21èmes RENCONTRES LITTÉRAIRES
DANS LE JARDIN DES PRÉBENDES, À TOURS
Vendredi 2 août 2019, de 17 h 30 à 19 h
Spectacle de poésie « L’enfant » |
Lire la présentation de cette Rencontre.
Partons au fil du temps, avec les poètes ayant mis en valeur l’enfant :
François Villon (1430 ou 1431 – 1463 ?), poète de la fin du Moyen-âge, eut une enfance difficile. Né dans une famille pauvre, orphelin très jeune, il fut recueilli par le chanoine Guillaume de Villon, son tuteur qui avait remarqué son intelligence. De 1443 à 1452, il fut étudiant à Paris. Il fut reçu bachelier en 1449 puis licencié ès maître Arts de l’Université de Paris, pour devenir clerc mais il devient très vite « un mauvais garçon ». Ses poèmes sont poignants de vérité et de regrets du temps de sa jeunesse gâchée, liée aussi certainement à la douleur de carence d’amour familial. François Villon est toujours d’actualité puisque des chanteurs contemporains continuent à mettre ses poèmes en musique dont Alain Souchon pour le poème :
Pauvre je suis de ma jeunesse,
De pauvre et de petite extrace ;
Mon père n’eut oncq grand richesse,
Ne son aïeul, nommé Orace ;
Pauvreté nous suit et trace.
Sur les tombeaux de mes ancêtres,
Les âmes desquels Dieu embrasse,
On n’y voit couronnes ne sceptres.
(François Villon, Le grand Testament, Œuvres complètes p. 48)
Je plains le temps de ma jeunesse,
Auquel j’ai plus qu’autre gallé
Jusqu’à l’entrée de vieillesse,
Qui son parement m’a celé.
Il ne s’en est à pied allé
N’a cheval : hélas ! comment don ?
Soudainement s’en est vollé
Et ne m’a laissé quelque don.
(François Villon, Le grand Testament, Œuvres complètes p. 42)
gallé = mené joyeuse vie
Dans Le Testament paru en 1461, il regrette sa folle jeunesse et sa vie de mauvais enfant. Son repentir est émouvant car il part du cœur. François Villon utilise des mots poignants.
Eh ! Dieu, se j’eusse étudié
Au temps de ma jeunesse folle,
Et à bonnes meurs dédié,
J’eusse maison et couche molle.
Mais quoi ? je fuyais l’école,
Comme fait le mauvais enfant.
En écrivant cette parole,
A peu que le cœur ne me fend.
(François Villon, Le grand Testament, Œuvres complètes p. 44)
Écolier, il écrivit, un long poème qui le rendit célèbre de suite. Déjà talentueux poète, dans un style empli de franchise, il exprime sa révolte. Voici le début :
L’an mil quatre cent cinquante six,
Je, Françoy Villon, escolier,
Considérant, de sens rassis,
Le frain aux dens, franc au collier,
Qu’on doit ses œuvres conseiller,
Comme Vegece le raconte,
Sage romain, grand conseiller,
Ou autrement on se mescompte…
(François Villon, Lais, Œuvres complètes pp. 9 et 10)
Une partie du public.
Jean-Pierre Claris de Florian (1755 – 1794), un siècle après Jean de La Fontaine, a apprécié d’écrire des fables en leur donnant une morale. Il peut nous montrer avec délicatesse, les réactions d’un tout petit devant l’inconnu et combien l’attention de sa mère l’aide à y faire face :
L’ENFANT ET LE MIROIR
Un enfant élevé dans un pauvre village
Revint chez ses parents, et fut surpris d’y voir
Un miroir.
D’abord il aima son image ;
Et puis, par un travers bien digne d’un enfant,
Et même d’un être plus grand,
Il veut outrager ce qu’il aime,
Lui fait une grimace, et le miroir la rend.
Alors son dépit est extrême :
Il lui montre son poing menaçant ;
Il se voit menacé de même.
Notre marmot fâché, s’en vient, en frémissant,
Battre cette image insolente ;
Il se fait mal aux mains. Sa colère augmente ;
Et furieux, au désespoir,
Le voilà, devant ce miroir,
Criant, pleurant, frappant la glace.
Sa mère, qui survient, le console, l’embrasse,
Tarit ses pleurs, et doucement lui dit :
« N’as-tu pas commencé par faire la grimace
A ce méchant enfant qui cause ton dépit ?
– Oui. – Regarde à présent : tu souris,
il sourit ;
Tu tends vers lui les bras, il te les tend de
même ;
Tu n’es plus en colère, il ne se fâche plus.
De la société tu vois ici l’emblème :
Le bien, le mal, nous sont rendus. »
(Florian, Fables, Robert Laffont, pp. 87 et 88)
Victor Hugo (1802 – 1885), ce géant de la littérature, à l’intense production littéraire, n’a jamais fini de nous séduire par la qualité et la diversité de ses écrits. Il a donné une large place à l’enfant dans son œuvre. Nous pourrions citer des poèmes appris dans les écoles dont « Lorsque l’enfant paraît… » D’autres peu connus méritent aussi d’être appréciés comme ce quatrain sur une petite fille, jouant, rêvant au bord de la mer. Sous sa plume, cette jeune devient symbole de liberté, de spontanéité :
c’était l’enfant du matelot,
Elle courait jadis, pieds nus au bord du flot ;
Laissant l’eau s’approcher, puis s’enfuyant bien
vite,
Elle jouait avec la mer, toute petite.
