5èmes RENCONTRES LITTÉRAIRES
DANS LE JARDIN DES PRÉBENDES
Vendredi 8 août 2003, de 17 h 30 à 19 h
2ème partie de la séance sur Menie
GRÉGOIRE :
réponses de Menie GRÉGOIRE aux questions du public
Menie GRÉGOIRE, le 8 août 2003, aux 5èmes Rencontres littéraires dans le jardin des Prébendes à Tours.
Menie GRÉGOIRE :
Tout d’abord, je ne sais pas comment vous remercier de ce que vous venez de faire. C’est incroyable. J’ai l’impression que c’est de mon vivant, un éloge mortuaire. C’est admirable, admirable.
En général, on n’a pas la chance de savoir ce que l’on dira de vous après votre mort et moi, voilà, maintenant je le sais et si c’est ça, et bien, merci, merci à tous.
Je ne sais pas ce que je peux vous dire parce que, en gros, je suis tout à fait d’accord et si je résume au fond, l’essentiel de ce que j’ai fait dans ma vie, ça donnerait ceci : j’étais une femme, j’ai été élevée comme au XIXème siècle, je vivais au XXème et j’ai décidé de changer avec d’autres d’ailleurs, parce que j’ai été l’élève des vieilles féministes d’autrefois, beaucoup plus que Simone de BEAUVOIR. J’ai été l’élève du groupe des femmes de l’association féminine féministe, qui demandait des changements de législation et étant très jeune, j’ai été à leur groupement, je les ai écoutées, je les ai vues vivre. J’ai lutté avec elles et c’est à elles, je crois, que je dois d’avoir osé chercher ce qu’on pouvait faire pour être une femme d’aujourd’hui c’est-à-dire, différente de ce qu’on m’avait appris et néanmoins je serai une femme.
Je ne sais pas si on vous a dit que je me suis mariée jeune, que j’ai renoncé à tout ce que j’avais préparé pour ma vie, pour pouvoir avoir des enfants et les élever, que j’ai eu trois filles et ce n’est pas pour ça que je me suis occupée des femmes mais il se trouve par chance, que j’ai eu trois filles et que je crois les avoir réussies et de tout ce que j’ai fait dans ma vie, je vais vous dire franchement, que c’est de mes trois filles que je suis le plus fier.
Voilà. Si vous avez des questions à me poser et bien, je suis là et je vous dis en conclusion que je me sens très, très tourangelle et que l’hommage et l’amitié que vous me faites, me touchent infiniment.
- Avez-vous un prochain projet de livre ?
Oui, j’ai un projet de livre. Je ne peux pas vivre sans avoir de projet parce que, comme je suis tout de même à la retraite, il faut qu’il y ait quelque chose qui me donne envie de me lever le matin et d’avoir l’impression que ma vie a encore un sens. Alors, j’ai déjà fait une vie de femme qui est Madame de Pompadour et là, j’ai choisi une autre femme - je ne voulais pas le dire car je ne voulais pas qu’on me prenne le sujet -, une femme dont on n’a pas parlé suffisamment, qui est une femme admirable, qui a écrit ses mémoires dans sa prison sous la révolution, avant qu’on lui coupe la tête et qui est Madame ROLAND. Une femme extraordinaire, qui à elle seule, contient tous les problèmes féminins, toutes les victoires qu’on peut avoir sur soi-même et qui a fait de sa vie, quelque chose de fantastique, puisqu’elle a été vraiment la reine des Girondins et qu’elle a conduit la révolution jusqu’au moment où elle a vu qu’elle était perdue devant Danton, Robespierre et les Jacobins qui l’ont mise en prison et… enfin je ne vous raconte pas l’histoire mais cette femme, c’est vraiment une femme selon tous nos rêves de réussite et de perfection à une époque où ce n’était pas facile, où c’était même pratiquement impossible.
- Avez-vous des moments pour écrire, plus particulièrement ?
