4èmes RENCONTRES LITTÉRAIRES
DANS LE JARDIN DES PRÉBENDES

Vendredi 6 septembre 2002, de 17 h 30 à 19 h

 

RABELAIS

par l’Association des Amis de Rabelais
et de La Devinière

Portrait de François RABELAIS par Catherine RÉAULT-CROSNIER.

 

François Rabelais, éléments de biographie, par Claude VIEL

Origine de la guerre Picrocholine et efforts de Grangousier en faveur de la paix

. présentation par Claude VIEL
. texte de RABELAIS lu par Pierre-Marie ADAM

La naissance de Pantagruel

. présentation par Claude VIEL
. texte de RABELAIS lu par J. PINON

Comment Panurge consulta Pantagruel pour savoir s’il devait se marier

. présentation par Claude VIEL
. texte de RABELAIS lu par Marie-Thérèse GOIZET

Le Goitrou et les pies

. présentation par Claude VIEL
. texte de RABELAIS lu par Jean DESTOUCHES.

Présentation de l’Association des Amis de Rabelais et de La Devinière

 

Claude VIEL et les membres de l'association Les amis de Rabelais et de la Devinière, au 4èmes rencontres littéraires au jardin des Prébendes, à Tours, le 6 septembre 2002.

 

FRANÇOIS RABELAIS - ÉLÉMENTS DE BIOGRAPHIE

 

François Rabelais, fils d’Antoine Rabelais, avocat au siège de Chinon et sénéchal de Lerné, est né certainement à Seuilly, à la Devinière. On ne connaît pas avec une absolue certitude l’année de sa naissance. Pour les uns, se basant sur un épitaphier du XVIIème siècle, ce serait en 1483, pour d’autres, ce serait en 1494. La date de 1494 paraît la plus probable. Quoiqu’il en soit, la naissance de Rabelais coïncide avec l’entrée dans un monde nouveau, celui de la Renaissance, vaste mouvement culturel qui abandonne les valeurs médiévales liées à la féodalité et qui se caractérise par un renouveau des mentalités, la découverte de l’Amérique et de nouveaux mondes grâce à l’ouverture des voies maritimes, l’épanouissement humaniste, l’explosion des connaissances et de leur diffusion consécutives à la critique des théories des Anciens, à l’apparition dans les Sciences de la méthode expérimentale, à la naissance de l’imprimerie…

 Sa famille appartient à cette bourgeoisie aisée qui peut prétendre bientôt accéder à la noblesse de robe, son père possédant plusieurs terres, maison à Chinon, métairie à Seuilly, maison noble à Chavigny en Vallée, et cette maison des champs, la Devinière, où Rabelais serait né, à une lieue de Chinon. François est le dernier de quatre enfants : une fille et trois garçons, et suivant la tradition, il est destiné à l’état ecclésiastique.

On ne sait rien de son enfance, ni de ses études. D’après un document d’un siècle postérieur, il serait entré comme novice au couvent des Franciscains de la Baumette à Angers. Le premier fait avéré est qu’en octobre 1520, il est moine au couvent des Cordeliers de Fontenay-le-Comte, en Vendée. Il va alors sur ses trente ou quarante ans.

À Fontenay-le-Comte, Rabelais se lie d’amitié avec un autre moine, helléniste comme lui, Pierre Lamy ; l’un et l’autre sont proches de Guillaume Budé, le plus éminent des humanistes français, conseiller et maître des requêtes de François Ier, et sont accueillis dans le cercle érudit d’André Tiraqueau, l’avocat hellénisant. Suite aux commentaires d’Érasme sur le texte grec des Évangiles, la Sorbonne interdit l’étude du grec en France et les supérieurs de Rabelais et de Pierre Lamy confisquent leurs livres de grec.

Rabelais parvient à rentrer en possession de ses ouvrages et obtient l’autorisation de rejoindre les Bénédictins de Maillezais, abbaye proche de Fontenay-le-Comte, dont l’abbé est Geoffroy d’Estissac, prélat humaniste dont il deviendra le secrétaire et le précepteur de son jeune neveu. Durant trois ans, il sera en contact avec de nombreux érudits et mènera une existence toute consacrée à l’étude et à la fréquentation de nombreux lettrés qui lui feront connaître de près le Poitou, province alors prospère et animée d’une vie intellectuelle intense.

En 1527, Rabelais quitte Maillezais pour une raison que l’on ignore encore et de 1528 à 1530, il séjourne à Paris où il a peut-être commencé des études de médecine. Peut-être même a-t-il plutôt entrepris durant cette période la tournée des Universités françaises les plus réputées pour parfaire ses connaissances. Il a très vraisemblablement fréquenté les mêmes Universités, mais non dans le même ordre, que celles qu’il fait fréquenter à Pantagruel, car il donne sur chacune des détails précis. Quoiqu’il en soit, le 17 septembre 1530, il s’inscrit à la Faculté de médecine de Montpellier ; en novembre, il est reçu bachelier. Au printemps suivant, toujours à Montpellier, il commente les Aphorismes d’Hippocrate et l’Art de Galien.

