5èmes RENCONTRES LITTÉRAIRES
DANS LE JARDIN DES PRÉBENDES
Vendredi 29 août 2003, de 17 h 30 à 19 h
Jules MOINAUX, écrivain humoriste, père de Georges Courteline (1815 – 1896) |
Joseph-Désiré-Jules MOINEAUX, dit Jules MOINAUX, est tourangeau ; il est né à Tours le 24 octobre 1815, au 34 rue Eugène Sue (ancienne rue des Anges), dans une maison du XVème siècle. C’était un écrivain très connu de son temps, en particulier pour « Le Bureau du Commissaire », « Les Gaîtés bourgeoises », « Les Tribunaux comiques »… Il faut le réhabiliter ; il a bien des points communs avec son fils Georges COURTELINE dont le succès reste d’actualité. « Tel père, tel fils » dit le proverbe et il semble qu’il ne mente pas ici comme cet exposé va essayer de le montrer.
Son père, Jacques-Joseph MOINEAU (sans X), est ébéniste à Tours et marié à Anne-Françoise PHILIPPE. Il a vingt-six ans quand naît son fils Jules. Celui-ci fera son « Tour de France » et deviendra ébéniste comme son père puis il sera employé aux écritures dans une grande banque mais il souhaite trouver un travail moins insipide et c’est ce qui le fait choisir le journalisme. Sténographe au palais de justice de Paris, il se marie à Victorine PERRUCHOT et a un premier fils qui est l’aîné de quatorze ans de Georges COURTELINE qui sera le deuxième enfant.
À partir de 1853, il écrit plusieurs vaudevilles à succès comme « Pépito », « Les Deux Aveugles » (1855), « Les Questions d’Orient », « Les Gueux de Béranger », « La Clarinette mystérieuse », « Paris quand il pleut », « L’homme à la mode de Caen », « Le Joueur de flûte », « La Foire d’Andouillé », « Le Canard à trois becs », « Les Jeux de l’amour et du bouzard », « Le Mari d’une étoile », « Le Café de la rue de la Lune », « Un conseil judiciaire »…
Son talent comique est remarqué par Jacques OFFENBACH, toujours à la recherche de librettistes habiles. MOINAUX écrit pour lui, « Les Deux Aveugles ». À cette époque, Jules MOINAUX mène une existence parfaitement réglée entre sa femme Victorine et son fils Victor âgé de quatorze ans. On pourrait presque dire que dans cette famille, Georges-Victor-Marcel MOINEAUX, dit Georges COURTELINE arrive en 1858 comme un cheveu sur la soupe. Il n’était pas prévu.
Il naît à Tours car sa mère Victorine MOINEAUX a voulu quitter Paris pour accoucher à Tours. Pourquoi ? Elle a simplement souhaité se rapprocher de sa mère qui vivait seule dans une petite maison aux volets de bois, 49 rue de La Riche à Tours, aujourd’hui rue Georges Courteline. Pour que leur vie parisienne ne soit pas perturbée, Jules MOINAUX et sa femme laissent le petit Georges à Tours, à la garde en alternance, de sa grand-mère maternelle, femme paisible et de son grand-père paternel, compagnon ébéniste chez lequel Georges se plaît, appréciant la grande cour de l’atelier et l’odeur des copeaux et du vernis.
Jules MOINAUX devient chroniqueur judiciaire à « La Gazette des Tribunaux » et au « Charivari ». Il s’inspire des débats des procès correctionnels et en profite pour faire la satire de son époque : il souligne d’un trait acéré, l’aspect burlesque des petites scènes de prétoire.
En 1863, Georges retrouve ses parents à Paris. Ils habitent rue Chabrol, mais l’été, ils préfèrent être rue des Rosiers, sur la butte Montmartre, dans une villa au jardin baigné de soleil et planté d’acacias. Jules MOINAUX aime y recevoir le tout Paris et son fils Georges est apprécié en tant qu’enfant aux belles boucles blondes ; il rêve de devenir comédien et donne son propre spectacle en imitant les invités dont Hortense SCHNEIDER, Léa SILLY, Thérésa ou Jules NORIAC.
En 1866, Jules MOINAUX assiste avec sa femme et ses enfants, à la première de ses comédies, « Les Deux Sourds » donnée au théâtre des Variétés à Paris. Puis c’est la guerre franco-allemande de 1870. L’armée française capitule à Sedan, l’empereur est prisonnier. Jules MOINAUX ferme sa villa de Montmartre et regagne le centre de Paris, il se porte volontaire dans la garde nationale. La plupart des directeurs d’alors choisissent des pièces de théâtre patriotiques. Cependant une comédie de Jules MOINEAUX est jouée aux Folies-Dramatiques, « Le Canard à trois becs ». C’est un opéra en trois actes sur une musique de Monsieur Émile JONAS et c’est un succès. La pièce est jouée aux bougies par souci d’économie et elle devient un symbole de la volonté de survivre d’une population soumise au blocus.
