LA RIVE NOIRE
À Nicole et ses tapisseries de paroles fraternelles
Voilà j’ai atteint la rive noire
Là où le rêve n’a plus de miroir
Ni force pour traîner ses fourmis
Ses dérisoires mensonges et
Ses petites lâchetés en guise
De destin
La rive noire où il n’est plus de Mahatma
Ni de seigneur hautain
Pour répandre les épreuves
Le soleil se lève et se couche
Et la bouche essuie la bave des jours
Le sel est amer sur la table
Et en guise de vie nous redessinons
Les cerceaux boiteux de notre enfance
Voilà la rive noire
Est atteinte par petites brassées
À la cadence d’un survivant
La rive noire
C’est avant toute une saison
La saison mentale de tes premiers poèmes
Te voici à nouveau livré aux feuilles d’automne
La couronne des défaites
Le frémissement d’une chair envoûtée
Et tu sais que rien ne sert de se lamenter
Au seuil d’un nouvel avatar
Le bruit seul s’absente
Et tu ne sais si le chemin t’attend
Pour t’accompagner ou pour effacer
Les traces de ton destin
Ainsi septembre s’abat
Sur toi comme une proie
Le 13 septembre 05
© Abdelmadjid KAOUAH
(Algérie)
Site Internet : http://www.mioch.net/html/kaouah.html
Abdelmadjid KAOUAH est né à Ain Taya près d’Alger en 1950. Journaliste et poète, il écrit en français .Dans les années quatre-vingt-dix, à la suite des événements violents qui frappent son pays il s’exile dans le sud de la France. Il vit actuellement à Toulouse. En partance pour l’exil, il a emporté dans ses valises toute sa patrie. Poète engagé, il rend à la liberté les mots bâillonnés. Sa voix est une véritable déclaration d’amour à l’Algérie. Son premier recueil de poèmes « Par quelle main retenir le vent » préfacé par Tahar Djaout, paru en 1986 nous dit ce que serait devenue l’Algérie si les poètes avaient eu la parole. L’anthologie « Poésie algérienne francophone contemporaine », parue sous son égide en 2004, est un voyage à travers l’Algérie d’hier et d’aujourd’hui.
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