En 1532, on le trouve installé à Lyon où, le 1er novembre, il est nommé médecin à l’Hôtel Dieu et le 3, c’est la publication du Pantagruel, dont la parution coïncide volontairement avec la foire de la capitale des Gaules. Si Rabelais a choisi Lyon, ce n’est pas par hasard : il est loin de la Sorbonne et de ses foudres ; il est dans une ville où, comme à Paris, il y a de nombreux imprimeurs et un cénacle d’humanistes ; la ville est rayonnante au plan économique et ses foires sont réputées et très fréquentées.

Le Pantagruel est condamné par la Sorbonne.

En janvier 1534, Rabelais quitte l’Hôtel Dieu de Lyon et, en février, part pour Rome avec le cardinal Jean du Bellay qui l’a engagé comme médecin, le cardinal étant chargé par François Ier d’une mission délicate auprès du pape Clément VII. En mai, c’est le retour à Lyon et probablement la publication du Gargantua, mis en vente en août à l’occasion de la foire. Toutefois, selon certains rabelaisants, cette publication du Gargantua a pu seulement être faite en mai 1535, après un séjour de quelques mois que fit Rabelais hors de Lyon, en Poitou ?, après que des « placards » eurent été affichés à Paris et en province attaquant la messe catholique en l’accusant d’idolâtrie.

La répression ecclésiastique et politique s’abat immédiatement. Accusé par la Sorbonne d’apostasie pour ses écrits, Rabelais prend le large et séjourne à plusieurs reprises à Rome avec le cardinal Jean du Bellay. Cette situation privilégiée lui permet d’obtenir l’absolution du pape Paul III, qui l’autorise à regagner un monastère bénédictin de son choix et à exercer la médecine sans pratiquer d’opérations chirurgicales. Il est rattaché à l’abbaye de Saint-Maur-des-Fossés, près de Paris, dont le cardinal du Bellay, évêque de Paris, est également l’abbé.

Au printemps de 1537, Rabelais se rend à Montpellier pour y prendre son grade de docteur en médecine, qu’il obtient le 22 mai ; sa réputation médicale est grande ; il exerce durant tout l’été à Lyon, enseignant la médecine et pratiquant même une dissection fameuse.

De 1537 à 1547, Rabelais voyage encore et toujours, en Italie surtout, dans le sillage de Guillaume du Bellay, frère du cardinal, gouverneur du Piémont puis, à sa mort, dans celui de son frère, le cardinal.

En 1546, c’est la publication du Tiers Livre, avec privilège royal de François Ier, puis la condamnation par la Sorbonne qui conduit Rabelais, alors à Lyon, à se retirer à Metz où il résidera comme médecin de la ville jusqu’en juillet de l’année suivante. Il part alors à Rome avec le cardinal Jean du Bellay dont il est le médecin, et c’est vraisemblablement sur le chemin du voyage qu’il confie à l’impression 11 chapitres du Quart Livre qui paraîtront en 1548. Violemment attaqué par la Sorbonne, Rabelais est également traité d’impie par Calvin.

En 1552, avec l’appui officiel du cardinal Odet de Châtillon, il obtient un privilège du roi pour rééditer ses œuvres anciennes et publier les nouvelles. En mars, c’est la publication du Quart Livre, aussitôt censuré par la Sorbonne et interdit par le Parlement de Paris ; l’ouvrage est néanmoins remis en vente un mois plus tard.

En janvier 1553, Rabelais résilie ses cures de Meudon et de Saint-Christophe du Jambet, et début avril, il décède à Paris, en la paroisse Saint Paul. Il laisse une œuvre inachevée : 1562 voit la publication de l’Isle Sonnante, qui rassemble seize chapitres du Cinquième Livre, alors qu’en 1564, l’ouvrage est publié dans son entier.

Voici donc résumée la vie de François Rabelais, moine, médecin, également juriste, un de nos grands humanistes et écrivains de la Renaissance, génie novateur qui a laissé une œuvre considérable, d’une richesse incomparable, dont la portée a ouvert la voie à la littérature et à la pensée modernes.

 

Claude VIEL

 

 

ORIGINE DE LA GUERRE PICROCHOLINE ET EFFORTS DE GRANDGOUSIER EN FAVEUR DE LA PAIX

 

Présentation :