Jules MOINAUX aimait faire mettre ses écrits en musique, comme en témoignent plusieurs de ses opéras. Il a aussi sorti un album de Saint-Hubert, composé de chansons de chasse comiques sur des airs de fanfare connues, par exemple « La complainte du grand Saint-Hubert » sur l’air du bon roi Dagobert. Chantons le premier couplet :
« Allons pieux chasseurs,
Vers le ciel, élevons nos cœurs ;
Plus de joyeux mots,
De grivois propos,
Mais un ton décent,
Et d’un tendre accent,
Sur l’air de Dagobert,
Célébrons le grand saint Hubert. (…) »
En 1871, c’est la Commune. À Montmartre, les insurgés ont envahi la demeure abandonnée par les MOINAUX. Dans l’attente de jours plus calmes, la famille MOINAUX se réfugie à Iverny, petit village de la Brie. Lorsque le calme revient, les parents retournent à Paris mais mettent Georges en internat au collège de Meaux dont il gardera un triste souvenir, n’acceptant pas les règles austères de la vie commune. Il reviendra à Paris à dix-neuf ans mais il ne réussit pas l’examen final du Bac. Il végète alors et se plait dans la paresse ce qui n’est pas sans agacer son père. Il fait son service militaire et en gardera des souvenirs qui lui serviront de modèle pour ses écrits. C’est son père qui lui trouvera un emploi, à la direction générale des Cultes (sous-gestion des églises). Georges se mettra en plus, en relation avec des journaux et signera ses premiers écrits.
En 1871, Jules MOINAUX sort « Le Testament de Monsieur Crac », opéra bouffe paru aux éditions Lachaud, sur une musique de Charles LECOCQ, représenté pour la première fois à Paris en 1874 au théâtre des Bouffes Parisiens.
En 1877, Jules MOINAUX refuse que son fils Georges soit écrivain ; il lui trouve une place de fonctionnaire puis une autre place en 1880.
De 1881 à 1888, il réunit certains de ses écrits sous le titre des « Tribunaux comiques » en cinq volumes. Il s’agit de comptes rendus de justice correctionnelle qu’il a faits depuis longtemps pour le compte de « La Gazette des Tribunaux ». C’est déjà un auteur célèbre.
En 1886, paraît « Le Bureau du Commissaire » préfacé par Alexandre DUMAS fils qui l’estime et le compare à LABICHE. Ce livre sorti aux éditions Jules Lévy de Paris, comprend 130 dessins de BOMBLED.
En 1888, suit dans le même style, « Les Gaietés bourgeoises ». Ces deux écrits sont très appréciés du public.
Jules MOINAUX meurt à Saint-Mandé en 1896.
En 1898, son nom est donné à une rue de Tours située entre la rue Colbert et la rue de la Scellerie (ex rue Molière en 1792 et rue Saint-Pierre en 1816).
Jules MOINAUX n’a pas cessé d’être connu après sa mort. Tout d’abord son fils, Georges COURTELINE a voulu entretenir sa mémoire et a fait jouer au théâtre de la Comédie Mondaine de Tours, « Les Deux Sourds » et « Les Deux Aveugles ». Il fera aussi revivre trois extraits de son père, « L’Affaire Champignon », « Blancheton père et fils » et « Première Lettre ».
Puis le 18 décembre 1920, La Société Littéraire et Artistique de la Touraine lui rend hommage.
Actuellement, en 2003, un seul livre de lui, « Les deux sourds », est encore réédité mais ses autres livres sont consultables, pour la plupart, dans les bibliothèques.