J’écris quand c’est mûr. Je vais vous dire, je crois que tout le monde est comme ça et qu’on vous raconte des histoires quand on vous dit qu’on écrit comme ça ou comme ça. Ce n’est pas vrai. On écrit quand c’est prêt, quand c’est mûr, on cueille les fruits quand ils vous tombent dans la main et bien, quand on se l’est raconté dix fois dans la nuit, dans ses insomnies, qu’on a travaillé, qu’on a cru comprendre, qu’on a vu, qu’on a imaginé, qu’on s’est fait des dialogues dans la tête, quand c’est prêt, on écrit. Voilà. Que ce soit le matin, le soir, la nuit, le jour, chez soi ou ailleurs, dans le train… Si vous saviez ce que j’ai pu écrire dans le train ; la plupart de mes romans, je les ai écrit dans le train Paris-Rochecorbon. Ça faisait à l’époque deux heures pour l’aller, deux heures pour revenir. Ça faisait quatre heures. Je travaillais beaucoup. Je n’avais vraiment pas le temps d’écrire et j’ai écrit toute la série du « Puy du Fou » dans le train Paris-Tours, Paris-Saint-Pierre. Quand c’était mûr, voilà.
- Écrivez-vous à la main ?
J’écris à la main, je peux écrire à la machine, les articles, les choses rationnelles. Ça s’écrit très bien à la machine. Tous mes articles, je les ai faits moi-même à la machine mais un roman, un livre, ce n’est pas possible. Il ne faut pas qu’il y ait d’intermédiaire. Il faut qu’on jette… C’est sa main qui vous suit ou qui vous précède quelquefois, quand c’est vraiment mûr.
- J’ai appris que vous aviez peint. Vous peignez encore ?
Ah, j’ai fait de l’aquarelle quand j’étais jeune fille mais je n’en ai plus refait. J’ai fait de la sculpture surtout et je voudrais bien en refaire, de la sculpture sur pierre. J’avais un père architecte et pendant les vacances, il m’avait mis à la sculpture et il m’avait fait des commandes et j’ai eu un certain nombre de commandes de statues en particulier, des statues ou des objets décoratifs pour des maisons, etc. J’ai fait de la sculpture sur pierre avec beaucoup de bonheur. On peut en faire toute sa vie, jusqu’à sa mort.
- Des statues de femmes ou d’hommes ?
Pour les femmes, c’était surtout de saintes vierges parce que mes commandes, c’était pour les églises. Non, j’ai fait aussi des quadrants solaires, des fontaines, des choses comme ça, pas très grandes.
- Est-ce qu’on peut en voir quelque part ?
Il y en a dans l’église du Sacré Cœur de Cholet : ce sont des bénitiers qui représentent les sept péchés capitaux et c’est extrêmement gai.
- Que pensez-vous de l’image de la femme aujourd’hui dans la publicité ?
Belle question. Moi, ça ne me met pas dans tous mes états comme « les chiennes de garde ». Je crois que ce n’est pas très important, ce n’est pas très grave. Je peux me tromper. On a toujours représenté les femmes en petite tenue ou pas de tenue du tout et les femmes c’est tout de même, les plus belles choses en sculpture, en peinture. Alors, qu’en photos, en affiches, on en mette de très belles et très dénudées, je ne crois pas que ce soit tellement nouveau, tellement neuf.
- Le David de Michel-Ange, c’est un homme, il est très beau. Pourquoi ? Pourquoi la femme serait-elle plus belle que l’homme ?
Oui mais les déesses grecques, romaines et de la Renaissance, ce sont des femmes. Il n’y a guère que les Romains ou les Grecs pour avoir fait des statues d’hommes comme ça. Après, c’étaient des femmes qui décoraient les jardins, des Vénus, des déesses de la fécondité qui portaient des fruits, des légumes, des gerbes de blé. Je veux bien qu’on ne soit pas content quand c’est tout à fait dégoûtant et ça arrive, mais dans l’ensemble, le fait qu’on se serve du corps des femmes et des femmes belles pour décorer, moi, ça ne me paraît pas scandaleux du tout. J’espère que je ne vais pas vous choquer mais…
- Vous ne pensez pas que ça donne une image de femme-objet dans la publicité ?
Il y a beaucoup d’autres raisons pour faire de la femme, un objet. Il y en a tellement de plus grave.
- L’impact psychologique est important ?
Oui. Moi, honnêtement, je n’ai pas marché avec leur affaire de « chiennes de garde ». Qu’elles fassent ce qu’elles veulent, je ne suis pas contre mais je n’ai pas marché parce que c’est éternel et c’est normal. Le jour où on ne trouvera plus que les femmes sont belles et bien, écoutez, on sera très malheureux.