Le Gargantua de Rabelais parut en 1534, deux ans après son Pantagruel. La guerre picrocholine, qui remplit la moitié du volume, est d’une richesse et d’une variété qui en font un morceau d’anthologie sur le modèle d’Homère et qui, par suite, peut être considéré comme le chef d’œuvre de Rabelais. Ce conflit, qui opposera Grandgousier, père de Gargantua, généreux et pacifique à Picrochole (littéralement « à la bile amère »), se déroule en plein chinonnais, sur l’étendue d’un canton familier à Rabelais, entre La Roche-Clermault et Seuilly. Cela commence par une querelle de clocher : les fouaciers de Lerné allant vendre au marché de Chinon leurs fouaces rencontrèrent à Seuilly des bergers occupés à garder les raisins contre les étourneaux ; c’était la saison des vendanges, au début de l’automne. Comme ils refusaient de leur vendre des fouaces et les injuriaient, une bagarre s’ensuivit entre les gars des deux villages voisins. Battus, ceux de Lerné se hâtèrent de porter plainte auprès de Picrochole qui, courroucé, et sans enquête préalable, mobilise ses troupes et marche sur Seuilly, royaume de Grandgousier. Une partie des troupes de Picrochole est anéantie au clos de l’abbaye de Seuilly par le Frère Jean des Entommeures, l’autre par Gargantua revenu en hâte de Paris. Plusieurs épisodes marquent cette guerre que Grandgousier, sage et pacifique, accepte à son corps défendant après avoir tout fait pour l’éviter. Nous ne saurions les résumer ici.

La campagne terminée, Grandgousier récompense ses capitaines, offre à Frère Jean la possibilité de construire l’abbaye de Thélème et se montre magnanime envers les vaincus. On a pu prouver que le conflit entre Grandgousier et Picrochole était la transposition des démêlés qui opposèrent le seigneur Gaucher de Sainte-Marthe, seigneur de Lerné aux bateliers et pêcheurs de la Loire et de ses affluents qui avaient pris Antoine Rabelais, père de l’écrivain, comme avocat de leur syndicat.

Ce sont les origines du conflit, ainsi que les efforts de Grandgousier en faveur de la paix, que nous allons maintenant vous présenter.

 

Claude VIEL

 

 

Texte :

ORIGINE DE LA GUERRE PICROCHOLINE ET EFFORTS DE GRANDGOUSIER EN FAVEUR DE LA PAIX

 

Les origines du conflit.

 

En cetui temps, qui fut la saison des vendanges au commencement d’automne, les bergers de la contrée étaient à garder les vignes, et empêcher que les étourneaux ne mangent les raisins. Auquel temps, les fouaciers de Lerné (1) passaient le grand carroi, menant dix ou douze charges de fouaces à la ville. Les dits bergers les requirent courtoisement leur en bailler (2) pour leur argent, au prix du marché. Car notez que c’est viande céleste, manger à déjeuner raisins avec fouace fraîche, mêmement des pineaux, des fiers, des muscadeaux, de la bicane...

A leur requête ne furent aucunement enclinés les fouaciers, mais, que pis est, les outragèrent grandement, les appelant brèche-dents, plaisants rousseaux, fainéants, rien-ne-vaut, rustres, malotrus et autres telles épithètes diffamatoires, ajoutant que point à eux n’appartenait manger de ces belles fouaces, mais qu’ils devaient se contenter de gros pain ballé (3) et de tourte.

Auquel outrage un d’entre eux, nommé Frogier, bien honnête homme de sa personne, et notable bachelier (4) répondit : « Depuis quand avez-vous pris cornes, qu’êtes tant rogues devenus ? Déa (5), vous nous en souliez (6) volontiers bailler, et maintenant y refusez ? Ce n’est fait de bons voisins, et ainsi ne vous faisons, nous, quand vous venez ici acheter notre beau froment, duquel vous faites gâteaux et fouaces ; encore par le marché vous eussions-nous donné de nos raisins ; mais vous en pourriez repentir, et aurez quelque jour affaire de nous. Lors nous ferons envers vous à la pareille, et vous en souvienne. »

Adonc Marquet, grand bâtonnier de la confrérie des fouaciers lui dit : « Vraiment, tu es bien acrêté (7) à ce matin : tu mangeas hier soir trop de mil. Viens çà, viens çà, je te donnerai de ma fouace. » Lors Frogier en toute simplesse approcha tirant un onzain (8) de son baudrier, pensant que Marquet lui dût dépocher de ses fouaces, mais il lui donna de son fouet à travers les jambes si rudement que les nœuds y apparaissaient ; puis voulut gagner à la fuite. Mais Frogier s’écria au meurtre et à la force tant qu’il put, ensemble lui jeta un gros tribard (9) qu’il portait sous son aisselle et l’atteint à la tête, en telle sorte que Marquet tomba de sa jument ; mieux semblait homme mort que vif.

Cependant les métayers, qui là auprès challaient les noix, accoururent avec leurs grandes gaules, et frappèrent sur ces fouaciers comme sur seigle vert. Les autres bergers et bergères, oyant le cri de Frogier, y vinrent avec leurs frondes et les suivirent à grands coups de pierres, tant menus qu’il semblait que ce fût grêle. Finalement ôtèrent de leurs fouaces environ quatre ou cinq douzaines, toutefois ils les payèrent au prix accoutumé et leur donnèrent un cent de quecas (10) et trois pancrées de francs-aubiers. Puis les fouaciers aidèrent à monter Marquet, qui était vilainement blessé, et retournèrent à Lerné sans poursuivre le chemin de Parilly, menaçant fort et ferme les bouviers, bergers et métayers de Seuilly et de Cinais.

