Dossier Maurice Rollinat

 

MAURICE ROLLINAT DANS LA PRESSE

Portrait de Maurice Rollinat par Catherine Réault-Crosnier.

 

La Presse

Vendredi 2 mars 1883

Page 2.

(Voir le texte d’origine sur Gallica.)

 

 

CHRONIQUE

LES NÉVROSES

 

L’apparition des Névroses a été accompagnée d’une sorte de sonnerie triomphale dans toute la presse parisienne. On ne fête pas autrement la naissance des rois.

– Un poète nous est né ! ont crié les nombreux amis de M. Maurice Rollinat.

– Un poète ? Heu ! heu ! hem ! hem ! ont répondu les critiques sourcilleux mettant leur éteignoir au poing, et cherchant des yeux cette jeune gloire pour la coiffer sans retour.

D’autres voix se sont élevées :

– Un poète ? Bravo ! Qu’il grandisse ! qu’il plane, qu’il brille sur nos fronts, ce soleil idéal. Brises du ciel, chassez tous les nuages devant lui et que rien ne voile sa splendeur triomphale. – Mais, au fait, êtes-vous bien sûr que ce soit un poète. Voyons ses chants.

Ainsi parlent les critiques de bonne foi, et ils ouvrent les Névroses en amis disposés à la bienveillance pour ce demi-dieu qu’on appelle poète.

Les Névroses sont divisées en cinq parties : les Ames, les Luxures, les Refuges, les Spectres, les Ténèbres.

Si l’on considère que les Ames ne parlent que de sensations matérielles, assez subtiles d’ailleurs, on conviendra que ces têtes de chapitres ne promettent ni chants de fête ni rêveries extatiques. Nous sommes bien loin des « rêveurs à nacelles », des « amants de lacs et de cascatelles ».

Sur ce simple énoncé de chapitres, le gros de nos Aristarques s’est cabré. Ils ont blâmé, flétri même ce parti pris du sombre, du funèbre, du macabre.

Il faut leur répondre, avec l’auteur des Orientales, que « le critique n’a pas le droit de questionner le poète sur sa fantaisie et de lui demander pourquoi il a choisi tel sujet, broyé telle couleur, cueilli à tel arbre, puisé à telle source. L’ouvrage est-il bon ou mauvais ? Voilà tout le domaine de la critique. »

Il a plu à M. Rollinat de faire du « sensualisme épidermique » durant tout un volume et d’y allier des hallucinations de carabin et de croque-mort. Peu m’importe. Je cherche l’artiste. J’aime à croire que le chantre des Névroses ne nous a pas donné toutes les notes de son registre et qu’un autre volume continuera la gamme ascendante. Pour l’heure, je ne veux songer qu’à ce qui est.

Les Luxures chantent les merveilles de la chair dans la femme. C’est une sorte d’Art d’aimer comparable à celui du poète latin. L’auteur justifie pleinement son titre et son sous-titre : il nous mène véritablement en plein domaine de la névrose de luxure. Il déshabille la femme avec un raffinement de sensualité dont n’approcha aucun poète érotique, et il détaille ses perfections physiques en peintre et en sculpteur. Il procède par comparaisons et par énumérations de comparaisons ;

O mains d’ambre rosé !… O petits pieds !… O jarretières noires !… O seins, poires de chair !… Cheveux d’or… Ventre pâle… Cuisse de marbre…

Ventre pâle où je lis un poème de spasmes.

L’amour, tel que le peint M. Rollinat dans ses Luxures, ne réalise qu’une moitié de cette définition bien connue : « L’échange de deux fantaisies et le contact de deux épidermes ». La fantaisie fait défaut. L’amant s’arrête à l’épiderme. Sa maitresse est une

… Svelte beauté, sensitive jolie :
Elle a l’œil tendre et la taille qui plie.

Il s’extasie sur son geste pensif (?), sa bouche d’enfant, ses regards profonds, sa joue inquiète (?). Elle a « une tête française avec un air suédois », un « pied de gazelle » et « de jolis petits doigts ».

A-t-elle un cœur, une âme, une imagination, une pensée, une volonté ? Nous n’en savons rien. C’est une bonne fille qui ne vit que pour le baiser et l’étreinte amoureuse.

