LE BUT DES RENCONTRES LITTÉRAIRES
AU JARDIN DES PRÉBENDES :
Auto-interview de Catherine RÉAULT-CROSNIER
Tout d’abord, qu’est-ce qui vous a donné le déclic de ces rencontres ?
Lors d’une promenade sereine au jardin des Prébendes en août 1998, j’ai trouvé les gens désœuvrés et le jardin déserté ; alors j’ai pensé qu’une animation serait la bienvenue pour les Tourangeaux qui n’étaient pas partis au mois d’août. Je passais alors devant le buste de RONSARD et j’eus le deuxième déclic, celui d’une rencontre littéraire sur les pas de RONSARD. En continuant ma promenade, j’ai trouvé le buste de RACAN. Cette fois-ci, je n’avais plus de doute, je devais organiser une promenade et lire les textes devant les bustes des écrivains. Pour compléter la rencontre, j’ai pensé au monument commémoratif de René BOYLESVE, dans le jardin du même nom et j’ai donc eu l’idée de terminer cette promenade en ce lieu, sur les traces de cet écrivain. Il ne me restait plus qu’à avoir les autorisations, à préparer un texte et à demander à des amis comédiens s’il voulait bien participer.
Mais maintenant, ce ne sont plus des promenades ?
En pratique, cette première expérience fut une réussite. Cependant certaines personnes se plaignaient de mal entendre et nous perdions des gens âgés. Donc j’ai eu l’idée de transformer ces promenades en rencontres en un point fixe, le kiosque à musique pour pouvoir brancher un micro. Bien sûr, il fallait chaque année, proposer d’aller à la découverte d’auteurs différents ainsi s’enchaînèrent d’autres écrivains tourangeaux ou ayant vécu en Touraine : Francis VIÉLÉ-GRIFFIN, Anatole FRANCE, Georges COURTELINE, Paul-Louis COURIER en 2000, Maurice MAETERLINCK, GUY DE TOURS, Philippe NÉRICAULT-DESTOUCHES, Martine LE COZ en 2001.
Quels sont les buts de ces rencontres ?
Les buts de ces rencontres sont multiples. C’est en premier, de promouvoir la littérature en lien avec la Touraine.
Ensuite, c’est de ne pas poser de frontière hermétique entre les morts et les vivants. Donc lors de ces rencontres, je peux parler aussi bien d’écrivains vivants que d’autres de siècles plus éloignés de nous. Ce qui compte c’est leur message, la trace écrite sur le papier.
En deuxième partie, vous laissez la place à des écrivains contemporains présents ?
C’est également un autre but de ces rencontres, je souhaite ne pas poser de barrière entre les écrivains connus et inconnus car nous ne sommes pas bons juges. Certains écrivains très connus ont été oubliés pendant plusieurs siècles (comme RONSARD) avant d’être réhabilités par d’autres qui à leur tour, ont presque disparus de notre mémoire. D’autres n’ont pas eu la chance d’atteindre la notoriété mais à en parler, on remarque qu’ils peuvent retenir notre attention (par exemple, je pense à Guy de TOURS). Le fait que les poètes présents lisent leurs textes pour terminer chaque rencontre, permet au public d’avoir un contact avec des créateurs de tout horizon et de toute tendance, poètes dont nous ne pouvons pas prévoir la notoriété à venir. Tout est relatif. Contentons-nous donc de réfléchir à la profondeur du message, aux émotions qu’il déclenche en nous plutôt que de porter un jugement qui ne pourra être qu’aléatoire.
Les personnes qui assistent à ces rencontres, constitue apparemment un public varié ?
Oui, c’est un aspect qui est à signaler, celui de faire partager la littérature à tout public, de rendre la langue française accessible à tous par un langage clair et fort. Par exemple, dans le jardin des Prébendes, se côtoient à ma grande joie, des érudits (dont les questions pertinentes retiennent l’attention de tous et c’est très bien), des promeneurs de passage chez lesquels les mots lancés au micro et répandus dans les allées, ont provoqué un déclic, un intérêt. Ces promeneurs de passage sont aussi les bienvenus et si cette rencontre leur a ouvert une fenêtre inconnue, c’est très bien. Il y a aussi des gens simplement intéressés, des personnes âgées, des jeunes, des étudiants étrangers, des couples, des mères promenant leur bébé en landau et toujours cette écoute étonnante.
Quelle idée pourrait servir de conclusion à cet interview ?
Mettre la littérature à la portée de tous. Si ces rencontres l’ont permis, alors elles ont répondu à leur vocation première.
Août 2001
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