Ce fait, et bergers et bergères firent chère lie avec ces fouaces et beaux raisins, et se rigolèrent ensemble au son de la belle bousine (11), se moquant de ces beaux fouaciers glorieux. Et avec gros raisins chenins, étuvèrent les jambes de Frogier mignonnement, si bien qu’il fut tantôt guéri.

 

(1) Localité voisine de Chinon. - (2) Bailler : donner. - (3) Ballé : mélangé de son. - (4) Jeune homme. - (5) Déa : Vraiment.- (6) Souliez : aviez l’habitude. - (7) Acrêté : la crête haute. - (8) Onzain : pièce de onze deniers. - (9) Tribard : bâton. (10) Quecas : noix. - (11) Bousine : cornemuse.

 

Les efforts de Grandgousier en faveur de la paix.

 

Le vieux bonhomme Grandgousier après souper se chauffe à un beau, clair et grand feu, et, attendant grailer des châtaignes, écrit au foyer avec un bâton brûlé d’un bout, dont on écharbotte le feu, faisant à sa femme et famille de beaux contes du temps jadis.

Un des bergers qui gardaient les vignes, nommé Pillot, se transporta devers lui en icelle heure et raconta entièrement les excès et pillages que faisait Picrochole, roi de Lerné, en ses terres et pays, excepté le clos de Seuilly que frère Jean des Entommeures avait sauvé à son honneur, et de présent était le dit roi en la Roche-Clermault, et là, en grande instance, se remparait lui et ses gens.

«  Holos ! Holos ! (1) dit Grandgousier ; qu’est ceci, bonnes gens ? Songé-je ou si vrai est ce qu’on me dit ? Picrochole, mon ami ancien de tout temps, de toute race et alliance, me vient-il assaillir ? Qui le meut ? Qui le point ? (2) Qui le conduit ? Qui l’a ainsi conseillé ? Ho ! ho ! ho ! ho ! ho ! mon Dieu, mon Sauveur, aide-moi, inspire-moi, conseille-moi à ce qu’est de faire !...

Las ! ma vieillesse ne requérait dorénavant que repos, et toute ma vie n’ai rien tant procuré que paix ; mais il faut, je le vois bien, que maintenant de harnais, je charge mes pauvres épaules lasses et faibles, et en ma main tremblante je prenne la lance et la masse pour secourir et garantir mes pauvres sujets. La raison le veut ainsi, car de leur labeur je suis entretenu et de leur sueur je suis nourri, moi, mes enfants et ma famille.

Ce nonobstant, je n’entreprendrai guerre que je n’aie essayé tous les arts et moyens de paix ; là, je me résous. »

Adonc fit convoquer son conseil et proposa l’affaire tel comme il était, et fut conclu qu’on enverrait quelque homme prudent devers Picrochole savoir pourquoi ainsi soudainement était parti de son repos et envahi les terres auxquelles n’avait droit quelconque ; davantage qu’on envoyât quérir Gargantua et ses gens, afin de maintenir le pays et défendre à ce besoin. Le tout plut à Grandgousier et commanda qu’ainsi fut fait. »

 

(1) Holos ! : hélas ! - (2) Point : pique.

 

François RABELAIS

 

 

LA NAISSANCE DE PANTAGRUEL

 

Présentation :

Le Pantagruel, publié en 1532 sous le nom d’Alcofribas Nasier, anagramme de François Rabelais, se présente comme une sorte de continuation aux Cronicques du grand et énorme géant Gargantua, petit ouvrage publié à Lyon la même année, rassemblant des récits populaires s’inspirant des romans de chevalerie, et qui connut un tel succès qu’il s’en vendit, dira-t-on, plus d’exemplaires en deux mois que de Bibles en neuf ans.

Rabelais ne publiera son Gargantua que deux ans après son Pantagruel et il est certain qu’il donna une continuation aux Cronicques probablement pour gagner de l’argent, le public prenant plaisir aux histoires de géants.

Comme chacun sait, Pantagruel est le fils de Gargantua, géant comme son père et sa mère Badebec.

Le premier chapitre s’ouvre sur une généalogie fantaisiste des géants et de notre héros depuis la création de l’homme.

Comme pour la naissance de Gargantua, Rabelais apporte un effet comique et irréaliste à la naissance de Pantagruel, dont il donne une étymologie fantaisiste à son nom, qu’il a pris aux Mystères du Moyen-Âge, dans lesquels Pantagruel est un diable qui jette du sel, la nuit, dans la gorge des ivrognes. Aussi, si Gargantua est un grand buveur, Pantagruel est le champion de la soif, étant né sous le signe d’une sécheresse exceptionnelle.

Écoutons donc la naissance de Pantagruel selon l’adaptation du texte de Rabelais qu’en a faite Samivel pour la jeunesse.