Aussi le poète semble-t-il étrangement sévère lorsque, dans ses Spectres et ses Ténèbres, il reproche au corps « pourri » de la femme d’avoir eu « l’âme glacée ». En vérité c’est s’y prendre bien tard pour nous parler de cette âme dont on ne soupçonnait pas l’existence et dont l’amant se passait très philosophiquement.

Pour compléter les linéaments généraux du livre, j’ajouterai que, dans les Refuges, M. Rollinat est paysagiste ; je prends ce mot dans toute sa force étymologique.

Les Spectres nous offrent de superbes évocations d’ombres et de squelettes, nous promènent dans les cimetières, nous étalent les cadavres en décomposition. C’est Hoffmann, Valdès Léal, Zurbaran, et c’est aussi Goya.

Les Ténèbres sont un effort du poète pour reculer les bornes de l’horreur. Il nous fait accouder au chevet des trépassés, nous promène de la Morgue aux caveaux funèbres. Enfin, il nous fausse compagnie en disparaissant lui-même dans « la fosse moite » et le livre se ferme sur l’épitaphe de l’auteur.

Un grand nombre de critiques représentent M. Rollinat comme un imitateur servile de Baudelaire. Je trouve, au contraire, que l’auteur des Névroses a sa marque individuelle, son cachet personnel et qu’il est souverainement injuste d’en faire un simple copiste.

Si j’avais à définir la nature particulière de ces deux peintres de notre misère et de notre néant, je dirais que Baudelaire était l’observateur qui étudiait en critique les « fleurs du mal » qu’il voyait autour de lui et toujours hors de lui, tandis que l’auteur des Névroses chante comme un névrosé. Sous ce rapport, M. Rollinat se rapproche beaucoup d’Edgard Poë.

Ce qui appelle surtout l’attention, dans les Névroses, c’est la langue parlée par l’auteur. On a dit que le vers français se refusait, par sa structure « à l’expression de la particularité significative ». M. Rollinat s’est insurgé contre ce reproche adressé à notre langue. Il a montré quelle souplesse l’artiste d’élite peut trouver dans cet instrument. Il est parvenu à « serrer de plus près l’inexprimable » et à rendre ces nuances fugitives qui flottent « entre le son et la couleur ».

A vrai dire, le poète a dû recourir souvent au néologisme pour contraindre l’idée à se renfermer dans le moule du vers, mais toutes les poétiques ont consacré ce droit. Peut-être M. Rollinat est-il allé un peu trop loin dans ses licences. Toutes ses créations ne sont pas également heureuses, comme on en peut juger par les exemples que voici :

Voix infiltreuse d’espoir – fantômes asphyxieurs – vieillard cireuxnaturistes, suiveurs familiers – zéphyrs angélisés – rubans papillonneursemparadisante ingénue – un enlinceulement – une magique attirance – femme bougeuse comme l’onde – chair frôleuse – corolle aspireuse – l’ocreux peuplier – formes gesticuleuses, etc., etc.

Quoi qu’on en puisse dire de ces termes bizarres, j’estime avec un illustre poète que l’artiste n’a pas outrepassé son droit et que « les quatorze cents mots du dialecte racinien ne suffisent pas à l’auteur qui s’est donné la rude tâche de rendre les idées et les choses modernes dans leur infinie complexité et leur multiple coloration ».

Il est toutefois une chose qui frappe étrangement à la lecture des Névroses, c’est l’abus de la terminologie médicale et scientifique. D’autre part, malgré le grand nombre de néologismes qu’il introduit dans la langue dont il se sert, M. Rollinat ne varie pas assez les termes. Il est des mots violents qu’on trouve jusqu’à quatre et cinq fois par pièce. Il abuse singulièrement des « râles ». On entend râler presque toutes les pages. A la longue on éprouve une impression désagréable par la répétition immodérée des termes suivants : humer, haleter, rôder, hanter, navré, rouillé, frôler, jaser, hantise, corrode, envoûter, ventouses, frôleuse, stupeur, torpeur, crapaud, chuchoteur, traîner, fièvre et chèvre, vrillement, soliloquer, pourri, etc., etc.

On remarque, en outre, une exagération singulière du rôle de l’adjectif. Je pourrais citer des strophes par centaines, où toutes les rimes, sans exception, sont formées par des adjectifs. Cet abus du qualificatif fait tomber le poète dans un travers que Boileau lui-même blâmait chez les classiques de son temps, et qu’il persifla dans ce modèle des vers « à échasses » :

De ce sourcilleux roc, l’inébranlable cime.