(Victor Hugo, Vers extraits des carnets et albums de voyage (1859 – 1865), Œuvres poétiques, La Pléiade, p. 261)
Victor Hugo nous étonne aussi par son art de mettre côte à côte les contraires, pour mieux les mettre en valeur. Ainsi dans son livre L’année Terrible, celle de la guerre effroyable de 1870, le poète met côte à côte, des images de mort, d’horreur, de trahisons près d’autres étonnantes de fraîcheur à travers la joie insouciante de ses tout petits-enfants, baume pour son cœur de grand-père :
À PETITE JEANNE
Vous eûtes donc hier un an, ma bien-aimée.
Contente, vous jasez, comme, sous la ramée,
Au fond du nid plus tiède ouvrant de vagues yeux,
Les oiseaux nouveau-nés gazouillent, tout joyeux
De sentir qu’il commence à leur pousser des plumes.
Jeanne, ta bouche est rose ; et dans les gros
volumes
Dont les images font ta joie, et que je dois,
Pour te plaire, laisser chiffonner par tes doigts,
On trouve de beaux vers, mais pas un qui te vaille
Quand tout ton petit corps en me voyant tressaille ;
Les plus fameux auteurs n’ont rien écrit de mieux
Que la pensée éclose à demi dans tes yeux,
Et que ta rêverie obscure, éparse, étrange,
Regardant l’homme avec l’ignorance de l’ange.
Jeanne, Dieu n’est pas loin puisque vous êtes là.
(…)
Ah ! nouvelle venue innocente, et rêvant,
Vous avez pris pour naître une heure singulière ;
Vous êtes, Jeanne, avec les terreurs familière ;
Vous souriez devant tout un monde aux abois ;
Vous faites votre bruit d’abeille dans les bois,
Ô Jeanne, et vous mêlez votre charmant murmure
Au grand Paris faisant sonner sa grande armure.
Ah ! quand je vous entends, Jeanne, et quand je vous
vois
Chanter, et, me parlant avec votre humble voix,
Tendre vos douces mains au-dessus de nos têtes,
Il me semble que l’ombre où grondent les tempêtes
Tremble et s’éloigne avec des rugissements sourds,
Et que Dieu fait donner à la ville aux cent tours
Désemparée ainsi qu’un navire qui sombre,
Aux énormes canons gardant le rempart sombre,
À l’univers qui penche et que Paris défend,
Sa bénédiction par un petit enfant.
(Victor Hugo, L’Année Terrible, Œuvres poétiques, La Pléiade, pp. 305 et 306)
Humaniste, Victor Hugo s’attendrit et veut toujours nous faire prendre conscience de la misère du tout petit.
LES ENFANTS PAUVRES
Prenez garde à ce petit être ;
Il est bien grand, il contient Dieu.
Les enfants sont, avant de naître,
Des lumières dans le ciel bleu.
Dieu nous les offre en sa largesse ;
Ils viennent ; Dieu nous en fait don ;
Dans leur rire il met sa sagesse
Et dans leur baiser son pardon.
Leur douce clarté nous effleure.
Hélas, le bonheur est leur droit.
S’ils ont faim, le paradis pleure.
Et le ciel tremble, s’ils ont froid.
(…)
(Victor Hugo, L’Art d’être grand-père, Œuvres poétiques, La Pléiade, p. 670)
Victor Hugo, grand défenseur des opprimés, n’hésite pas à affirmer la honte du progrès quand il devient inhumain en particulier dans l’exploitation des enfants :
MELANCHOLIA
(…)
Où vont tous ces enfants dont pas un seul ne rit ?
Ces doux êtres pensifs que la fièvre maigrit ?
Ces filles de huit ans qu’on voit cheminer seules ?
Ils s’en vont travailler quinze heures sous des
meules ;
Ils vont, de l’aube au soir, faire éternellement
Dans la même prison le même mouvement.
Accroupis sous les dents d’une machine sombre,
(…)
O servitude infâme imposée à l’enfant !
(…)
Travail mauvais qui prend l’âge tendre en sa serre,
Qui produit la richesse en créant la misère,
Qui se sert d’un enfant ainsi que d’un outil !
Progrès dont on demande : « Où va-t-il ? que
veut-il ? »
(…)
O Dieu ! qu’il soit maudit au nom du travail même,
Au nom du vrai travail, sain, fécond, généreux,
Qui fait le peuple libre et qui rend l’homme
heureux !
(…)
(Victor Hugo, Les Contemplations, tome I, pp. 208 et 209)
Faisons une pause avec des comptines car elles font aussi partie du monde de la poésie en lien avec les parents, la famille. Elles permettent des moments de connivence ou servent à détendre les enfants le soir avant de dormir tels « Frère Jacques », « À la claire fontaine », « Les crocodiles », « Fais dodo Colas mon petit frère », « Pirouette, cacahuète », « Promenons-nous dans les bois », « Un éléphant, ça trompe ! » « Ne pleure pas Jeannette ». Alors partons aux pays des rêves avec des extraits de chansons bien connues ; la première « Une chanson douce » de Maurice Pon (1921 – ) a été mise en musique par Henri Salvador et interprétée en particulier par Nana Mouskouri.
Une chanson douce / Que me chantait ma maman,
En suçant mon pouce / J’écoutais en m’endormant.