 

Claude VIEL

 

 

Texte :

LA NAISSANCE DE PANTAGRUEL.

 

C’est à l’âge de quatre cent quatre-vingt-quarante et quatre ans que Gargantua eut un fils nommé Pantagruel.

Cet enfant vint au monde une année où la sécheresse fut si grande dans tout le pays d’Afrique que durant trente-six mois, trois semaines, quatre jours et treize heures, il n’était tombé nulle goutte de pluie, et la chaleur du soleil était telle que toute la terre en était desséchée et aride.

Or, un fameux jour, comme on venait de faire prières et processions pour demander à Dieu un peu d’eau, celle-ci vint enfin, sortant de terre, ce qui fit dire aux gens savants qu’elle était pluie des antipodes, mais, en cela, ils se trompaient, car, une fois la procession finie, quand on voulut recueillir cette eau pour en boire à pleins gobelets, il se trouva qu’elle était vraie saumure, plus salée encore que l’eau de mer.

Et comme Pantagruel naquit en ce jour, son père lui donna ce nom : Panta voulant dire, en grec, « tout » et Gruel en langue arabe, signifiant « altéré ». Au moment de sa naissance, en effet, le monde entier était altéré, mais en outre, son père voyait prophétiquement en lui le dominateur des altérés.

Tandis que Pantagruel venait en ce monde, sa mère, Badebec, s’en allait dans l’autre, et Gargantua, de ce fait, se trouva bien ébahi et perplexe, ne sachant que dire ni en quelle contenance se tenir.

Devait-il pleurer de la mort de sa femme, ou rire de la naissance de son fils ? D’un côté comme de l’autre, il avait des arguments sophistiques qui le suffoquaient, car il ne les pouvait résoudre. Et il se trouvait aussi gêné, aussi empêtré dans ses raisonnements qu’une souris prise au piège, ou un oiseau de proie attrapé au lacet.

« Pleurerai-je ? se demandait-il. Oui, car ma tant bonne femme est morte, et elle était la meilleure, la plus douce, la plus ceci, la plus cela qui fût au monde.

« Jamais je n’en retrouverai une pareille, et jamais je ne la reverrai. C’est une perte inestimable.

« Ô mon Dieu ! Qu’ai-je donc fait pour être ainsi puni ? Que ne suis-je mort le premier, puisque vivre sans elle me semble impossible !

« Et toi, pauvre Pantagruel, pauvre agnelet, pauvre peton, tu as perdu ta bonne mère, ta douce nourrice ! »

Et Gargantua, ce disant ces mots, pleurait comme une vache, mais tout soudain riait comme un veau, car il venait de penser à Pantagruel.

« Mon petit enfant, mon fils, disait-il alors, que tu es joli et que je loue Dieu de m’avoir donné un tant beau garçon, si joyeux, si riant, si charmant.

« Ho, ho, ho, que je suis aise ! Buvons, oublions toute mélancolie et qu’on apporte du meilleur, que l’on rince les verres, mette la nappe, chasse les chiens, souffle le feu, allume la chandelle, ferme cette porte, renvoie les pauvres en leur donnant ce qu’ils demandent, et me baille un pourpoint en reprenant ma robe pour que je puisse mieux festoyer. »

À ce moment, Gargantua entendit les litanies des prêtres qui accompagnaient sa femme que l’on portait en terre et sentit renaître son chagrin.

Mais il n’y voulut point céder.

« Seigneur, dit-il, faut-il donc que je m’attriste encore ? Je ne suis plus jeune, et dans ces temps dangereux je risque ainsi d’attraper de mauvaises fièvres.

« Foi de gentilhomme, mieux vaut pleurer moins et boire davantage.

« Ma femme est morte, mes pleurs ne la ressusciteront point. Elle est sûrement au paradis : ainsi elle est plus heureuse qu’ici-bas. Elle prie Dieu pour nous.

« Donc, que les sages femmes - si l’on en trouve ici - s’en aillent à l’enterrement.

« Pour moi, je bercerai mon fils. D’ailleurs, je me sens aussi fort altéré et crains d’en tomber malade. Il me faut boire sans plus attendre. »

Ainsi fit-il.

 

François RABELAIS

 

 

COMMENT PANURGE CONSULTA PANTAGRUEL
POUR SAVOIR S’IL DEVAIT SE MARIER

 

Présentation :

Ce passage constitue le chapitre 9 du Tiers Livre, paru en 1546.

Comme l’on sait, Panurge est le compagnon inséparable de Pantagruel, ce géant, fils de Gargantua et champion de la soif. La scène que nous allons vous présenter est cocasse, Panurge interrogeant Pantagruel pour savoir si oui ou non il doit se marier. Celui-ci lui répond dans un sens ou dans l’autre et Panurge oscillant entre les oui et les non trouve toujours de bonnes raisons pour contredire Pantagruel et lui poser de nouvelles questions. À la fin puisqu’il récuse ses conseils, Pantagruel lui suggère d’obtenir des éléments de réponse des présages tirés de l’interprétation des songes, d’un entretien avec la Sibylle de Panzoult, encore de demander conseil au sourd-muet Nazdecabre et d’interpréter ses réponses par signes.