Les névroses abondent en vers formés par la gémination de deux substantifs accompagnés d’un adjectif, comme les suivants :

– Intime confident du vrai musicien.
– Rageuse inquiétude et patience blême.
– Dans l’air silencieux des solitudes mornes.
– Le savoureux tourment de mon art volontaire.
– Les apparitions vagues des êtres chers.
– L’abominable toux du poitrinaire mince.

J’ai relevé ça et là quelques réminiscences des maîtres. Celles-ci entre autres :

Et qui suspend son âme aux ailes du baiser.

Souvenir de ce vers de Musset :

Et qui suspend son âme aux lèvres de la nuit.

Ce vers :

Brillaient comme une invisible gaze.

ressemble à cet autre des Orientales :

Brillaient comme à travers une dentelle noire.

Et les vers suivants dont le lecteur trouvera aisément les pareils :

– En maudissant l’amour qu’il eût voulu bénir.
– Double comme la vie et non comme la mort.
– Ton frôlement me fait tressaillir jusqu’aux os.

A l’égard des répétitions dont j’ai parlé plus haut, je pourrais citer les suivantes : – Ce qui mouille l’étincelle du regard. – Un son mouillé. – Un timbre mouillé. – Aux bruits mouillés tendres et fous, – ses yeux mouillaient leur singerie (?), etc…

On rencontre un assez grand nombre de pensées obscures, difficilement explicables, comme dans ces vers :

– Exhalent des regards qui sont des baisers bleus.
– Car ces magiques yeux avaient pour se farder
Le bistre du plaisir et la pâleur des larmes.
– J’entends claquer des ailes d’anges
Et des linceuls de revenants.
– Railleur mystérieux de l’esprit pèlerin.
– Mais, raffinant alors sa tortuosité,
La fièvre tourne en moi ses plus creusantes vrilles.
– Dans nos baisers démoniaques
Comme deux serpents maniaques.
– Plainte exquise, harmonieux râle,
Interminable et doux hoquet.
– Tord sous les cieux muets ses éternels sanglots.
– Ils (des souliers) brodent sur mon cœur leur silhouette exquise.

En revanche les beaux vers abondent et, en dehors de ceux qui remplissent sans vide ni défaillance des pièces entières, il en est de merveilleux à toutes les pages du volume.

Est-il rien de plus délicieusement pictural que cette esquisse de la nappe d’eau d’une rivière :

Comme un grand velours vert qui serait diaphane.

Il sera plus expéditif et plus pratique de citer des stances entières. Je détache les strophes suivantes des Marches funèbres :

Toi, dont les longs doigts blancs de statue amoureuse,
Agiles sous le poids des somptueux anneaux.
Tirent la voix qui berce et le sanglot qui creuse,
Des entrailles d’acier de tes grands pianos,

Toi, le cœur inspiré qui veux que l’Harmonie
Soit une mer où vogue un chant mélodieux,
Toi qui, dans la musique, à force de génie,
Fais chanter les retours et gémir les adieux.

La Belle Fromagère est superbe d’un bout à l’autre. En voici les premières strophes :

Par la rue enfiévrante où mes pas inquiets
Se traînent au soleil comme au gaz, je voyais

Derrière une affreuse vitrine

Où s’étalaient du beurre et des fromages gras,
Une superbe enfant dont j’admirais les bras

Et la plantureuse poitrine,

Le fait est que jamais fille ne m’empoigna
Comme elle, et que jamais mon œil fou ne lorgna

De beauté plus affriolante !

Un nimbe de jeunesse ardente et de santé
Auréolait ce corps frais où la puberté

Était encore somnolente.

Elle allait portant haut dans l’étroit magasin
Son casque de cheveux plus noirs que le fusain

Et, douce trotteuse en galoches,

Furetait d’un air gai dans les coins et recoins,
Tandis que les bondons, jaunes comme des coings

Se liquéfiaient sous les cloches.

Armés d’un petit fil de laiton ses doigts vifs
Détaillaient prestement des beurres maladifs

A des acheteuses blafardes ;

Des beurres, qu’on savait d’un rance capiteux,
Et qui suaient l’horreur dans leurs linges piteux,

Comme un affamé dans ses hardes.