Cette chanson douce, / Je veux la chanter pour toi
Car ta peau est douce / Comme la mousse des bois. (…)
La douceur et l’apaisement sont deux conditions favorisant l’endormissement du tout petit et beaucoup de parents et grands-parents se souviennent de cette berceuse traditionnelle « Doucement, s’en va le jour… » :
(Refrain) : Doucement, doucement, / S’en va le jour /
Doucement, Doucement, / À pas de velours.
La rainette dit / Sa chanson de nuit
Et le lièvre fuit / Sans un bruit.
Refrain
Dans le creux des nids, / Les oiseaux blottis
Se sont endormis / Bonne nuit.
Refrain
Jules Vallès (1832 – 1885) évoque son enfance, celle des mal-aimés, dans une trilogie dont la première partie s’intitule L’Enfant, livre dédié par lui « A tous ceux qui crevèrent d’ennui au collège ou qu’on fit pleurer dans la famille, qui pendant leur enfance, furent tyrannisés par leurs maîtres ou rossés par leurs parents, Je dédie ce livre. »
Sur son enfance dans l’appartement de ses parents au Puy-en-Velay, Vallès écrira : « C’est dans cette prison que j’ai passé les heures libres de ma vie d’enfant... » (Extrait du journal Le Réveil du 02/10/1882 et cité à la page : http://www.julesvalles.com/biographie-jules-valles.htm). Cette phrase ironique témoigne de son mal d’être, lié à l’exigüité de ses domiciles successifs mais certainement aussi, à l’absence d’amour de ses parents, remplacé par des sévices.
André Theuriet (1833 – 1907) ce poète romancier, auteur dramaturge, membre de l’Académie française, est toujours resté humain et proche de la nature dans ses écrits. Les enfants occupent peu de place dans son œuvre. Ils peuvent faire partie de l’action comme dans le poème « Les confitures » ; huit quatrains sont consacrés à la description de l’ambiance, au travail minutieux de la ménagère et un seul, vers le milieu, à l’enfant présent par ses doigts.
(…)
Doigts d’enfants, séparez sans meurtrir la groseille
Les pépins de la pulpe entr’ouverte à demi !
La grave ménagère, attentive, surveille
Ce travail délicat d’abeille ou de fourmi.
(…)
(André Theuriet, Poésies, 1860 – 1874, p. 167)
Maurice Rollinat (1846 – 1903), poète et musicien du fantastique du XIXème siècle, n’est pas proche des enfants. Pourtant il a écrit un poème attendrissant « Les deux petits frères » dans leur vie de tous les jours, peut-être en pensant à lui et à son frère aîné, Émile alors que dans « Les petits endormis », la mort du pauvre devient étonnamment presque douce et maternelle.
LES DEUX PETITS FRÈRES
Ils s’en reviennent de l’école,
Un livre dans leur petit sac.
– Au loin, on entend le ressac
De la Creuse qui dégringole.
L’aîné rapporte une bricole,
De la chandelle et du tabac.
Ils s’en reviennent de l’école,
Un livre dans leur petit sac.
Mais la nuit vient ; dans sa rigole
La grenouille fait son coac,
Et tous les deux, ayant le trac
Et tirant leur pied qui se colle,
Ils s’en reviennent de l’école.
(Maurice Rollinat, Dans les Brandes, pages 232 et 233)
LES PETITS ENDORMIS
En face d’un grand nénuphar,
Près d’un étang perdu qui vaguement moutonne,
Le petit pauvre et le petit lézard
Ont été si grisés par la chaleur d’automne
Qu’ils prolongent encor leur sieste monotone :
Et, pourtant, l’air fraîchit, le ciel devient blafard.
Puis le temps change, à grands coups sourds il
tonne !
Sans mouvement et sans regard,
Tous deux ne bougent pas ! Le hibou s’en
étonne :
D’où vient qu’ils restent là, par l’orage et si
tard ?
C’est qu’ayant bien voulu que chacun prît sa part
Du bon soleil si cher à quiconque frissonne,
Maternellement, comme une madone,
La Mort, au même instant, sur ce talus hagard
A touché du sommeil dont ne revient personne
Ces mignonnets frileux, réunis par hasard,
Le petit pauvre et le petit lézard.
(Maurice Rollinat, La Nature, pages 80 et 81)
Maurice Rollinat aborde aussi la douceur de l’amour maternel, chez de nombreux animaux dans ses poèmes appris dans les écoles, « La biche », « Le petit renardeau » ou encore dans d’autres moins connus et pourtant emplis de sentiments maternels comme :
LA JUMENT AVEUGLE
Avec l’oreille et les naseaux
Y voyant presque à sa manière,
La vieille aveugle poulinière
Paissait l’herbe au long des roseaux.
Elle devait s’inquiéter
Lorsque sa pouliche follette
S’égarait un instant seulette,
Car elle cessait de brouter.
Un hennissement sorti d’elle,
Comme un reproche plein d’émoi,
Semblant crier à l’infidèle :
« Reviens donc vite auprès de moi ! »
Parfois même en son désir tendre
De la sentir et de l’entendre,
Elle venait à pas tremblants,
Lui lécher l’épaule et la tête,
Tandis que dans ses gros yeux blancs
Pleurait sa bonne âme de bête !
(Maurice Rollinat, La Nature, pages 159 et 160)
Arthur Rimbaud (1854 – 1891) part hors des sentiers battus avec « Le bateau ivre » mais n’oublions pas qu’il a écrit tout d’abord quelques poèmes poignants d’humanité sur les enfants pauvres ou sans famille.
