morte, l’amie qu’il avait conduite loin de Paris pour lui rendre la santé dans l’air vivifiant des brandes. Les vers qu’il lui consacre renferment des beautés de premier ordre. Cette fois, je ne crains pas de citer largement :

Je viens d’enterrer ma maîtresse,
Et je rentre, au déclin du jour,
Dans ce gîte où la mort traîtresse
A fauché mon dernier amour.

En m’en allant au cimetière
Je sanglotais par les chemins,
Et la nature tout entière
Se cachait le front dans les mains.

Oh ! oui ! la nature était triste
Dans ses bruits et dans sa couleur ;
Pour un jour, la grande Égoïste
Se conformait à ma douleur…

Et, comme moi, soleil, fleur, guêpe,
Tout ce qui vole, embaume, ou luit.
Tout semblait se voiler d’un crêpe,
Et le jour était plein de nuit.

Après avoir associé la nature à son deuil, le poëte analyse sa douleur, et se rappelle tout ce qu’il a perdu :

En vain, j’évoque la magie
D’un être qui m’était si cher…

Ce n’est qu’en rêve que je touche
Et que j’entends et que je vois
Ses yeux, son front, ses seins, sa bouche
Et la musique de sa voix !

(page 204)

Matins bleus, jours gais, nuits d’extase,
Colloque à l’ombre du buisson
Où le baiser coupait la phrase
Et qui mourait dans un frisson,

Tout cela, chimères et leurre,
Dans la mort s’est évaporé !
Et je me lamente et je pleure
A jamais farouche et navré.

Puis, dans une vision d’un réalisme horrible et, selon moi, hideux, il aperçoit sa bien-aimée en proie à la dissolution sous « les baisers mous » du ver féroce…

Sa robe, son coussin de ouate,
Ses fleurs, ses cheveux, son linceul
Moisiront dans l’horrible boîte.
Son squelette sera tout seul.

Hélas ! le squelette lui-même
A la fin se consumera,
Et de celle que mon cœur aime
Un peu de terre restera…

Et il conclut avec une tristesse amère :

Mes espérances ? renversées !
Mon rêve d’or ? anéanti !
Entre quatre planches vissées
Tout mon bonheur s’est englouti.

On ne peut contester à M. Rollinat quelques-uns des dons qui font le poëte, le vrai, le grand poëte. Il sait voir les choses et les êtres non pas seulement dans leur apparence superficielle, mais dans leur réalité intime, dans leur individualité, dans ce qui les rend vivants. Il est doué aussi d’une puissante imagination, qui a le tort peut-être de ne pas reculer devant le bizarre, mais qui a le mérite de détester les chemins battus. Enfin, ce qu’il voit et ce qu’il imagine, M. Rollinat sait l’exprimer en artiste. Que peut-il bien lui manquer ? Je vais dire quelque chose d’énorme, de fantasque : ce qui lui fait défaut, pour le moment du moins, c’est l’idée, c’est une conception profonde de la vie humaine, c’est une philosophie. Je sais bien qu’en parlant ainsi je fais rire à mes dépens, car on admet de nos jours comme un axiome que la poésie et la pensée n’ont rien de commun, et que, pour être poëte, il suffit de peindre un objet (page 205) quelconque avec les couleurs appropriées. Que voulez-vous ? nous autres arriérés, nous prétendons qu’un pareil procédé permet bien de produire des objets de curiosité, mais non des objets d’art. Si nous analysions les plus belles poésies de M. Rollinat, nous trouverions, je crois, que le trait qui les distingue des autres, c’est précisément l’idée. Mais laissons cette question sur laquelle on peut discuter à perte de vue ; il est une autre critique plus précise que je prends la liberté de soumettre au poëte, ou plutôt je restreins et limite mon éloge de tout à l’heure. Il sait exprimer ce qu’il sent, disais-je. Oui, pour autant que l’expression est un don, il a ce talent naturel, et même à un degré éminent. Mais, dans l’art d’exprimer sa pensée, il y a aussi une part qui veut être acquise par le travail et l’exercice, et, à cet égard, les poëmes de M. Rollinat me paraissent encore éloignés de la perfection. J’y trouve des incorrections, des négligences, des bavures. Bien des épithètes sonnent faux, par exemple : le cauchemar tueur, mon âme brune, les fronts mystiques des femmes en pleurs, les baisers solennels qu’on dépose sur les cheveux de sa maîtresse, le bétail magique qui paît dans la lande. Je ne pense pas non plus que l’anglais humour puisse remplacer le mot français quand il est question d’ « humeur satanique » : le sens est tout autre. « Pourvu que je me rende » ne saurait signifier « pourvu que j’arrive ». « Narguer l’attirance épouvantable du linceul » me semble une expression presque comique… Tout cela est bien pédant, je le sais sans qu’on m’en avertisse. Mais les pédants ont du bon, – à une condition : c’est que tout en se moquant d’eux, on les écoute.