Son portrait :
Jules MOINAUX était productif et variait les sujets, toujours sur le mode satirique et humoristique. Il a l’aspect d’un bourgeois sévère qui aime mener une vie bien réglée. Dans l’hebdomadaire littéraire « Le Hanneton » daté du 26 août 1867, Jules MOINAUX est décrit ainsi « petit, sec, l’air d’un officier en bourgeois, des moustaches de chat en colère, les gestes d’un fantoche mû par des ficelles. » (cité par Emmanuel HAYMANN dans la chronologie du livre « Georges COURTELINE », page III)
Dans la préface de « Le bureau du commissaire », Alexandre DUMAS fils, écrit : « Vous êtes un des conteurs les plus originaux et les plus désopilants qui aient jamais existé dans notre pays de France. Vous puisez à la source inépuisable de la perversité, ou plutôt de la bêtise humaine ; car ce qui fait le mal en ce monde, ce n’est pas la méchanceté, c’est la bêtise. » (cité par Emmanuel HAYMANN dans la chronologie du livre « Georges COURTELINE », page III)
Le proverbe « Tel père, tel fils » peut s’appliquer ici car entre Jules MOINAUX, le père, et Georges COURTELINE, le fils, il y a bien des similitudes, en premier le fait qu’ils soient attachés à la Touraine par leur naissance, ensuite leur goût pour un même type d’écriture ironique. Bien sûr, Georges COURTELINE était connu pour son côté bohême là où son père l’était pour son côté bourgeois conformiste. Bien sûr, Georges n’avait que peu confiance dans la valeur de ses écrits, là où son père recherchait les honneurs. Mais tous les deux aimaient à faire ressortir les travers des gens de la société en particulier dans le monde de la justice, par des anecdotes succulentes. Georges COURTELINE aime parler du faible citoyen face à l’impitoyable magistrat, de la femme volage bafouant son époux, de la vie de soldat… Jules MOINAUX, lui, préfère montrer les travers des gens, de la commère à l’ivrogne, des hommes de lois aux gendarmes… Les titres de l’un ne sont pas sans rappeler ceux de l’autre, aux « Gaietés bourgeoises » du père, « Les Gaîtés de l’Escadron » du fils par exemple ; évidemment, il s’agit de deux mondes différents, les bourgeois pour l’un, les soldats pour l’autre, mais le style y est des deux côtés ironique, vif et d’un comique irrésistible. Voici un autre exemple : Jules MOINAUX a écrit « Le Bureau du commissaire », livre qui pourrait très bien être une partie de « Monsieur Badin » ou « Le commissaire est bon enfant », titre d’œuvres de Georges COURTELINE cette fois, ou encore « L’auditoire » pour le père, « L’ami des lois » pour le fils. Cette proximité des deux hommes rend encore plus attachant ces écrits comme si le père avait sans le vouloir, transmis ce trait de caractère à son fils, je dis sans le vouloir car il n’avait pas confiance dans le talent littéraire de celui-ci et il ne pensait pas qu’il pourrait en vivre. Georges COURTELINE était d’ailleurs d’accord avec lui sur ce point, avant d’atteindre la célébrité.
Tous deux ont exercé comme journalistes, chroniqueur judiciaire à « La Gazette des Tribunaux » et au « Charivari » pour le père, chroniqueur aux « Petites Nouvelles quotidiennes » pour le fils.
Tous deux s’inspirent de leur vécu pour écrire, des débats de procès en correctionnelle pour le père, de sa vie de soldat et de fonctionnaire désabusé pour le fils.
Tous deux ont aimé écrire pour chasser la routine de leur travail peu épanouissant.
Tous deux cherchent à faire rire et les titres utilisés mettent déjà l’eau à la bouche avant même de connaître le contenu de leurs œuvres, permettant de sourire par avance comme par exemple, avec « L’idée de madame Dutibia » ou « Le choléra et les peaux de lapin » pour le père et « Hortense, couche-toi » ou « L’illustre Piégelé » pour le fils.
Tous deux auront leurs heures de célébrité : Jules MOINAUX recevait le tout Paris des gens haut placés chez lui, tandis que Georges COURTELINE obtenait à soixante-huit ans, le Grand Prix spécial de l’Académie française, distinction créée à son intention.
Son œuvre :
Après avoir rapproché le père et le fils, analysons à travers les écrits de Jules MOINAUX, son humour qui peut paraître naïf et désuet en ce début du XXIème siècle mais il était apprécié à cette époque ; tout est une question de mode. « Les Tribunaux comiques » eurent un succès durable. Des écrivains de son temps s’engagèrent d’ailleurs en parlant de lui avec enthousiasme dont Alexandre DUMAS fils.
Certains passages caractérisent bien cet auteur. Voici des extraits typiques de ses livres.
Dans « Les deux sourds », l’ensemble est construit sur un échafaudage de quiproquos dont l’escalade entraîne le fou rire, ce qui rappelle la manière de faire de Molière Les rebondissements successifs permettent de maintenir l’attention du spectateur et de mieux faire passer le message de l’auteur. La finesse de l’analyse des caractères se rapproche de l’écriture de La Bruyère.
La trame de l’histoire est simple. Un père sourd, M. Damoiseau, ne veut pas marier sa fille Églantine qui s’ennuie et se confie à son serviteur Boniface :
« ÉGLANTINE.
Ah ! que je m’ennuie, Boniface, que je m’ennuie !
BONIFACE, nettoyant le verre de la lampe.
Et moi, mademoiselle, moi, que, depuis son malheur, M. Damoiseau a pris à son service, à cause de mon verbe considérable, me voir obligé, toute la journée, de causer avec lui !… (Amèrement.) Causer ! j’appelle ça causer… c’est-à-dire je lui vocifère une question mystérieuse, je lui mugis une question timide ; quel métier ! quel métier ! » (page 2)
Vivre en présence d’un sourd, lui parler, est un exercice périlleux. Le handicap aigrit et il prête à des échanges sans suite :
« ÉGLANTINE.