LES EFFARÉS
Noirs dans la neige et dans la brume,
Au grand soupirail qui s’allume,
Leurs culs en rond,
A genoux, cinq petits, – misère ! –
Regardent le boulanger faire
Le lourd pain blond…
Ils voient le fort bras blanc qui tourne
La pâte grise, et qui l’enfourne
Dans un trou clair.
Ils écoutent le bon pain cuire.
Le boulanger au gras sourire
Chante un vieil air.
Ils sont blottis, pas un ne bouge,
Au souffle du soupirail rouge
Chaud comme un sein.
Et quand, pendant que minuit sonne,
Façonné, pétillant et jaune,
On sort le pain ;
Quand, sous les poutres enfumées,
Chantent les croûtes parfumées,
Et les grillons ;
Que ce trou chaud souffle la vie ;
Ils ont leur âme si ravie
Sous leurs haillons,
Ils se ressentent si bien vivre,
Les pauvres petits pleins de givre !
– Qu’ils sont là, tous,
Collant leurs petits museaux roses
Au treillage, chantant des choses,
Entre les trous,
Mais bien bas, – comme une prière…
Repliés vers cette lumière
Du ciel rouvert,
– Si fort, qu’ils crèvent leur culotte,
– Et que leur lange blanc tremblotte
Au vent d’hiver…
20 septembre 1870.
(Arthur Rimbaud, Poésies complètes, pp. 12 à 14)
Dans un long poème « Les étrennes des orphelins », Arthur Rimbaud a l’art de faire ressortir le malheur de ces petits sans défense qui acceptent tout, sans haine, sans reproche. Nous ne pouvons pas rester indifférents devant ces enfants qui ne comprennent pas pourquoi ils n’ont plus de père et de mère. Malgré la mort de leurs parents, le rêve leur permet encore d’accéder au bonheur.
LES ÉTRENNES DES ORPHELINS
I
La chambre est pleine d’ombre ; on entend
vaguement
De deux enfants le triste et doux chuchotement.
Leur front se penche, encore alourdi par le rêve,
Sous le long rideau blanc qui tremble et se soulève…
– Au dehors les oiseaux se rapprochent
frileux ;
Leur aile s’engourdit sous le ton gris des cieux ;
Et la nouvelle Année, à la suite brumeuse,
Laissant traîner les plis de sa robe neigeuse,
Sourit avec des pleurs, et chante en grelottant…
II
Or les petits enfants, sous le rideau flottant,
Parlent bas comme on fait dans une nuit obscure.
Ils écoutent, pensifs, comme un lointain murmure…
Ils tressaillent souvent à la claire voix d’or
Du timbre matinal, qui frappe et frappe encor
Son refrain métallique en son globe de verre…
– Puis, la chambre est glacée… on voit traîner
à terre,
Épars autour des lits, des vêtements de deuil :
(…)
V
Maintenant, les petits sommeillent tristement :
Vous diriez, à les voir, qu’ils pleurent en dormant,
Tant leurs yeux sont gonflés et leur souffle
pénible !
Les tout petits enfants ont le cœur si sensible !
– Mais l’ange des berceaux vient essuyer leurs
yeux,
Et dans ce lourd sommeil met un rêve joyeux,
Un rêve si joyeux, que leur lèvre mi-close,
Souriante, semblait murmurer quelque chose…
– Ils rêvent que, penchés sur leur petit bras
rond,
Doux geste du réveil, ils avancent le front,
Et leur vague regard tout autour d’eux se pose…
Ils se croient endormis dans un paradis rose…
Au foyer plein d’éclairs chante gaîment le feu…
Par la fenêtre on voit là-bas un beau ciel bleu ;
La nature s’éveille et de rayons s’enivre…
La terre, demi-nue, heureuse de revivre,
A des frissons de joie aux baisers du soleil…
Et dans le vieux logis tout est tiède et vermeil :
Les sombres vêtements ne jonchent plus la terre,
La bise sous le seuil a fini par se taire…
On dirait qu’une fée a passé dans cela !…
– Les enfants, tout joyeux, ont jeté deux cris…
Là,
Près du lit maternel, sous un beau rayon rose,
Là, sur le grand tapis, resplendit quelque chose…
Ce sont des médaillons argentés, noirs et blancs,
De la nacre et du jais aux reflets scintillants ;
Des petits cadres noirs, des couronnes de verre,
Ayant trois mots gravés en or : « A NOTRE
MÈRE ! »
(Arthur Rimbaud, Œuvres poétiques, pp. 25 à 28)
Faisons maintenant une pause philosophique sur l’enfant avec Bergson :
Henri Bergson (1859 – 1941), témoigne à la fois de la force de son amour pour sa fille Jeanne, sa famille et ses amis dans l’urgence du besoin.
Ce grand philosophe du XXème siècle (ou l’un des plus grands), marié à Louise Neuburger, eut une fille, Jeanne, sourde-muette mais il ne baissa pas les bras. Il décida qu’il ferait tout pour qu’elle soit heureuse et ce fut le cas. Élève de Bourdelle, elle s’épanouit par son art et devient un peintre de talent.
Par ailleurs, Bergson avait eu comme élève en cours de philosophie, Charles Péguy au lycée. Leur amitié persista toute leur vie. Lorsque Charles Péguy s’engagea volontairement pour la guerre de 1914, Bergson, bien qu’âgé et malade, lui promit de veiller sur sa femme et ses enfants et il le fit.