- Est-ce que dans vos romans, vous ressentez la couleur que vous ne peignez plus et la sculpture ?
C’est très loin de moi, la peinture et la sculpture. Il y a très longtemps que je ne l’ai pas fait. Non, mais l’écriture, c’est une autre façon de sculpter et de voir et de peindre.
- J’ai regardé cette semaine, l’émission consacrée à Marie TRINTIGNANT…
Ah, je suis contente que vous en parliez, moi, parce que cette affaire de Marie TRINTIGNANT, c’est horrible bien sûr mais enfin, parce que c’est une femme célèbre, belle et lancée, on en parle. Enfin, on saura que les femmes peuvent être battues et tuées par leur mari ou par leurs amants ou par leurs amis. Moi, dans mes annales de souvenirs, j’ai des femmes qui ont été tuées. Je peux vous en raconter une que je n’oublierai jamais. Elle m’a téléphoné un jour, elle n’était pas jeune, elle avait un mari totalement alcoolique, violent, brutal, armé d’un fusil, qui la menaçait tout le temps et j’ai senti dans sa voix, qu’elle avait vraiment peur. Je lui ai dit, je m’entends encore lui dire : « Écoutez, je vous en supplie, je vous en conjure, ne dormez pas chez vous ce soir. Pouvez-vous aller ailleurs ? » Elle me dit : « Je n’ai rien, j’ai personne. » J’ai dit, « Écoutez, il vaut mieux que vous couchiez dehors, que vous trouviez un coin, à l’abri mais ne rentrez pas ce soir, je vous assure, d’après ce que vous me racontez, c’est trop dangereux. » Et bien, elle est rentrée chez elle et le lendemain, j’ai appris qu’elle avait été tirée avec le fusil et qu’elle était morte et qu’est-ce que vous voulez, parce qu’elle était une femme ordinaire dans l’Est, du côté de Nancy, et que mon Dieu, personne ne la connaissait spécialement, et bien, c’est passé et puis on a oublié alors que Marie TRINTIGNANT, on n’oubliera pas, on saura que, quand une femme dit qu’elle est battue et qu’elle a peur, on saura que ça existe et que c’est vrai. Ça servira beaucoup. Marie TRINTIGNANT servira beaucoup à ses sœurs.
- Il faut que ça arrive à une célébrité pour qu’on en parle ?
Voilà exactement.
- On nous parle du SIDA parce que ça touche des gens riches. Les insuffisants respiratoires, on n’en parle pas. On ne parle pas des femmes battues. Pourquoi ?
On ne peut pas parler de toutes les misères. La télévision le fait quand même de temps en temps. Elle le fait plus qu’autrefois, vous savez. Du temps où il n’y avait pas la télévision, où il n’y avait que la radio, ou avant, quand il n’y avait rien, on ne parlait pas des misères des gens. On ne parlait pas de ça. On ne parle que du SIDA. Vous avez raison et pourquoi ? Vous pourriez chercher dans votre tête pourquoi… Parce que ceux qui en sont atteints, sont en général, des gens du show-biz, des gens lancés, des gens en vue, des gens qu’on admire, etc. et c’est une maladie qui est anoblie si je puis dire alors qu’elle ne l’est vraiment guère. Elle est anoblie parce que ces gens sont en vue et les femmes battues et les femmes tuées par un homme, il faut être Marie TRINTIGNANT pour qu’on en parle. C’est ce que je peux dire.
Je ne peux pas dire que j’ai été contente de l’affaire de Marie TRINTIGNANT. C’est une horreur mais quand même jusqu’à un certain point, au fond de moi-même, je me suis dit « tiens, enfin on en parle, on ne pourra plus faire semblant que ça n’existe pas. »
- C’est honteux de penser qu’une femme est à la rue quand son mari est brutal et que l’homme lui, reste dans le logement, une femme avec des enfants est bien ennuyée.
Maintenant s’il y a divorce, non. On laisse le domicile à la femme et aux enfants.
- S’ils ne sont pas mariés ?
S’ils ne sont pas mariés, je ne sais pas s’il y a des études là-dessus.
- Il y a aussi des hommes maltraités.