Et mon père qui semble avoir pris la résolution de ne pas me marier ; comprend-on qu’il se soit déjà présenté pour moi cinq ou six partis très avantageux, qui me convenaient, et qu’ils les a tous refusés.
BONIFACE.
Oui, il dit toujours : « Ça n’est pas le gendre que j’ai rêvé… » c’est son mot… que diable peut-il avoir rêvé pour gendre ?
ÉGLANTINE.
Ah ! je n’en sais rien !… aussi personne ne se risque plus à demander ma main ; on sait qu’on serait refusé ; ainsi, ce jeune homme avec qui j’ai dansé toute la nuit, il y a un mois, au bal de madame Fauvel…
BONIFACE.
Ah ! oui… vous m’en avez parlé joliment des fois de ce jeune homme-là, sans reproches… et je crois que s’il vous demandait en mariage…
ÉGLANTINE, se levant, passant à gauche.
Je suis bien sûre que c’était sa pensée, à la façon dont il me regardait, aux petits soins qu’il avait pour moi… mais il aura su la réponse qui l’attendait, on l’aura renseigné ! (Trépignant.) Oh ! que je m’ennuie, Boniface, que je m’ennuie ! » (page 3)
Églantine se désespère un peu comme les jeunes filles à marier de Molière, par exemple Agnès dans « L’école des femmes » (Acte V, scène IV, p 111) :
« Vraiment, il en sait donc là-dessus plus que vous ;
Car à se faire aimer il n’a point eu de peine. »
Églantine perd son flegme, s’exaspère. Que faire ?
« Me calmer !… quand c’est toute la vie la même chose !… quand il ne vient pas un chat ici !… quand papa ne veut pas me marier !… Oh ! il faut que ça finisse… et ça finira !… oui, ça finira !… » Elle sort avec colère par la droite. (Scène II, page 5)
Pour amadouer le père nommé Damoiseau, le jeune homme Placide a une idée géniale pour conquérir Églantine. Voyons laquelle à travers l’échange de propos du serviteur Boniface avec Damoiseau et le jeune homme (Scène VI, pages 13 à 15) :
« BONIFACE, à Placide.
Je vous ai crié : on n’entre pas, c’est une propriété privée… on aurait dit que je parlais à un sourd… que diable ! vous n’êtes point sourd.
PLACIDE, à part.
Tiens ! Il me donne une idée !
DAMOISEAU.
Qu’est-ce qu’il dit ?
BONIFACE.
Il ne dit rien.
PLACIDE, à part.
Essayons ! (Haut.) Messieurs, je vous demande…
DAMOISEAU.
Hein ?…
PLACIDE, faisant avec son doigt le geste d’écrire sur sa main.
Du papier…
BONIFACE, surpris.
Du papier ?… Pourquoi faire ?…
DAMOISEAU.
Qu’est-ce qu’il dit ?
BONIFACE criant.
Il demande du papier.
DAMOISEAU, geste de contrariété.
Ah, sacrebleu !
PLACIDE, regardant la table et s’asseyant.
Ah !
Il aperçoit du papier et écrit.
BONIFACE.
Qu’est-ce qu’il fait là ?
PLACIDE, se levant et donnant le papier à Boniface.
Tenez… (À part) Que je suis bête… je suis sourd, mais je ne suis pas muet… Enfin !
BONIFACE, tendant le papier à Damoiseau.
Lisez !
DAMOISEAU.
Qu’est-ce que c’est que ça ?… comme c’est mal écrit !… (Lisant) « Monsieur, pardonnez-moi, mais je suis affligé d’une surdité complète… » (Avec joie) sourd !… il est sourd !…
(…)
BONIFACE.
Sourd !…
DAMOISEAU.
Vous êtes sourd ? (Mimique.) Sourd ?
PLACIDE, à part.
Élèves des Quinze-Vingts. (À part) Hum ! Imbécile, ce sont les aveugles…
DAMOISEAU.
Sourd !… Ah ! mon cher Boniface, voilà le gendre que j’ai rêvé !
Il rit.
BONIFACE, stupéfait.
Hein ?
PLACIDE, à part.
Tiens, il rit maintenant… me voilà tranquille.
DAMOISEAU.
Il est très bien, ce jeune homme !… (Haut) Laissez-nous, mes amis, j’ai à causer avec Monsieur. »
Un peu comme Scapin rit de son maître dans « Les fourberies de Scapin » de Molière, Boniface ne se gêne pas de lancer des paroles désagréables à son maître qui n’entend pas et Placide ne se gêne pas pour berner le père et le serviteur pour défendre sa cause. Damoiseau trouve ce futur gendre extraordinaire, simplement parce qu’il partage le même handicap que lui. (Scène VII, page 16) :
« DAMOISEAU.
Monsieur, vous vous étonnez sans doute de ma mansuétude à votre égard, mais votre infirmité vous a créé des droits à mon plus vif intérêt. »
Suit un dialogue charmant de deux sourds qui s’entendent parce qu’ils ne s’entendent pas. Est-ce clair ? (Scène VII, page 17) :
« DAMOISEAU.