Abordons les écrits de Bergson. Pour lui, l’enfant est un sujet philosophique à part entière comme dans son livre La pensée et le mouvant où il montre que l’enfant s’émerveille de tout, cherche spontanément :
(…) Le temps n’est plus cependant où il suffisait d’être homme du monde et de savoir discourir sur les choses. (…) Ne vaudrait-il pas mieux initier aux méthodes ? On les ferait tout de suite pratiquer ; on inviterait à observer, à expérimenter, à réinventer. Comme on serait écouté ! Comme on serait entendu ! Car l’enfant est chercheur et inventeur, toujours à l’affût de la nouveauté, impatient de la règle, enfin plus près de la nature que l’homme fait. (…)
(Bergson, La pensée et le mouvant, p. 1326)
Bergson regarde en observateur, les humains de tout âge dont l’enfant. Il voit l’homme en marche, pensée caractéristique de son livre L’évolution créatrice, l’être humain pas inférieur à un stade ou un autre de la vie mais toujours différent, en devenir :
(…) Quand nous disons « l’enfant devient homme », gardons-nous de trop approfondir le sens littéral de l’expression. Nous trouverions que, lorsque nous posons le sujet « enfant », l’attribut « homme » ne lui convient pas encore (…). La réalité, qui est la transition de l’enfance à l’âge mûr, nous a glissé entre les doigts. Nous n’avons que les arrêts imaginaires « enfant » et « homme », et nous sommes tout près de dire que l’un des arrêts est l’autre, de même que la flèche de Zénon est, selon ce philosophe, à tous les points du trajet. La vérité est que, si le langage se moulait ici sur le réel, nous ne dirions pas « l’enfant devient homme », mais « il y a devenir de l’enfant à l’homme ». (…)
(Bergson, L’évolution créatrice, p. 759)
De même, Bergson examine en philosophe, l’expérience de l’enfant, sa spontanéité qu’il perd peu à peu à l’âge adulte. Il nous montre combien la vie peut devenir « une comédie » et nous « des pantins » :
(…) Qui sait même si nous ne devenons pas, à partir d’un certain âge, imperméables à la joie fraîche et neuve, et si les plus douces satisfactions de l’homme mûr peuvent être autre chose que des sentiments d’enfance revivifiés, brise parfumée que nous envoie par bouffées de plus en plus rares un passé de plus en plus lointain ? Quelque réponse d’ailleurs qu’on fasse à cette question très générale, un point reste hors de doute : c’est qu’il ne peut pas y avoir solution de continuité entre le plaisir du jeu, chez l’enfant, et le même plaisir chez l’homme. Or la comédie est bien un jeu, un jeu qui imite la vie. Et si, dans les jeux de l’enfant, alors qu’il manœuvre poupées et pantins, tout se fait par ficelles, ne sont-ce pas ces mêmes ficelles que nous devons retrouver, amincies par l’usage, dans les fils qui nouent les situations de comédie ? (…)
(Bergson, Le rire, p. 419)
Sully Prudhomme (1865 – 1907), poète et essayiste, prix Nobel de littérature en 1901, exprime sa nostalgie de l’enfance disparue avec beaucoup de délicatesse, comme un instant fragile dont il veut garder le souvenir. Un poème de Sully Prudhomme, « Les berceaux » a été mis en musique par Gabriel Fauré et mis en valeur par de nombreux chanteurs. Voici un autre du même titre, moins connu mais empli de délicatesse et de nostalgie de l’enfance perdue :
LES BERCEAUX
Après le départ des oiseaux,
Les nids abandonnés pourrissent.
Que sont devenus nos berceaux ?
De leur bois les vers se nourrissent.
Le mien traîne au fond des greniers,
L’oubli morose et lent le dévore ;
Je l’embrasserais volontiers,
Car mon enfance y rit encore.
C’est là que j’avais nuit et jour,
Pour ciel de lit, des yeux de mère
Où mon âme épelait l’amour
Et ma prunelle la lumière.
Sur le cœur d’amis sûrs et bons,
Femmes sans tache, sur le vôtre,
C’est un berceau que nous rêvons
Sous une forme ou sous une autre.
Cet instinct de vivre blottis
Dure encore à l’âge où nous sommes ;
Pourquoi donc, si tôt trop petits,
Berceaux, trahissez-vous les hommes ?
(Sully Prudhomme, Poésies 1865 – 1866, pp. 25 et 26)
Marie-Noël (1883 – 1967) apporte souvent une note mystique dans ses poèmes. Humaniste, sensible, elle voit la pauvreté liée au monde, à l’enfant, à la souffrance ou imprégnée de refrains proches des comptines anciennes :
CHERCHE TA PLACE
(…)
Mais toi qui cours à Dieu comme un petit enfant,
Sans réfléchir, toi qui n’as pas d’autre science
Que d’aimer et d’avoir confiance
(…).
Avec le refrain :
Va plus loin, va-t-en ! Qui te connaît ?
Passe !
Tu n’es pas d’ici, cherche ailleurs ta place.