Je ne sais pas, moi, je ne les ai pas vus. Qu’ils soient maltraités en paroles, en actes, etc., oh sûrement. Mais par violence physique, je ne sais pas. Oui, sur le plan physique, je crois qu’il faut qu’un homme soit bien fatigué pour ne pas se défendre d’une femme. Non, ce qu’il y a, ce sont des vieillards très vieux et en très mauvais état. Ils sont quelquefois maltraités et ça, c’est une chose dont on n’ose pas parler et qui est très réelle et qui existe. J’ai lu pas mal de choses là-dessus. Il y a même une association présidée par un médecin âgé pour défendre les vieillards qui ne sont plus capables de se défendre dans les maisons mal tenues ou dont les enfants sont des brutes. Vous savez, des malheurs pour les êtres humains, il y en a tellement, il y en aura toujours, il y en a toujours eu alors que l’on essaie tous chacun à son niveau de faire quelque chose, on est tous débordé. Moi, j’avais l’impression à l’antenne, tout le temps, d’être débordée par ces lettres qui arrivaient les unes sur les autres, ces lettres tellement nombreuses que je ne pouvais pas les lire et que mes assistantes non plus, n’arrivaient pas non plus à toutes les ouvrir. On avait trois cents, quatre cents, cinq cents lettres par jour. Ce n’est pas possible. Je peux vous dire que ce fonds qui est aux archives de Tours, du Conseil Général. Ce fonds, moi, je n’ai pas le courage d’y retourner, je ne peux pas, c’est plus fort que moi. Je sais que, si j’ouvre ces lettres dont certaines n’ont pas été ouvertes, et que je vois ce qu’on me disait, ce qu’on me demandait et que je me dis, je ne l’ai pas su, je n’ai rien fait, je n’ai pas répondu, je l’ai laissé dans cet état-là sans bouger, ça me rend malade et je n’en dors plus de la nuit alors je peux vous dire que ce que j’ai fait à l’antenne, c’est une petite partie de ce qui m’est arrivé et de ce qui m’a été dit. Cette aventure, ça, c’est vraiment une aventure, d’avoir été quinze ans à écouter les gens et à lire ce qu’ils disaient pour essayer de faire savoir, pour essayer que tout le monde se sente un peu frère, que l’on ne se sente pas seul, totalement seul de son espèce, quand on est très malheureux ou qu’on a une horrible histoire. Ça, c’est quelque chose qui a été la grande aventure de ma vie, c’est quelque chose qui m’a marquée et pour jusqu’à ma mort. Je ne pourrai jamais oublier ce qui m’est arrivé, tous ces gens, tous ces êtres autour de moi et ce que j’ai fait, j’ai fait quoi ? trois fois rien tous les jours, une demi-heure ou une heure de discussion, de groupes de paroles, d’amitié et puis rien parce que, quand vous avez cinquante coups de téléphone ou cent coups de téléphone dans la journée, plus de trois cents lettres et donc vous ne pouvez rien faire ou pas grand chose. Ce que je faisais, … j’avais demandé à une assistante sociale à plein temps et avec elle, nous prenions en main les cas d’enfants. Tout ce qui arrivait des cas d’enfants en danger ou grave, alors là, tout de suite, l’assistante sociale s’y jetait.
- Nous vous avons beaucoup admirée, beaucoup écoutée.
Vous êtes gentille, parce que ce n’est pas moi qui étais admirable, c’était cette espèce d’échange, de chaleur, d’amitié, de fraternité et ce n’est pas moi qui l’ai inventé, vous savez.