(…) Monsieur, voulez-vous me faire le plaisir de dîner avec moi ?…
PLACIDE, à part.
Il est charmant, ce bonhomme-là !… (Lui criant dans l’oreille.) Monsieur, j’accepte avec bonheur.
DAMOISEAU.
Vous voulez dîner de bonne heure ?… soit ! Boniface, tu feras mettre trois couverts, trois, entends-tu ?… et le dîner à cinq heures, au lieu de six.
BONIFACE, s’inclinant.
Oui… vieux sabot !
DAMOISEAU.
Va, mon ami.
BONIFACE.
Oui, vieille ganache !
DAMOISEAU.
Va ! va !
BONIFACE.
Ah ! sans mes douze cents francs de rente, comme je t’aurais planté là, toi et ta baraque !
DAMOISEAU.
Je le sais bien… tu m’es très dévoué…
Boniface sort en grommelant par le fond. »
Le père sourd essaie alors de convaincre le faux sourd de prendre sa fille en mariage (Scène IX, page 20) :
« DAMOISEAU.
Supposez, entre elle et moi, un gendre, comme on m’en a proposé trente-six… un homme doué de ses facultés auriculaires ; ma fille et lui auraient causé entre eux comme des gens qui ont l’oreille fine… de telle sorte que, pour n’être pas isolé, il m’eût fallu leur crier à chaque instant : Qu’est-ce que vous dites ?… C’était impossible !… nous nous rendions mutuellement insupportables… tandis qu’avec un gendre aussi sourd que vous l’êtes… car vous l’êtes encore plus que moi… cet inconvénient ne se produira pas… comme sourd, vous parlerez très haut à ma fille… elle vous parlera de même… et je serai à la conversation… tout naturellement, sans efforts et sans trucheman… vous saisissez mon idée ?…
PLACIDE, à part.
Il est superbe d’égoïsme, ce papa-là !
Boniface entre par la deuxième porte de gauche, une carte de visite à la main.
DAMOISEAU.
Touchez donc là !… vous aurez une femme jolie, bien faite, adorable !…
BONIFACE, furieux, à part.
Ça y est !… me voilà avec deux sourds !… »
La première rencontre entre le supposé prétendant sourd et Églantine est comique de quiproquos car elle se fait en présence du serviteur qui veut dissuader celle-ci de le prendre pour époux (Scène XI, pages 25 et 26) :
« BONIFACE.
Il n’entend rien. (À Placide) Vous allez donc prendre vos cliques et vos claques et filer subito…
PLACIDE, à part.
Avec quel plaisir je t’allongerais une gifle !… (Haut) Mademoiselle est bien bonne d’accueillir aussi favorablement ma demande.
BONIFACE, riant.
Ah ! ah ! ah !… »
ÉGLANTINE, sévèrement.
Boniface !…
BONIFACE, riant.
Il croit que je lui fais un compliment.
PLACIDE, à part.
Tu ne le porteras pas en paradis, toi !…
ÉGLANTINE.
Mais c’est singulier… Quand je l’ai vu chez madame Fauvel, il n’avait pas cette infirmité-là.
PLACIDE, à part.
Ça se complique. (Haut à Églantine.) Hélas ! mademoiselle, un grand malheur m’a frappé depuis le jour où j’ai eu le bonheur de vous rencontrer… une chute de cheval… je suis tombé sur la tête et il m’est resté une malheureuse infirmité… je n’entends plus.
ÉGLANTINE.
Pauvre jeune homme !
PLACIDE.
Je n’entends pas, c’est vrai, je n’entends pas les indifférents… mais je crois que je vous entendrais, mademoiselle, vous dont le souvenir était si bien resté gravé dans ma mémoire, dans mon cœur !… mes yeux, qui contemplent avec ivresse votre charmant visage, mes yeux comprendront… Oh ! parlez-moi, mademoiselle, parlez-moi… et le pauvre sourd entendra ! »
Églantine partie, suit une explication orageuse entre le serviteur et Placide (Scène XI fin et Scène XII début, page 27) :
« BONIFACE, riant.
Oui, sabot, oui tête à perruque !…
Placide allonge un grand coup de pied à Boniface.
BONIFACE.
Hein ? quoi ?… qu’est-ce que c’est ?…
PLACIDE, le poursuivant autour de la table.
Ah ! je suis un sabot, tiens ! une tête à perruque, tiens !
Coup de pied.
BONIFACE, effrayé.
Il entend !… Il entend !…
Il va s’asseoir sur la causeuse.
PLACIDE, le faisant lever.
Chut !… Oui, j’entends !… pour toi, pour elle !… mais comme il faut que je sois sourd pour M. Damoiseau, si tu me trahis, je lui dis de quelle façon tu le traites… j’ai entendu comment tu lui parles.
