Dossier Maurice Rollinat

 

MAURICE ROLLINAT DANS LA PRESSE

Portrait de Maurice Rollinat par Catherine Réault-Crosnier.

 

Le Chat Noir

N° 56 du 3 février 1883

Page 16 (quatrième du numéro)

(Voir le texte d’origine sur Gallica)

 

 

LA MARSEILLAISE DES CHATS NOIRS

(Air du Vitrier qui passe)

 

REFRAIN :

Encor un coup d’aile dans l’ bleu,
V’là l’Idéal qui passe,
Encor un coup d’aile dans l’ bleu,
L’ bourgeois n’y voit qu’ du feu !

De Rollinat, chanteur fantomatique
La découverte a fait un bruit d’enfer.
A Mossieu Wolf pour donner la réplique,
Des découvert’s efforçons-nous d’en fair’ !

Encor un coup d’aile dans l’ bleu, etc.

Emil’ Goudeau, le paradox’ fait homme,
Chante la femme en ses vers bitumeux.
Il a conquis l’estime d’Henry Somm
Et c’est un’ preuv’ qu’il deviendra fameux !

Encor un coup d’aile, etc.

Fernand Crésy, poète rastacouère
Beaucoup plus grand qu’ les rocs pyrénéens,
Cherche le beau dans la campagne où erre
Une pastoure aux bras marmoréens.

Encor un coup d’aile, etc.

Y a d’Haraucourt, rimeur qu’attend la gloire,
Il fait du « chaste » et prouve abondamment
Qu’ Victor Hugo n’est qu’un’ viel’ balançoire
Et qu’il n’est qu’ temps qu’il fasse son testament.

Encor un coup d’aile, etc.

Ave’ Lorin, long, lent, las – Fantaisiste
Couvant Paris de ses yeux grands ouverts,
Y a Melandri qui pratiqu’ le vers triste.
Il aim’ mieux ça qu’ d’écrire en tristes vers.

Encor un coup d’aile, etc.

Un pur, un vrai, le bon Charles Frémine
Rimeur joyeux, aimé des camaros
De l’épater en vain on ferait mine…
Mais il n’a pas la couleur qu’à Marrot.

Encor un coup d’aile, etc.

V’là Krysinska, dans sa robe d’aurore
(Chante, ô mon luth, et vous, sonnez, sonnets !)
Pour célébrer la diva qu’il adore,
Tout le Chat noir répète en polonais :

Encor un coup d’aile, etc.

Detouche y a qu’est peintre et philosophe.
Pour crayonner les cocott’s, les gommeux,
Il possède un talent très chocnosophe
Et n’a pas l’ tort de s’habiller comme eux.

Encor un coup d’aile, etc.

Willette, enfin, crayon chéri d’ la muse,
Amant d’ la lune et d’ son ami Pierrot,
Tous ces noms-là seront si je n’ m’abuse
Dans le bouquin du nommé Vapereau !

Encor un coup d’aile, etc.

Du blond Salis le bock est littéraire.
Il rime, il peint, il fume et cœtera !
En admirant sa têt’ de mousquetaire
Juliett’ Lambert s’écriait : nom d’un rat :

Encor un coup d’aile dans l’ bleu
V’là l’Idéal qui passe,
Encor un coup d’aile dans l’ bleu,
L’ bourgeois n’y voit qu’ du feu !

 

Vox Populi.