Le Petit Lièvre est un bijou, une perle fine enchâssée dans l’or le plus fin :

Brusque, avec un frisson
De frayeur et de fièvre,
On voit le petit lièvre
S’échapper du buisson.
Ni mouche ni pinson ;
Ni pâtre avec sa chèvre,

La chanson
Sur la lèvre.

Tremblant au moindre accroc,
La barbe hérissée
Et l’oreille dressée,
Le timide levraut
Part et se risque au trot,
Car l’aube nuancée

N’est pas trop
Avancée.

L’animal anxieux
S’assied sur une fesse ;
Et pendant qu’il paresse,
La brume dans les yeux,
Le grand saule pieux
S’agenouille et s’affaisse

Comme un vieux
A confesse.

N’entend-il pas quelqu’un ?
Non ! ce n’est que la brise
Qui caresse et qui grise
Son petit corps à jeun.
Et dans le taillis brun
Le fou s’aromatise

Au parfum
Du cytise.

Dans le matin pâlot,
Leste et troussant sa queue,
Il fait plus d’une lieue
D’un seul trait, au galop.
Il s’arrête au solo
Du joli hoche-queue,

Près de l’eau
Verte et bleue.

Terrains mous, terrains durs,
En tout lieu son pied trotte ;
Et poudreux, plein de crotte,
Ce rôdeur des blés mûrs
Hante les trous obscurs
Où la source chevrote,

Les vieux murs
Et la grotte.

L’aube suspend ses pleurs
Au treillis des barrières,
Et sur l’eau des carrières
Fait flotter ses couleurs.
Et les bois roucouleurs,
L’herbe des fondrières

Et les fleurs
Des clairières,

L’if qui se rabougrit,
Le roc vêtu d’ouate
Où le genêt s’emboîte,
La forêt qui maigrit,
La mare qui tarit,
L’ornière creuse et moite :

Tout sourit
Et miroite.

L’Allée des Peupliers est une symphonie prodigieuse qui n’a rien d’égal dans aucun poète contemporain. Mais ce qui est positivement incomparable et qui défie tout parallèle avec les plus riches joyaux de notre écrin poétique en France, c’est la Vache au Taureau. La pièce est parfaite. Le mot n’est pas exagéré. Je n’en puis citer que quelques fragments faute d’espace.

A l’aube, à l’heure exquise où l’âme du sureau
Baise au bord des marais la tristesse du saule,
Jeanne, pieds et bras nus, l’aiguillon sur l’épaule,
Conduit par le chemin sa génisse au taureau.

Compagnonnage errant de placides femelles,
Plantureuses Vénus de l’animalité,
Qui, dans un nonchaloir plein de bonne santé,
S’en vont à pas égaux comme deux sœurs jumelles.
.  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .

Aussi, rocs et buissons, les chênes et les chaumes
Semblent leur dire, émus de cette humble union,
Qu’en ce jour c’est la fête et la communion
Des formes, des clartés, des bruits et des arômes.
.  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .

Ses cornes aux bouts noirs, arquant leurs fines pointes,
Parent son doux visage ; et d’un air ingénu,
Toute neuve, elle apporte à son mâle inconnu
Ses lèvres de pucelle hermétiquement jointes.
.  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .

La vache, en mal d’amour, brame, le cou tendu,
Ou flaire les gazons, sans danger qu’elle y morde ;
Et la fille, en chantant, la mène par la corde,
Ivre et sereine au fond de ce pays perdu.

Puis, c’est la rencontre de deux bêtes énamourées :

Alors, ces animaux tremblants et tout émus,
Comme pour se conter les ruts qui les harassent,
Se hument longuement, se pourlèchent, s’embrassent,
Corne à corne, et joignant leurs gros museaux camus.

Graves et solennels près de cette voiture,
Ils ont l’air de comprendre, avec le libre instinct,
Qu’ils vont se donner là, sous l’œil blanc du Matin,
Le grand baiser d’amour qui peuple la Nature.

La lecture de la Baigneuse, des Serpents et des Petits Fauteuils, confirmera tout juge impartial dans ce sentiment : que M. Rollinat est, malgré les défauts signalés plus haut, un artiste véritablement original et souverainement puissant dans le genre qu’il traite. Serait-il aussi grand dans les autres genres ? Je n’entreprendrai pas de le décider ; j’en doute néanmoins.

Démocritos.