BONIFACE.
Ne dites pas cela, monsieur… vous mettriez mes cheveux blancs dans la misère, songez que je suis pour douze cents francs de rente sur le testament de M. Damoiseau.
PLACIDE.
Ah ! ah ! Alors, silence pour silence !
(…)
BONIFACE.
V’là monsieur, méfiez-vous… il est malin comme un orang-outan ; si vous vous trahissez, tout serait perdu.
PLACIDE.
Oh ! sois tranquille, je serai sur mes gardes… pour obtenir la main d’Églantine, je serai de plomb, je serai de marbre… un coup de canon ne me ferait pas tourner la tête. »
Par un comique revers de situation, le père Damoiseau qui a accepté le futur gendre pour sa surdité, retrouve l’ouïe et change d’avis (Scène XIII, page 31) :
« DAMOISEAU.
Quand j’étais sourd, oui… mais à présent… donner ma fille à un sourd !… jamais !…
(…)
ÉGLANTINE.
Là !… encore un mariage manqué ! »
Suit un soliloque du père qui entend et a bien des analogies avec l’Avare de Molière (Scène XIV, pages 32 et 33) :
« DAMOISEAU, seul.
J’entends trop !… j’entends trop !… Ah ! je ne peux pas la nier celle-là !… tout le portrait de sa mère !… Le misérable a tourné la tête à ma fille !… et dire que je l’ai invité à dîner !… un homme que je ne connais pas, qui arrive chez moi comme un malfaiteur, en saccageant ma propriété !… d’ailleurs c’est un étranger… Je vais l’abreuver de grossièretés… je vais le faire dîner de telle façon qu’il s’en ira de lui-même… et il fera bien… sinon, je le traduirai en police correctionnelle pour dégâts sur la propriété d’autrui !… (Bruits formidables d’une cloche) Ah !… qu’est-ce que c’est que cela ?… le tocsin ?… Il y a le feu quelque part !… (Allant à la fenêtre.) Ah !… c’est la cloche du dîner ! (Criant) Assez !… assez !… (Regardant dans le jardin.) Le malheureux !… il est là, dans le jardin, qui lit tranquillement le journal et cet effroyable bruit ne lui fait seulement pas lever la tête !… Ah ! voici Boniface qui va l’avertir… ce cher Boniface !… va-t-il être heureux d’apprendre ma guérison ! je me réjouis de voir sa surprise, sa joie à ce brave serviteur, qui m’est si dévoué !… (Appelant.) Boniface !… Voilà un domestique de la vieille roche ! (Appelant.) Boniface !… on n’en trouve plus comme cela. (Appelant.) Boniface !…
Boniface entre par le fond portant le couvert et le potage »
Suit le quiproquo de deux faux sourds dont l’un est supposé être un sourd qui n’est plus sourd, chacun jetant réciproquement des injures à l’autre, sans savoir que l’autre les entend. (Scène XVI, p 35) :
« PLACIDE, d’un air aimable.
J’aurai en vous un vilain beau-père, mais je le lâcherai promptement, croyez-le ! croyez-le !
DAMOISEAU, de même.
Moi, ton beau-père… animal ! plutôt que de t’avoir pour gendre, j’aimerais mieux donner ma fille à un ramoneur… (D’un air aimable.) Asseyez-vous donc… vous serez très mal. »
Le quiproquo dure jusqu’à l’éclaircissement par l’amour : une note de romantisme n’est pas négligeable dans ce tohu-bohu d’idées emmêlées jusqu’à ne plus savoir ce qui est vrai, jusqu’au final (Scène XVIII, page 39) :
« ÉGLANTINE.
Ah ! papa, puisque tu l’as provoqué et qu’il retire vieux daim.
PLACIDE.
Je le retire.
DAMOISEAU, riant.
Au fait, si vous avez entendu ce que je vous ai dit… Ah ! ah ! ah !
PLACIDE, riant.
Et vous, ce que je vous ai répondu… Ah ! ah ! ah !
DAMOISEAU, riant aux éclats.
Nous n’étions sourds ni l’un ni l’autre… Ah ! ah ! ah ! »
Damoiseau qui a retrouvé l’ouïe, accepte finalement ce gendre puisqu’il n’est pas sourd et tout finit « dans le meilleur des mondes ».