Parlons sérieusement : la poésie française a atteint une telle perfection de la forme qu’aucune négligence ne peut plus être supportée. On ne compte parmi les poëtes que si l’on est à la fois un compositeur original et un exécutant accompli. Encore quelques progrès dans les détails du style, et M. Rollinat prendra rang décidément parmi les forts.

 

T. COLANI.

 

(1) Édition in-18 jésus, de Calmann Lévy. Tome IV, p. 84 et suiv.

 

Remarques de Régis Crosnier :

– 1 – Qui est T. Colani, auteur de cet article ? Dans le premier numéro du Courrier littéraire, daté du 10 mars 1876, T. Colani est « Directeur du Courrier littéraire » et G. Fischbacher « De la librairie Sandoz et Fischbacher, Propriétaire-Gérant du Courrier littéraire ». Fischbacher est l’éditeur de Dans les Brandes.

Un article nécrologique paru dans Le Livre du 10 octobre 1888 page 551, annonce le décès de M. T. Colani, à Grindelwald en Suisse, où il prenait quelques semaines de vacances, et précise : « Il était un des collaborateurs les plus assidus de la République française, qu’il avait pendant quelque temps rédigée en chef. Né en 1824 à Lemée (Aisne), où son père était pasteur, M. T. Colani embrassa la carrière paternelle, et, après avoir été couronné par la Faculté de théologie protestante de Strasbourg, il fonda la Revue de théologie et de philosophie chrétiennes. On lui doit également un certain nombre de travaux de critique sacrée, d’histoire et de philosophie. Il avait été, en 1876, rédacteur en chef du Courrier littéraire. »

Il s’agit donc de Timothée Colani (1824-1888) dont voici la notice de la BnF : « Théologien réformé, puis luthérien. – Pasteur de la paroisse Saint-Nicolas de Strasbourg (1859-1870). – Conservateur-adjoint à la Sorbonne (nommé en 1877). – Membre de la Commission des bibliothèques pédagogiques (1879) ».

– 2 – Maurice Rollinat dans une lettre à son ami Raoul Lafagette datée du 28 avril 1877, espère avoir un article de Colani (sans préciser le journal) : « Colani dont j’ai fait la conquête (puisqu’il m’insère prochainement le Fantôme du Crime) doit me faire un article spécial… Je ne suis pas trop mécontent. » Le 9 juin 1977, il écrit à son ami à propos de Colani et de cet article : « Je n’ai pas encore d’article dans la presse si ce n’est 4 ou 5 pages de critique dans le Courrier littéraire, par Mr Colani. Sans doute, cet homme n’est pas un raffiné, mais tel qu’il est conçu et rédigé, son article dénote une certaine compréhension de la nature, dans tous les cas, il est sincère à outrance. En somme, je suis très satisfait de ce côté : je ne m’attendais certes pas à autant d’intelligence quasi artistique. » Puis dans sa lettre au même, le 20 juin 1877, il précise : « Colani est un homme entier dans ses jugements, d’un abord assez difficile, et qui a besoin de connaître les gens pour leur donner signe de vie. J’ai dû le fréquenter et me rencontrer souvent avec lui pour en obtenir la critique sincère qu’il m’a faite. »

– 3 – À notre connaissance, cet article est le premier consacré à Maurice Rollinat. Auprès de qui, Timothée Colani a-t-il obtenu ses renseignements ? Il écrit « Ses amis m’assurent qu’il tient de l’un et de l’autre. » Mais Maurice Rollinat affirme l’avoir fréquenté et rencontré souvent (voir 2 ci-dessus). Qui a indiqué qu’il était le filleul de George Sand ? (page 199) – Celle-ci n’est pas sa marraine religieuse puisque c’est sa tante Emma Didion (George Sand peut être considérée comme sa marraine littéraire). – Est-ce Maurice Rollinat lui-même ? Nous retrouverons cette affirmation tout au long de sa vie et nous n’avons pas trouvé de démenti de la part de Maurice Rollinat.

– 4 – Le poème annoncé en haut de la page 203 est « Le Fantôme du Crime » paru dans Le Courrier littéraire n° 6 du 25 mai 1877, pages 264 à 266 (à noter que ce poème sera publié dans Les Névroses, pages 3 à 5, et non dans Dans les Brandes).