(id., p 54)
René Boylesve (1867 – 1926), né en Touraine à Descartes, romancier élu à l’Académie française en 1918, a décrit les mœurs de son temps avec talent par exemple dans un passage de L’enfant à la balustrade où l’enfant fait connaissance de celle qui remplace sa mère morte dans le cœur de son père :
J’étais prévenu contre cette femme par ma grand-mère, qui ne l’aimait pas (…). Mon père m’avait ordonné de l’appeler « maman » ; ma grand-mère me l’avait défendu : « Donne-lui tous les noms que tu voudras, m’avait-elle dit ; mais celui-là jamais ! (…) »
(René Boylesve, L’enfant à la balustrade, p. 16)
Antoine de Saint-Exupéry (1900 – 1944) très tôt fasciné par les avions, aime rêver comme les tout petits. Il sait aussi trouver les mots justes pour parler d’eux dans de nombreux livres dont Le petit Prince, être fragile, rêveur comme un enfant. Citons la dédicace à l’introduction de ce livre, dans laquelle l’enfant est à l’honneur à travers un ami de Saint-Exupéry, l’écrivain français et critique d’art, Léon Werth (1946 – 1903) :
Je demande pardon aux enfants d’avoir dédié ce livre à une grande personne. J’ai une excuse sérieuse : cette grande personne est le meilleur ami que j’ai au monde. J’ai une autre excuse : cette grande personne peut tout comprendre, même les livres pour enfants. J’ai une troisième excuse : cette grande personne habite la France où elle a faim et froid. Elle a bien besoin d’être consolée. Si toutes ces excuses ne suffisent pas, je veux bien dédier ce livre à l’enfant qu’a été autrefois cette grande personne. Toutes les grandes personnes ont d’abord été des enfants. (Mais peu d’entre elles s’en souviennent.) Je corrige donc ma dédicace :
A LÉON WERTH
QUAND IL ÉTAIT PETIT GARÇON
Faisons une petite pause devinettes et humour car les paroles savoureuses des jeunes, conservées par les adultes, gardent un charme fou et les enfants ont l’art sans le savoir de prononcer des évidences qui ne le sont pas pour nous.
Un grand-père écrit les mots de sa petite fille : « Mais les oiseaux, ça ne fait pas pipi. »
Nous pouvons aussi citer, parmi les vers les plus connus de ce même poète, la célèbre et émouvante réponse de sa petite-fille quand son grand-père, pour l’avoir défendue, est menacé de punition à son tour. Elle dit spontanément…
« – Eh bien, moi, je t’irai porter des confitures. » (Victor Hugo, L’Art d’être grand-père, p. 623)
Vous avez trouvé le nom de ce grand-père, poète ? Oui, bien sûr, Victor Hugo. Il se sent ensorcelé par ses petits-enfants et rend hommage à leur charme magique, si spontané. Alors il retourne volontairement, en enfance quand il écrit :
Les enfants ont le don de me rendre insensé –
Je les adore et je suis un idiot.
(Victor Hugo, Au tour de L’Art d’être grand-père, p. 701)
Dans un autre registre d’idées, un écrivain tourangeau très connu nous relate la naissance et la jeune enfance d’un être inhabituel :
Sitôt né, il ne cria pas comme les autres enfants : « Mi ! mi ! » mais il s’écriait à haute voix : « A boire ! à boire ! à boire ! » (…)
De la sorte, il passa un an et dix mois, après quoi, sur le conseil des médecins, on commença à le sortir et une belle charrette à bœufs fut construite (….), il faisait bon le voir car il avait bonne figure et presque dix-huit mentons ; (…).
De trois à six ans, Gargantua fut élevé et éduqué dans toutes les disciplines qu’il faut, selon les dispositions prises par son père ; il passa ce temps-là comme tous les petits enfants du pays, autrement dit à boire, manger et dormir ; à manger, dormir et boire ; à dormir, boire et manger.
(Rabelais, La vie très horrifique du Grand Gargantua, chapitre 6, p. 24, chapitre 7, p. 25 et chapitre 11, p. 36 début)
Vous avez bien sûr trouvé le nom de cet écrivain qui a l’art de nous faire rire. Bien sûr c’est …Rabelais (1494 – 1553) !
Jacques Prévert (1900 – 1977) nous enchante par ses trouvailles et sa spontanéité déphasée par rapport à un monde sage, trop bien réglé. Les enfants ont une place de choix dans son œuvre et ils rient avec lui, de ses farces. Ils apprécient le cancre réhabilité pour leur bonheur ou qu’ils puissent défendre la baleine. Voici le début d’un poème connu de nombreux enfants et adultes :
LA PÊCHE A LA BALEINE
« A la pêche à la baleine, à la pêche à la
baleine,
Disait le père d’une voix courroucée
A son fils Prosper, sous l’armoire allongé,
(…)
Tu ne veux pas aller,
Et pourquoi donc ?
Et pourquoi donc que j’irai pêcher une bête
Qui ne m’a rien fait, papa,
(…).
(Jacques Prévert, Paroles, p. 22)
L’enfant vu par des écrivains contemporains :
Catherine Rambert (1965 – ), journaliste et scénariste, rédactrice en chef de Télé star a écrit Petite philosophie du soir – 365 pensées positives pour être heureux tous les jours. Elle comprend l’importance de la spontanéité des enfants. Leurs temps libres sont fondamentaux, constructeurs même si les adultes peuvent avoir l’impression qu’ils ne font rien. Ne cherchons pas à remplir leur emploi du temps à tout prix. Les enfants vont alors se construire en vivant spontanément, rêver, regarder, découvrir, réfléchir par eux-mêmes. Ne les transformons pas en robots :
Si les enfants sont heureux et gais, c’est parce qu’ils savent vivre dans l’instant présent, sans se poser de questions.