De la même veine que « Les deux sourds », Jules MOINAUX a écrit « Les deux aveugles » ; ces deux pièces sont cocasses, originales et ont plu d’emblée au public. Jacques OFFENBACH pour inaugurer le théâtre des Bouffes-Parisiens le 5 juillet 1855, sur les Champs Élysées, à l’occasion de l’Exposition Universelle, choisit entre autres, la saynète de Jules MOINAUX « Les deux aveugles », bouffonnerie musicale en un acte, dont il a composé la musique. La pièce fut portée aux nues par le public. Elle a gardé l’affiche pendant un an. Napoléon III la fit jouer aux Tuileries à l’occasion du Congrès de la Paix réuni à Paris. C’est une satire du monde des mendiants malhonnêtes, ici deux faux aveugles, qui, à l’époque, assiégeaient les passants l’été, et allaient passer l’hiver en famille, en vivant douillettement des gains amassés aux beaux jours contrairement à la cigale de La Fontaine. Les deux faux aveugles se disputent l’emplacement supposé le meilleur, la clientèle, mais se réconcilient toujours à l’approche d’un client potentiel. Là aussi, les gags ne manquent pas et les quiproquos dont Jules MOINAUX a l’art de les mettre en scène, réconciliant le monde toujours en temps voulu.
Dans un autre registre, « Le bureau du Commissaire » fut aussi très prisé car il décrivait la vie de l’administration sans délaisser le côté routinier et anecdotique qui fait la saveur de ces écrits. Alexandre DUMAS fils n’avait d’ailleurs pas hésité à préfacer cet ouvrage pour bien montrer l’intérêt qu’il y portait.
Nous ne pouvons pas laisser sous silence « Les tribunaux comiques », ensemble de faits divers se déroulant au tribunal que Jules MOINAUX a su relater avec finesse. Il s’est servi de ses chroniques lorsqu’il était journaliste, pour les mettre en valeur grâce à son talent littéraire, faisant ressortir le côté pittoresque, inattendu de chaque situation, comme son fils Georges COURTELINE saura aussi le faire plus tard, au travers d’une multitude de faits divers succulents. « Les tribunaux comiques » ont eu plusieurs versions, par exemple ils sont parus chez A. Chevalier-Marescq éditeur en 1884 en cinq tomes, et en un seul volume sous forme d’édition définitive chez Ernest Flammarion éditeur. Le lecteur peut s’y perdre car selon les éditeurs, les tomes ne correspondent pas aux mêmes anecdotes mais cette disparité donne un certain charme à ces petites histoires dont nous n’avons jamais fini de découvrir la saveur, la spontanéité alliées à l’art de la mise en valeur.
La préface signée d’Armand SILVESTRE, dans la série 3 publiée chez Chevalier-Marescq, est judicieuse car elle nous permet de bien situer l’époque de l’écrivain et nous démontre les raisons de son succès :
« Le théâtre languit. Les acteurs ont pris maintenant, dans la vie, une telle place, qu’ils n’ont presque plus de temps à donner à leur profession. » (page VI)
(…)
« Oui, Jules Moinaux s’est fait le feuilletoniste de ce nouveau théâtre populaire. Critique de belle humeur, ce sont les pièces joyeuses qu’il a uniquement analysées et commentées, mettant un mot heureux en relief, avec une délicatesse et une sûreté de touche merveilleuses, faisant ressortir les situations avec une habileté consommée. » (page XI)
Oui, au pays de Rabelais, le rire ne peut être oublié. Quelque soit sa forme, populaire ou plus philosophique avec Bergson, il est toujours le bienvenu pour nous détendre et nous faire réfléchir, expliquant le succès de Jules MOINAUX puis de son fils.
Voici des extraits de « Le chien tondu en lion », anecdote que j’ai choisie pour sa subtilité, sa chute finale inattendue, son comique incessant (Ernest Flammarion éditeur, pages 30 à 32) :
« (…) Il est, au contraire, si acquis que les Français sont nés farceurs, qu’ils peuvent être pris pour farceurs, même en cas de simple malentendu. Est-ce le cas de M. Boulabert, amené devant les magistrats par un tondeur de chiens qui lui réclame 2 francs, prix de la tonte en lion d’un caniche, plus 30 francs d’indemnité, pour le temps que ce monsieur lui fait perdre ? C’est ce que les explications des parties vont nous apprendre.
Fillard (c’est le tondeur) raconte ainsi le fait :
- Voilà. Je rendais à ma femme un chat que ses maîtres m’avaient dit qu’il avait du vice, et que je disais : « Tu peux leur promettre qu’à présent il sera sage comme une image ». À ce moment-là, voilà monsieur qui s’arrête à regarder, et, voyant qu’il avait un chien, un sale barbet, une espèce de griffon, enfin un chien à poil, je dis comme ça : « Faut-il rafraîchir un peu ce cabot-là, patron ?
- Le rafraîchir ? qu’il me fait ; ça ne peut pas lui faire du mal. »
Moi, là-dessus, je prends le chien et je dis à ce monsieur :
- Voulez-vous que je le tonde en lion ?
- En lion ? qu’il me dit.
- Oui, tondu seulement à partir des reins, et puis je lui ferai des manchettes aux pattes.
- Dame, qu’il me répond, oui, en lion, je crois que ça lui ira rudement bien.