 

 

Remarques de Régis Crosnier :

– 1 – La phrase « Nous sommes bien loin des "rêveurs à nacelles", des "amants de lacs et de cascatelles". » renvoie aux vers « Mais je hais les pleurards, les rêveurs à nacelles, / Les amants de la nuit, des lacs, des cascatelles, » du poème « La Coupe et les Lèvres » d’Alfred de Musset (page 142 de Premières Poésies 1829 – 1835, Librairie Larousse, Paris, 1907, 240 pages) ().

– 2 – Les Orientales est un livre de Victor Hugo (Charles Gosselin libraire, Paris, 1829, XI + 424 pages). La citation « le critique n’a pas le droit de questionner le poète sur sa fantaisie et de lui demander pourquoi il a choisi tel sujet, broyé telle couleur, cueilli à tel arbre, puisé à telle source. L’ouvrage est-il bon ou mauvais ? Voilà tout le domaine de la critique. » correspond au début de la préface écrite par Victor Hugo. La phrase exacte est : « L’auteur de ce recueil n’est pas de ceux qui reconnaissent à la critique le droit de questionner (…). »

– 3 – La citation « L’échange de deux fantaisies et le contact de deux épidermes. » est Sébastien-Roch-Nicolas de Chamfort (extraite de « Maximes et Pensées », page 145 de Œuvres de Chamfort recueillies et publiées par un de ses amis, tome 4, Imprimerie des Sciences et Arts, Paris, 1794, VIII + 344 pages).

– 4 – L’expression « On a dit que le vers français se refusait, par sa structure "à l’expression de la particularité significative." » fait référence à la phrase de Théophile Gautier : « Sans avoir, comme jadis, l’horreur du mot propre et l’amour de la périphrase, le vers français se refuse, par sa structure même, à l’expression de la particularité significative, et, s’il s’obstine à la faire entrer dans son cadre étroit, il devient bien vite dur, rocailleux et pénible. », figurant dans la préface (page 72) des Fleurs du Mal de Charles Baudelaire (Michel Lévy frères libraires éditeurs, Paris, 1868, 411 pages).

La phrase « Il est parvenu à "serrer de plus près l’inexprimable" et à rendre ces nuances fugitives qui flottent "entre le son et la couleur". » est un parallèle avec celle de Théophile Gautier à propos de Charles Baudelaire : « Il a pu serrer de plus près l’inexprimable et rendre ces nuances fugitives qui flottent entre le son et la couleur et ces pensées qui ressemblent à des motifs d’arabesques ou à des thèmes de phrases musicales. » (même page). Ainsi, l’auteur de l’article veut montrer la proximité entre Maurice Rollinat et Charles Baudelaire.

– 5 – La citation « les quatorze cents mots du dialecte racinien ne suffisent pas à l’auteur qui s’est donné la rude tâche de rendre les idées et les choses modernes dans leur infinie complexité et leur multiple coloration » est extraite de la même préface (page 18).

– 6 – Lorsque l’auteur de l’article écrit : « Boileau lui-même blâmait chez les classiques de son temps, et qu’il persifla dans ce modèle des vers "à échasses" », il fait vraisemblablement référence aux vers suivants extraits de la Satire IV : « Chapelain veut rimer, et c’est là sa folie, / (…) / Lui faisant voir ses vers et sans force et sans grâces, / Montés sur deux grands mots, comme sur deux échasses ; / Ses termes sans raison l’un de l’autre écartés, / Et ses froids ornemens à la ligne plantés ? ».

Le vers « De ce sourcilleux roc, l’inébranlable cime. » est de Chapelain (voir la note 3 de la page 44 des Œuvres complètes de Nicolas Boileau-Despréaux éditées par M. Édouard Fournier, Laplace Sanchez et Cie éditeurs, Paris, 1873, LX + 479 pages).

– 7 – La citation « Et qui suspend son âme aux lèvres de la nuit. » de Musset correspond aux vers « Et ne le cachant pas, et suspendant son âme, / Comme un luth éolien, aux lèvres de la Nuit. » extraits du poème « Namouna » (page 233 de Premières Poésies 1829 – 1835, op. cité).

– 8 – Le vers de Victor Hugo « Brillaient comme à travers une dentelle noire. » est extrait du poème « Le feu du ciel » page 21 des Orientales (op. cité) (https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b8626456q/f45). NB : le texte exact est « Brillait comme (…) ».