Réapprenons nos réflexes d’enfance.
(Catherine Rambert, Petite philosophie du soir, p. 211)
Elle nous conseille de :
Savoir garder une âme d’enfant pour conserver une capacité d’émerveillement et d’enthousiasme.
(id., p. 359)
Paul Coelho (1947 – ), romancier et interprète brésilien est connu dans le monde entier pour ses livres dont L’alchimiste, Le pèlerin de Compostelle, La cinquième montagne… Dans Comme le fleuve qui coule, il nous emporte au fil du temps pour un voyage au cœur de nous-mêmes et de nos pensées. Il relate des souvenirs de son enfance : « Il n’y avait pas de téléphone mobile, nos parents n’avaient aucun moyen de savoir où nous étions (…). » (Paul Coelho, Comme le fleuve qui coule, p. 114)
Il se rappelle ce monde du passé. « Les enfants n’avaient jamais raison, ils étaient toujours punis, et ils n’avaient pas pour autant des problèmes psychologiques de rejet et de manque d’amour. » (id., p. 115)
Paul Coelho nous fait aussi comprendre l’importance du jeu avec des amis, que les « genoux écorchés et quelques traumatismes », les reproches des parents, les petites punitions sont utiles pour construire un enfant car elles lui permettent de progresser, de rêver, d’inventer et de « passer une grande partie de la journée sans jeux électroniques. » (id., p. 115).
Le monde moderne est destructeur car il ne donne aucune limite réelle dans un univers virtuel souvent très violent, trop violent et il rend enfants et adultes dépendants à outrance. Tout nous est donné très vite, d’un simple clic, tout sauf l’essentiel, la réflexion, la notion du bien et du mal, du permis et de l’interdit : « Je suis préoccupé pour les enfants de demain, avec leurs jeux électroniques, leurs parents et leurs mobiles, les psychothérapeutes qui les aident à chaque défaite, (…) ». N’oublions pas ce message pour donner son vrai sens à tout âge de la vie.
Martin Gray (1922 – 2016), essayiste et conférencier contemporain, philosophe de l’âme, nous apporte sa force de volonté malgré les épreuves, pour toujours garder courage et confiance. Dans Le livre de la vie, il nous fait réfléchir sur notre manière de vivre, sur nos vrais besoins pour ne pas oublier l’essentiel.
L’enfant n’a pas d’abord besoin d’objets. Il a faim des autres. Besoin de sentir à tout moment l’ombre protectrice, bienveillante, attentive, de ceux qui l’ont porté et voulu.
Donner à un enfant, c’est se donner soi. A tout moment. Alors il peut pousser droit, et ses racines seront profondes, fortes.
(Martin Gray, Le livre de la vie, p. 79)
Cette citation est proche de celle de Louis-François-Sosthène de La Rochefoucauld-Doudeauville (1785 – 1864) : « L’enfance est une tige fragile qui a besoin d’appui. » (Mémoires, volume 10, p. 6)
Jean Anouilh (1910 – 1987), écrivain et dramaturge français, très connu après sa pièce de théâtre sous forme de drame Antigone, au programme dans les lycées, a écrit une œuvre abondante et dense. Dans sa pièce de théâtre en trois actes, Ne réveillez pas Madame..., il met en scène les enfants par l’intermédiaire de leurs parents : « Pauvres enfants ! C’est toujours eux qui paient les bêtises des grands, en attendant d’être en âge de faire soigneusement les mêmes. » (Jean Anouilh, Ne réveillez pas Madame..., p. 161)
Catherine Réault-Crosnier a écrit de nombreux poèmes sur les enfants, d’avant la naissance à après la vie par exemple dans son livre Psychologie et poésie en famille, douleur et douceur. Elle aborde la transformation du nouveau-né qui découvre le monde, en enfant puis adolescent vers l’âge adulte, sans omettre les difficultés, les troubles du sommeil, de l’alimentation, les cas de conscience autour de l’enfant martyrisé, tué ou assassin, l’enfant tiraillé entre père et mère, la douleur psychique mais aussi la lumière que peut apporter un enfant.
AIMÉ AVANT D’ÊTRE CONÇU
Quand on ne sait
Si son corps a formé
Un autre petit être
De la rencontre
Dans le monde
De l’infiniment petit,
De deux êtres qui s’étreignent,
De deux graines
Qui s’unissent
Pour révéler le mystère
De la conception…
L’âme espère
La création
D’une autre âme,
D’une autre vie,
D’un autre être
Issu de la chair,
Nourri de notre sang,
Espéré, aimé
Avant d’être conçu,
Quand on ne sait
Si son corps a formé
Un enfant…
(Catherine Réault-Crosnier, Psychologie et poésie en famille, douleur et douceur, p. 8)
L’amour ressenti même avant la naissance, est indispensable à la construction de l’être, en son corps et en son esprit. Terminons par un poème que j’ai écrit il y a trente-deux ans alors que j’étais enceinte de Claire. Je ressens toujours la même émotion car une mère l’est pour la vie :
AMOUR MATERNEL
J’ai du mal à imaginer
Que je te tiendrai bientôt dans mes bras,
Tout contre moi,
Petit enfant,
Je te murmure des mots tout bas
Et je t’apprends des chansons déjà.