Voyant ça, je tonds le chien en lion avec des manchettes. Monsieur reste là à me regarder travailler. Quand c’est fini, je mets le cabot sur ses pattes, et je dis :
- « Eh bien, patron, comment le trouvez-vous, votre cabgi ?
- Il est épatant, qu’il me répond.
- Eh bien, que je dis, c’est quarante sous !
- Eh bien, qu’y me fait, c’est pas cher. »
Là-dessus, il s’en va et son chien le suit en remuant la queue, comme un chien qui est content qu’on lui a fait sa toilette. Moi, je rappelle monsieur, en lui criant :
- Eh bien, et les quarante sous ?
- Quels quarante sous ? qu’il me demande.
- Comment, quels quarante sous ? Mais les quarante sous pour avoir tondu vot’ chien.
- Mon chien ! qu’il me dit ; il n’est pas à moi, ce chien-là.
M. BOULABERT. - En effet, il n’était pas à moi ; c’était un sale chien que je ne connaissais pas du tout ; il m’avait suivi dans la rue.
LE PRÉSIDENT. - Et vous le laissez tondre en lion par ce pauvre homme sans lui dire que ce chien n’était pas à vous !
M. BOULABERT. - Je le lui ai dit.
LE PRÉSIDENT. - Quand il a été tondu, oui.
M. BOULABERT.- Pas du tout ; la preuve, c’est que je l’ai chassé ; mais il se cramponnait à moi, il ne voulait pas me lâcher.
LE PRÉSIDENT. - Allons, ne persistez pas dans cette mauvaise explication. Vous n’avez pas l’air d’un naïf ; donnez les deux francs qu’il demande pour le dérangement que vous lui causez.
M. BOULABERT - Pardon, mais…
LE PRÉSIDENT. - Vous refusez ?
M .BOULABERT, tout bien réfléchi, se décide à lâcher ses sous.
Quant au chien, qu’est-il devenu ? Il est probable qu’il aura retrouvé son vrai maître. Mais celui-ci a dû être bien surpris et s’est assurément demandé : « Où diable cet animal-là a-t-il pu trouver de l’argent pour aller se faire tondre en lion ? » »
Père et fils, Jules MOINAUX puis Georges COURTELINE, eurent un réel succès de leur vivant. Même s’ils ont de nombreux points communs indéniables, ils ont chacun leur style d’écriture, plus classique pour le père, plus bohême pour le fils, plus centré sur les faits juridiques et les saynètes pour opéras pour le père, plus tourné vers la vie de soldats et les anecdotes de couples pour le fils. Similitudes et différences, sûreté de soi pour le père, doute sur sa valeur pour le fils, pourtant Georges COURTELINE est bien le digne descendant de son père.
Georges COURTELINE a mieux traversé le temps puisque ses œuvres sont toujours jouées. J’ai d’ailleurs assisté en décembre 2002, à une représentation intitulée « Cabaret Courteline » par le théâtre de l’Ante, à La Pléiade à La Riche et cette troupe continuait une tournée qui avait débuté l’été précédent dans les jardins tourangeaux, avec un succès jamais démenti. Dans le même état d’esprit, réhabilitons Jules MOINAUX dont les écrits et le style ne nous décevront pas si nous savons rire de nos travers et accepter nos faiblesses ridicules, en vrai disciple de Rabelais. Rire de soi, n’est-ce pas une philosophie de vie ?
Catherine RÉAULT-CROSNIER
BIBLIOGRAPHIE :
Anonyme, Deux aveugles (Les) de jacques Offenbach, sur Internet, http://perso.wanadoo.fr/anao/oeuvre/deuxaveug.html
Georges COURTELINE, théâtre, contes, romans et nouvelles, philosophie, écrits divers et fragments retrouvés, Éditions Robert LAFFONT, Paris, 1990, 938 pages
Michel LAURENCIN, Dictionnaire biographique de Touraine, CLD, Chambray-lès-Tours, 1990, 629 pages
Jules MOINAUX, Le bureau du Commissaire, préfacé par Alexandre DUMAS fils, Jules Lévy éditeur, Paris, 1886
Jules MOINAUX, Les deux sourds, Calmann-Lévy éditeurs, Paris, 40 pages
Jules MOINAUX, Les tribunaux comiques, tome 3, A. Chevalier-Marescq éditeur, Paris, 1884, 383 pages
Jules MOINAUX, Les tribunaux comiques, édition définitive en un seul volume, Ernest Flammarion éditeur, 1933, 284 pages
Jules MOINAUX, album de Saint-Hubert, chansons de chasse comiques sur les fanfares les plus connues
MOLIÈRE, L’école des femmes, nouveau classique Larousse, Paris, 1965, 134 pages
Édition de la Nouvelle République, Tours pas à pas, Tours, 1995
Guy-Marie OURY, La Touraine au fil des siècles, CLD, Chambray-lès-Tours, 239 pages
Hélène VIALLES, Tours pas à pas, Éditions Horvat, Ambierle, 1985
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