Écoutons donc ce passage du Tiers Livre.

 

Claude VIEL

 

 

Texte :

COMMENT PANURGE CONSULTA PANTAGRUEL
POUR SAVOIR S’IL DEVAIT SE MARIER

 

Comme Pantagruel ne répliquait rien, Panurge poursuivit et dit avec un profond soupir :

« Seigneur, vous avez compris mon dessein, qui serait de me marier si tous les trous n’étaient pas, par malchance, fermés, clos et bouclés ; je vous en supplie, au nom de l’amour que depuis si longtemps vous me portez, dites-moi votre avis sur la question.

- Puisque, répondit Pantagruel, une fois pour toutes les dés ont été jetés, que vous l’avez décidé et que telle est votre ferme intention, n’en parlons plus, il ne reste qu’à la mettre à exécution.

- Oui, dit Panurge, mais je ne voudrais pas la mettre à exécution sans votre conseil et votre avis éclairé.

- Je suis de votre avis sur ce choix, répondit Pantagruel, et vous le conseille.

- Mais, dit Panurge, si vous étiez convaincu qu’il fût préférable pour moi de demeurer dans ma situation actuelle, sans me lancer dans une nouvelle entreprise, j’aimerais mieux ne point me marier.

- Ne vous mariez donc point, répondit Pantagruel.

- Oui, dit Panurge, mais voudriez-vous que je demeure si seulet toute ma vie sans compagnie conjugale ? Vous savez qu’il est écrit : Malheur au solitaire. L’homme seul ne connaît jamais l’épanouissement que l’on trouve chez les gens mariés.

- Mariez-vous donc, au nom de Dieu ! répondit Pantagruel.

- Mais, dit Panurge, si ma femme me faisait cocu (vous savez que nous avons une bonne année de cocus), cela suffirait à mettre ma patience hors de ses gonds. J’aime bien les cocus, ils me semblent être gens de bien, et je les fréquente volontiers, mais, dussé-je mourir, je ne le voudrais être. C’est un point trop poignant pour moi.

- Ne vous mariez donc point, répondit Pantagruel, car la sentence de Sénèque est valable sans aucune exception : ce qu’à autrui tu auras fait, sois certain qu’autrui te le fera.

- Dites-vous cela, demanda Panurge, sans faire d’exception ?

- Il le dit sans faire d’exception, répondit Pantagruel.

- Ho, ho ! dit Panurge, de par le petit diable ! Il veut dire valable dans ce monde, ou dans l’autre.

« Oui, mais puisque je ne peux pas plus me passer de femme qu’un aveugle de bâton (car il faut que le virolet trotte, sinon je ne saurais vivre), n’est-il pas préférable que je prenne pour compagne quelque honnête et vertueuse femme, plutôt que d’en changer tous les jours, et de risquer constamment d’attraper quelque coup de bâton, ou la vérole, pour mettre les choses au pis ? Car jamais femme de bien n’eut affaire avec moi. Et n’en déplaise à leurs maris.

- Mariez-vous donc, au nom de Dieu ! répondit Pantagruel.

- Mais, dit Panurge, si Dieu le voulait et si par hasard j’épousais une femme de bien, au cas ou elle me battrait, je ne serais plus qu’un modèle réduit de Job si je ne me fâchais tout rouge. En effet, on m’a dit que ces femmes si honnêtes ont généralement une mauvaise tête : aussi ont-elles du bon vinaigre dans leur ménage. Je l’aurais encore plus mauvaise, et lui battrais tant et tant les abattis, c’est-à-dire, bras, jambes, tête, poumon, foie et rate, je lui déchiquetterais tant ses habits à coups redoublés, que le grand Diable attendrait son âme damnée à la porte. Je me passerais bien de ces troubles pour cette année et serais content de les éviter.

- Ne vous mariez donc point, répondit Pantagruel.

- Oui, dit Panurge, mais dans l’état où je suis, quitte de mes dettes et non marié (remarquez que je veux dire quitte au mauvais moment, car, si j’étais très endetté, mes créanciers ne prendraient que trop grand soin de ma paternité), mais étant quitte et non marié, je n’ai personne qui se soucie autant de moi et me porte un amour aussi grand que l’est, dit-on, l’amour conjugal. Et si par hasard je tombais malade, je ne subirais que le traitement inverse. Le sage dit : là où il n’y a point de femme, c’est-à-dire de mère de famille et d’épouse légitime, le malade est dans un grand embarras. J’en ai vu une preuve évidente avec les papes, légats, cardinaux, évêques, abbés, prieurs, prêtres et moines. Or, vous ne me réduiriez jamais à cela.

- Mariez-vous donc, au nom de Dieu ! répondit Pantagruel.

