5èmes RENCONTRES LITTÉRAIRES
DANS LE JARDIN DES PRÉBENDES, À TOURS
Vendredi 1er août 2003, de 17 h 30 à 19 h
CATHERINE D’AMBOISE (1481 ou 2 – 1550) par Catherine RÉAULT-CROSNIER |
Poète mystique de la première moitié du XVIème siècle donc contemporaine de RONSARD, Catherine d’Amboise est issue d’une grande famille de Touraine. Elle sera l’objet d’une conférence au jardin des Prébendes en 2004 mais j’ai choisi de vous la faire déjà un peu connaître pour vous donner envie de revenir dans un an, nous écouter à son sujet.
Elle est née en 1481 ou 1482 et s’est mariée trois fois. Elle est morte à soixante-huit ou soixante-neuf ans ce qui correspond à une longévité exceptionnelle pour une femme du XVIème siècle. Ses poèmes naïfs et féminins, toujours empreints de la foi de son époque, alternent les thèmes de la foi et du repentir, de sa faiblesse et de sa petitesse devant la grandeur de Dieu. Son style par certains aspects, se rapproche de Clément MAROT, François VILLON, Charles d’ORLÉANS, Marguerite de NAVARRE, Étienne de la BOÉTIE et RONSARD ; je donnerai les points communs de ces écrivains dans un an. Les poèmes de Catherine d’Amboise chantent d’un naturel émouvant avec parfois des refrains qui en augmentent l’intensité comme le « Chant royal de la plus belle qui jamais fut au monde » qui correspond à l’épître IV de son livre intitulé « Les Devotes Epistres » publié aux éditions Universitaires de Fribourg (Suisse) en 2002 et actuellement disponible en librairie. Voici ce texte :
Chant royal
Anges, throsnes et dominations,
Principaultés, archanges, chérubins,
Inclinés vous aux basses régions
Avec vertus, potestes, seraphins,
Transvolitez des haulz lieux cristalins
Pour decorer la triumphante entrée,
La tresdigne precieuse ventrée,
Le saint concept par misteres treshaulz
De la Vierge où toute grace habonde,
Decretée par dictz imperiaulx
La plus belle qui jamais fut au monde.
Faictes sermons et predications,
Carmes devoctz, cordeliers, augustins ;
Du sainct concept portés relacions,
Caldeyens, Hebrieux et Latins ;
Roumains, chantés sur les montz palatins
Que Jouachim saincte Anne a rencontree
Et que par eulx nous est administree
Ceste Vierge soubz amours conjugaulz
Que Dieu crea de plaisance feconde,
Sans point sentir vices originaulz,
La plus belle qui jamais fut au monde.
Ses honnestes belles receptions
D’ame et de corps aux beaux lieux intestins
Ont transcendé toutes conceptions
Personnelles, par misteres divins.
Car pour nourrir Jhesus de ses tetins
Dieu l’a tousjours sans maculle monstree,
La desclairant par droit et loy oultree
Toute belle pour le tout beau des beaulx,
Toute clere, necte, pudicque et monde,
Toute pure par dessus tous vesseaulx,
La plus belle qui jamais fut au monde.
Muses, venés en jubilacions
Et transmigrés vos ruisseaulx cristalins ;
Vien, Aurora, par lucidations,
En precursant les beaux jours matutins ;
Vien, Orpheus, sonner harpe et clarins ;
Vien, Amphion, de la belle contree ;
Vien, musique, plaisamment acoustrée ;
Vien, Royne Hester, preparée de joyaulx ;
Venez, Judich, Rachel et Florimonde,
Acompaignez par honneurs spéciaulx
La plus belle qui jamais fut au monde.
Doulz Zephirus, par sibilacions
Sepme partout roses et roumarins ;
Nimphes, lessés vos inundations,
Lieux stigieulx et carybdes marins ;
Sonnes chores, violles, tabourins,
Que ma maistresse, la Vierge honnoree
Soit de chacun en tous lieux decoree
Vien, Apolo, jouer des chalumeaux ;
Sonne, Panna, si hault que tout redonde ;
Collaudés tous en termes generaulx
La plus belle qui jamais fut au monde.
Envoy
Esperits devotz, fidelles et loyaulx,
En paradis beaux manoirs et chasteaulx,
Au plaisir Dieu la Vierge pour nous fonde,
Ou la verrés en ses palais royaulx
La plus belle qui jamais fut au monde.
Fin par moy K. Damboyse
BIBLIOGRAPHIE :
Catherine d’Amboise, Les Devotes Epistres, présentées et éditées par Yves Giraud, Éditions Universitaires Fribourg, Suisse, 2002, 71 pages + 27 pages de présentation
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