- Ce n’est pas donné à tout le monde…
Premièrement, il fallait avoir une bonne formation psychanalytique parce que c’est quand même très dangereux de parler avec quelqu’un de choses aussi graves et aussi sérieuses. Il fallait ça, mais ça s’est fait tout seul parce que personne n’imaginait ça et quand j’ai commencé, c’était la première fois au monde qu’on donnait la parole à un public dans une radio, ni en Amérique, ni ailleurs, on ne l’avait jamais fait. Ce n’est pas moi qui l’avais inventé, c’était mon directeur de l’époque, qui était un directeur absolument génial, qui avait dans la tête cette idée que, au fond, il ne fallait pas parachuter en permanence des choses sur les gens, mais qu’il fallait qu’ils apportent tous, cette richesse des êtres. Alors il a dit « les auditeurs ont la parole et ils vont faire la radio. » Alors il est venu me demander parce que j’avais donc écrit ce livre sur les femmes qui était très différent de celui de Simone de BEAUVOIR, mais qui a fait à peu près autant de bruit. Il est venu me demander si je voulais faire parler les femmes. Alors j’ai dit « oui » tout de suite. J’ai dit, « Écoutez, pour mon livre, j’ai fait une enquête. Ce que les femmes disent, se trouvent dans les articles dans « Elle » et « Marie Claire ». Je reçois une montagne de courrier, elles ont déjà beaucoup à dire ». Alors, j’ai attendu. Elles ne disaient rien. J’ai pris une lettre qui était un article un peu fracassant dans « Elle » », sur un couple et puis j’ai fait une réponse orale et le lendemain, il y avait cent lettres et puis il y a eu tous les jours, des lettres, des lettres, des coups de fil et cette émission est la seule probablement qui n’ait jamais eu de nom parce qu’elle s’est fabriquée. Il s’est trouvé que cette idée a correspondu à un changement de société, une espèce de liberté, de libération pour tous, un besoin de changement, de réfléchir, un besoin de comprendre, un besoin de savoir dans un monde qui changeait très vite et beaucoup et il s’est trouvé que cette idée de faire parler les femmes qui ne demandent qu’à parler alors que les hommes parlent si peu, messieurs, pardon… ah, pour les questions intimes, personnelles, affectives, les hommes, ils n’osent pas parler de ça, ce n’est pas pour eux, c’est féminin, mais les femmes parlent et elles disent vraiment ce qu’elles ont à dire de la vie intérieure des êtres mais pour faire parler un homme… Je peux vous dire que le leitmotiv des femmes, quand elles me parlaient, c’était qu’elles avaient des problèmes avec leur mari et je leur disais « Alors, vous lui en avez parlé ? Qu’est-ce qu’il a dit ? », « Mais, vous savez bien que les hommes ne parlent pas. Il ne m’a pas parlé. Il ne parle jamais d’ailleurs. » Ils ne parlent pas. C’était le leitmotiv, tous les jours, on entendait ça, les hommes, ils ne parlent pas. Il y en a qui parlent heureusement mais dans l’ensemble, on n’a pas appris aux hommes à extérioriser leur vie intérieure ; on leur a appris à se tenir debout et à attaquer. Une femme, on ne lui a pas appris ça. On lui a appris qu’elle aurait des enfants, qu’il fallait les aimer, qu’il fallait les élever, qu’il fallait aussi s’occuper des vieux, des jeunes, etc. Et elles parlent parce que la vie affective est pour elle importante.
- Vous avez dit quelque chose qui me frappe. Pourquoi les femmes sont-elles venues ? Moi, je vous dis, c’est pour Menie.
Et moi, je vous écoute. C’est ce qui est merveilleux. Cela a été écouté par tellement de millions de femmes que chacun en prenait un petit peu pour soi sur son plan personnel. C’est vrai et ce qui est amusant aussi, c’était le leitmotiv, la dame d’hier ou d’aujourd’hui, c’était tout à fait moi. On se reconnaissait dans les autres.
Mais vous savez, je me sens vraiment tourangelle de plus en plus. Je suis tourangelle de moitié par ma mère, ma grand-mère, etc. Et puis par ma maison de famille mais je me sens d’abord tourangelle et finalement j’avais à choisir entre la Vendée que j’aime beaucoup et qui était de mon père et la Touraine de ma mère et j’ai choisi la Touraine vraiment. J’aime beaucoup ma maison et il y fait beaucoup plus frais qu’ici, je peux vous le dire, parce que je suis troglodyte. Je pense qu’il y a d’autres troglodytes mais qu’est-ce qu’on est bien dans les caves ! Surtout quand il fait chaud comme ça !
- Vraiment, je vous remercie d’être venue.
Vous êtes gentille. Je suis ravie d’être tourangelle avec vous, voilà.
- Grand merci, un grand merci.
(Retranscription Catherine RÉAULT-CROSNIER - Page mise en ligne avec l’aimable autorisation de Menie GRÉGOIRE en date du 8 septembre 2003)
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