- Mais, dit Panurge, si j’étais malade et inapte au devoir du mariage et que ma femme, ne pouvant supporter ma langueur, se donnât à un autre, et non seulement ne me vint pas en aide au besoin, mais encore se moquât de mon infirmité et (qui pis est) me volât, comme je l’ai souvent vu se produire, il ne manquerait plus rien au tableau et je n’aurais plus qu’à courir les champs en gilet.

- Ne vous mariez donc point, répondit Pantagruel.

- Oui, dit Panurge, mais alors, je n’aurais jamais ni fils ni filles légitimes, par lesquels je puisse espérer perpétuer mon nom et mes armes ; auxquels je puisse laisser mes héritages et mes acquisitions (j’en ferai de beaux un de ces quatre matins, n’en doutez pas, et qui plus est, serai un grand retireur de rentes) ; avec lesquels je puisse me distraire, quand par ailleurs je serai chagriné, ainsi que je vois journellement agir avec vous votre père si indulgent et si débonnaire, et comme le font tous les gens de bien dans leur foyer et dans l’intimité. En effet, alors que je suis quitte, que je ne suis pas marié, que je suis en proie à des tracas inhabituels... J’ai l’impression qu’au lieu de me consoler, vous riez de mon malheur !

- Mariez-vous donc, au nom de Dieu ! » répondit Pantagruel.

 

François RABELAIS

 

 

LE GOITROU ET LES PIES

 

Présentation :

Une anecdote extraite de l’Ancien Prologue, celui de la première édition, de 1548, du Quart Livre nous fera connaître le Goitrou, qui revint borgne de sa guerre contre les pies. Présentons tout d’abord le texte choisi :

Angers est rattaché à divers souvenirs de l’enfance ou de la jeunesse de Rabelais. Sa mère étant Angevine, son père Chinonnais, il connaissait bien le vieil oncle Frapin, auteur de beaux et joyeux Noëls en langue poitevine, qui recevait chez lui des écoliers et des gens du peuple qui venaient boire dans sa « salle basse », ce qui fait penser que cet oncle maternel aurait pu être aubergiste à Angers. L’oncle Frapin narrait à son neveu de savoureuses histoires, dont celle de son geai familier, le Goitrou, qui, un jour de 1486, voyant passer au-dessus de la ville un vol de geais, quitta sa cage pour les rejoindre. Les geais livrèrent bataille à une volée de pies qui les suivaient et qu’ils débandèrent. Le Goitrou regagna Angers, un œil poché, fâché des guerres et comme chacun accourait pour le voir, il engageait les gens à boire, selon sa coutume, et à chaque invitation, il ajoutait : « crocquez pie ! »

Ce devait être le mot du guet au jour de la bataille livrée par les Bretons du duc François II, dont l’écu moucheté d’hermines a quelque analogie avec le plumage des pies, qui subirent une grave défaite à Saint-Aubin-du-Cormier, devant les troupes du roi de France Charles VIII. Toujours est-il que pour marquer cette mémorable bataille, l’oncle Frapin avait fait peindre la scène dans son réfectoire et sa salle basse, comme l’a écrit Rabelais.

 

Claude VIEL

 

Texte :

LE GOITROU ET LES PIES

 

Vous me donnez. Quoi ? Un beau et ample bréviaire. Vrai bis ! je vous en remercie : ce sera le moins de mon plus. Je ne pensais certes pas que ce fût un tel bréviaire, en en voyant la réglure, la rose, les fermoirs, la reliure et la couverture dont je n’ai pas oublié de considérer les crochets et les pies peintes au-dessus et semées en fort belle ordonnance. Par elles, comme si c’étaient des lettres hiéroglyphiques, vous dites facilement qu’il n’est ouvrage que de maîtres et courage que de croqueurs de pies. Croquer pie signifie certaine joyeuseté extraite par métaphore du prodige qui arriva en Bretagne peu de temps avant la bataille donnée près de Saint-Aubin-du-Cormier. Nos pères nous l’ont exposé et c’est une raison pour que nos successeurs ne l’ignorent pas. Ce fut l’année de la bonne vinée ; on donnait un quart de bon vin, et du friand, pour une aiguillette borgne.

Des contrées du Levant volèrent un grand nombre de pies d’un côté et de geais de l’autre, tirant vers le couchant. Ils se côtoyaient en tel ordre que, vers le soir, les geais faisaient leur retraite à gauche (comprenez ici le bonheur de l’augure) et les pies à droite, assez près les uns des autres. Par quelques régions qu’ils passassent, il ne demeurait pas une pie qui ne se ralliât aux pies, ni de geai qui ne se joignît au camp des geais. Ils allèrent et volèrent tant qu’ils passèrent au-dessus d’Angers, ville de France, limitrophe de la Bretagne, et si multipliés en nombre que, par leur vol, ils cachaient la lumière du soleil aux terres sous-jacentes.

