4èmes RENCONTRES LITTÉRAIRES
DANS LE JARDIN DES PRÉBENDES

Vendredi 2 août 2002, de 17 h 30 à 19 h

 

RACAN, LE POÈTE CHAMPÊTRE

(1589 - 1670)

par Jeanne ZOTTER

Jeanne ZOTTER présentant RACAN, le poète champêtre, aux 4èmes rencontres littéraires des Prébendes à TOURS, le 2 août 2002.

 

Racan de son vrai nom Honorat de Bueil, appartient à une famille illustre, célèbre pour sa vaillance et sa fidélité au roi de France.

Louis II de Bueil, père du poète, ne faillit pas à la tradition. En Touraine, il est Seigneur de la Roche, au Majeur de Saint Paterne. Il épouse Marguerite de Vendômois. Leur fils, Honorat, naît le 5 février 1589 dans la province du Maine, au manoir de Champmarin à Aubigné.

Âgé de quelques semaines, l’enfant arrive à Saint-Paterne. Son enfance s’y déroule, heureuse. Son père meurt de la peste en 1597 et sa mère peu après. Orphelin et pauvre, il est recueilli par sa cousine Anne de Bueil. Racan fait bientôt partie des pages du roi Henri IV se souvenant de la fidélité de son père. À seize ans, le jeune page fait la connaissance de Malherbe venu de Provence par la volonté du Vert-Galant qui apprécie ses rimes. Un art auquel s’adonne Racan.

Étranger aux intrigues politiques de la Cour, Racan se réfugie dans la Poésie, écrivant une ode épicurienne à son ami François Maynard :

« Beuvons, Maynard, à pleine tasse,
l’âge insensiblement se passe
Et nous mène à nos derniers jours.
L’on a beau faire des prières,
Les ans, non plus que les rivières
Jamais ne rebroussent leurs cours. »

 

Puis Louis XIII gouverne et rétablit son autorité sur sa mère, Marie de Médicis. Les soucis d’argent hérités de ses parents se poursuivent. Mélancolique, il fait le bilan de sa jeunesse. À trente ans à peine, sa Touraine lui paraît un havre de paix :

« Thirsis, il faut penser à faire la retraite :
La course de nos jours est plus qu’à demi faite.
L’âge insensiblement nous conduit à la mort,
Nous avons assez vu sur la mer de ce monde
Errer au gré des flots notre nef vagabonde ;
Il est temps de jouir des délices du port. »

 

Racan restera pourtant seize ans au service des armes. À près de quarante ans, il se marie avec une très jeune fille, Madeleine du Bois Rougiers, en 1628. à son foyer, naissent trois garçons et deux filles.

« Je trouvais mon foyer couronné de ma race.
À peine bien souvent y pouvais-je avoir place.
L’un gisait au maillot, l’autre dans le berceau ;
Ma femme, en les baisant, dévidait son fuseau. »

 

Racan retrouve sa Touraine. L’ancien poète de la Cour mène désormais une vie de gentilhomme campagnard. Il va à cheval accompagné de son valet, chemine de son château de la Roche, remanié grâce à l’héritage de sa cousine, jusqu’à son château du Bois à Neuvy. Il observe le travail des hommes, la nature :

« La pluie, en maints petits bouillons,
tombe et jaillit sur les sillons
au retour des saisons nouvelles ;
tout abonde, en tout temps des biens que tu produis,
l’été pave les champs de nombreuses javelles,
le printemps a des fleurs et l’automne des fruits. »

 

La mort de son troisième fils à seize ans lui cause une grande souffrance :

« Ce fils dont les attraits d’une aimable jeunesse
Rendaient de mes vieux jours, tous les désirs contents,
Ce fils qui fut l’appui de ma faible vieillesse,
A vu tomber sans fruit la fleur de son printemps. »

 

À cette tristesse, s’ajoutent les tracasseries dues à des ennuis d’argent avec ses co-héritiers. À l’hiver 1669-1670, le poète quitte Saint-Paterne pour Paris une dernière fois :

« Crois-moi, retirons-nous hors de la multitude,
Et vivons désormais loin de la servitude
De ces palais dorés où tout le monde accourt.
Sous un chêne élevé les arbrisseaux s’ennuient
Et devant le soleil, tous les astres s’enfuient
De peur d’être obligés de lui faire la cour. »

 

Racan meurt à Paris, le 21 janvier 1670, à l’âge respectable de qutre-vingt-un ans. Il est inhumé dans le caveau familial en l’église de Neuvy-le-Roi :

« Agréables déserts, séjour de l’innocence,
Où loin des vanités, de la magnificence,
Commence mon repos, où finit mon tourment,
Vallons, fleuves, rochers, plaisante solitude,
Si vous fûtes terrains de mon inquiétude,
Soyez-le désormais de mon contentement ! »

 

 

Jeanne ZOTTER

 

Résumé d’après l’article paru sur le Magazine de la Touraine n° 77.

Fait le 30 juin 2002.

 

RACAN a déjà fait l’objet des promenades littéraires des Prébendes de 1999. Le texte correspondant est en ligne sur le présent site.