J’ai du mal à comprendre
Que je pourrai bientôt te prendre
Et te serrer tout contre moi,
Petit enfant,
Je ne sais pas pourquoi
Je t’aime tant déjà.
(…)
(Catherine Réault-Crosnier, id., p. 10)
En conclusion, l’enfant, être en devenir, est à l’honneur dans le cadre de ces rencontres à travers les pensées des écrivains car il n’a jamais fini de grandir, de s’émerveiller, d’apprendre et il a aussi besoin de l’aide des adultes pour s’épanouir. Alors pour préserver un peu de la fraîcheur et de la spontanéité d’un tout-petit, gardons un cœur d’enfant.
Préservons aussi le souvenir de la fraîcheur et de la spontanéité de l’enfance avec ces deux poèmes de Michel Caçao :
LES PAS DE MON ENFANCE
Sur le chemin aux pierres usées
Où dorment des cris déjà lointains ;
Parle moi de mon cher passé
Le vent frileux de nos matins.
À regarder le cœur en liesse
De longs nuages au ciel bleuté,
Oubliant ainsi nos promesses
Comme dans un rêve d’écolier.
Conte-moi l’amitié bohème,
L’oiseau siffleur dans le bosquet
Une chanson, quelques poèmes
À l’écho de nos gris souliers ;
Le temps s’éloigne indifférent
Aux songes de l’insouciance
Mais je retrouve bienfaisant
L’âme des pas de mon enfance.
RIVAGE
Flâner en silence
Sur une plage dorée,
Rêve d’enfance,
Au vent de liberté.
Châteaux de sable
Au soleil visité,
Sacré cartable,
Tu ne peux y entrer.
Refrain : Caresser les vagues
Le soleil et le vent,
Quand les reflets musardent
Au creux de l’océan.
De vagues brodées
En écumes à ravir,
Boucles et reflets,
Prêts à désobéir.
L’enfance m’appelle
Sur un grand voilier blanc,
À tire d’ailes,
Jonathan goéland.
Empreintes fragiles
Sur tapis délicat,
Rivage subtil,
Duo sans apparat.
Une histoire banale
Sans long discours,
Au vent musical,
Fredonne l’amour.
Octobre 2017, revu en juillet 2018 et avril 2019.
Bibliographie :
– François Villon, Œuvres complètes,
éditions Jean-Claude Lattès, Paris, 1995, 273 pages.
– Florian, Fables, Robert Laffont, Paris 1959,
250 pages.
– Victor Hugo, Œuvres poétiques, La Pléiade,
Gallimard, Paris, 1974/2008, 1410 pages.
– Victor Hugo, Les Contemplations, Tome I
(Autrefois 1830 – 1843), Michel Lévy frères libraires-éditeurs, Paris,
1856, 359 pages.
– Jules Vallès, L’Enfant – Jacques Vingtras,
G. Charpentier, Paris, 1889, 396 pages.
– Jules Vallès : http://www.julesvalles.com/biographie-jules-valles.htm
– André Theuriet, Poésies 1860 – 1874 (Le
Chemin des Bois et Le Bleu et le Noir), Alphonse Lemerre éditeur,
Paris, 1879, 252 pages.
– Maurice Rollinat, Dans les Brandes, poèmes et
rondels, G. Charpentier, Paris, 1883, 281 pages.
– Maurice Rollinat, Les Névroses, G.
Charpentier, Paris, 1883, 399 pages.
– Maurice Rollinat, La Nature, poésies, G.
Charpentier et E. Fasquelle, Paris, 1892, 350 pages.
– Arthur Rimbaud, Poésies complètes avec préface
de Paul Verlaine, Léon Vanier libraire-éditeur, Paris, 1895, XXIV+135
pages.
– Arthur Rimbaud, Œuvres poétiques,
Garnier-Flammarion, Paris, 1964, 184 pages.
– Henri-Louis Bergson, Œuvres, Presses
Universitaires de France, Paris, 2001, 1628 pages.
– Sully Prudhomme, Poésies 1865 – 1866,
Alphonse Lemerre éditeur, Paris, s.d., 323 pages.
– Marie Noël, L’œuvre poétique, éditions
Stock, Paris, 1966, 494 pages.
– René Boylesve, L’enfant à la balustrade,
Le lys d’or, éditions Colbert, Paris, 1947, 247 pages.
– Antoine de Saint-Exupéry, Le petit Prince,
NRF, Gallimard, 1946/1969, 95 pages.
– Rabelais, Œuvres complètes, éditions
France loisirs, Paris, 1987, XI + 815 + 31 pages.
– Jacques Prévert, Paroles, collection Folio,
Gallimard, Paris, 1977, 252 pages.
– Catherine Rambert, Petite philosophie du soir
– 365 pensées positives pour être heureux tous les jours, Le Livre de poche,
Paris, 2017, 405 pages.
– Paul Coelho, Comme le fleuve qui coule,
éditions France Loisirs, 2006, 293 pages.
– Martin Gray, Le livre de la vie, Le livre de
poche, Paris, 1999, 333 pages.
– Louis-François-Sosthène de La
Rochefoucauld-Doudeauville, Mémoires, dixième volume, Michel Lévy
frères libraires éditeurs, Paris, 1865, 592 pages.
– Jean Anouilh, Ne réveillez pas Madame...
– Catherine Réault-Crosnier, Psychologie et
poésie en famille, douleur et douceur, Tours, 2010, 40 pages.
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