Il y avait alors à Angers un vieil oncle, seigneur de Saint-Georges, nommé Frapin : c’est celui qui a fait et composé les beaux et joyeux noëls en langage poitevin. Il avait un geai dont il faisait ses délices, à cause de son babil par lequel tous les visiteurs étaient invités à boire ; il ne chantait jamais qu’à boire. Le vieil oncle l’appelait son goitrou.

Le geai, en furie martiale, rompit sa cage et se joignit aux geais qui passaient.

Un barbier voisin, nommé Bahuart, avait une pie apprivoisée bien galante : elle augmenta le nombre des pies et les suivit au combat.

Voici de grandes et paradoxales choses, mais toutefois vraies, vues et avérées. Notez bien tout. Qu’en advint-il ? Quelle en fut la fin ? Ce qu’il en advint, bonnes gens ! Un cas merveilleux. Près de la croix de Malchara eut lieu une si furieuse bataille que c’est une horreur rien que d’y penser. La fin fut que les pies perdirent la bataille et furent cruellement tuées dans le camp au nombre de deux milliards cinq cent quatre-vingt-neuf millions trois cent soixante-deux mille cent neuf, sans les femmes et les petits enfants, c’est-à-dire sans les femelles et les petits piats. Vous entendez cela. Les geais restèrent donc victorieux, mais non sans avoir perdu plusieurs de leurs bons soldats. Ce fut un dommage bien grand dans tout le pays.

Les Bretons sont nobles(1), vous le savez, mais s’ils avaient appris ce prodige, ils eussent facilement reconnu que le malheur était de leur côté. Car les queues des pies ont la forme de leurs hermines ; les geais ont dans leur plumage quelques portraits des armes de France.

A ce propos, le goitrou, trois jours après, s’en revint tout échiné, un oeil poché et tout fâché de ces guerres. Mais quand, peu d’heures après, il se fut repu à son ordinaire, il se remit dans ses bons sens. Le peuple pimpant et les écoliers d’Angers accouraient par groupes vers Goitrou le borgne, ainsi accoutré. Goitrou les invitait à boire comme de coutume, ajoutant, à la fin de chaque invitation : « Croquez pie ! » Je présume que tel était le mot du guet le jour de la bataille et que tous s’en faisaient un devoir. La pie de Bahuart ne s’en revint point. Elle avait été croquée. On fit de cela un proverbe commun : « Boire d’autant et à grands traits pour être vrai croqueur de pies. »

En mémoire perpétuelle, Frapin fit peindre de telles figures le plafond de sa salle basse. Vous pourrez le voir à Angers sur le tertre Saint-Laurent. »

 

(1) De grandes qualités morales

 

François RABELAIS

 

4èmes Rencontres littéraires au jardin des Prébendes - 6 septembre 2002

 

ASSOCIATION DES AMIS DE RABELAIS ET DE LA DEVINIÈRE

 

L’Association des Amis de Rabelais et de La Devinière, fondée en 1948, a pour but de perpétuer le souvenir de Rabelais et de diffuser l’œuvre de ce médecin humaniste tourangeau, l’un des plus brillants écrivains français de la Renaissance.

Elle a créé, en 1951, le Musée de La Devinière, consacré à Rabelais.

L’association :

  • regroupe de nombreux adhérents français et étrangers,

  • organise diverses manifestations illustrant la vie et l’œuvre de Rabelais,

  • publie chaque année un bulletin auquel collaborent des Rabelaisants éminents,

  • propose des conférences en relation avec Rabelais et son temps,

  • édite des ouvrages thématiques,

  • organise une excursion annuelle vers des sites célébrés par l’écrivain,

  • présente des expositions temporaires au Musée de La Devinière.

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    Président :

    Claude VIEL – 77 avenue de la Tranchée – 37100 TOURS
    Tél. : 02 47 88 04 67

    Vice-Présidents :

    Jean DESTOUCHES
    Jacques POITEVIN (Directeur de la chorale Les Thélémites)
    Jacqueline PASTON

    Secrétaire :

    Marie-Thérèse GOIZET

    Trésorière :

    Simone DESTOUCHES

    Trésorier-Adjoint :

    Michel THELOT

     

     

    Association Friends of Rabelais and La Devinière

     

    The Association Friends of Rabelais and La Devinière was founded in 1948 and aims at perpetuating the memory of Rabelais and diffusing his works. Rabelais, an inhabitant of Touraine and a medical doctor was an humanist philosopher and one of the most brilliant French writers of the Renaissance period.

    In 1951 the Association Friends of Rabelais and La Devinière created a museum devoted to Rabelais and his works in La Devinière (Rabelais’native house).

    The main activities of the association are :

  • to show the international nature of Rabelais through its french and foreign members,

  • to organise various manifestations which illustrate Rabelais’life and works,

  • to publish an annual report composed with contributions from eminents « Rabelaisants » members,

  • to offer conferences related to Rabelais and his time,

  • to publish thematic books,

  • to organise an annual group journey to sites celebrated by the writer,

  • to present temporary exhibitions at the Museum of La Devinière.

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