La mer lèche le sable d’une langue gourmande
Avance et se replie, fais semblant de partir,
Reviens pour un moment et s’installe friande,
Et sur toute la plage établit, son empire.

La vague paresseuse, étale ses dentelles
Pour ourler le rivage d’un feston capricieux
Ou des bulles un instant dansent en ribambelles
Le reflux emportant leur destin hasardeux.

Le sable cristallise des millions de paillettes
Ou les pas ont tracé des vallées et des monts
La mer qui s’irise pour montrer ses facettes
Cache sous sa splendeur, varechs et goémons.

Les enfants bâtissent des châteaux d’espérance
Entourant le donjon d’un mur de Jéricho
Que le flux chaque jour détruit par ignorance
Quelques pleurs s’envolant tout le long des échos

Au soleil du matin, le décor se maquille
De roses camaïeux ou de mauves pastels
Volant au raz de l’eau, les oiseaux s’égosillent
Les mouettes rieuses, lancent leurs cris d’appel

Trois roches de granit, gardiennes séculaires
Aux profils tourmentés, flagellées par les flots
Sentinelles avancées aux taches tutélaires
Que les embruns entourent d’un mystérieux halo

Comme l’œil d’un cyclope, au bout de la jetée,
Le phare balaie la mer d’un regard rassurant,
Pour jeter en passant aux murs de la cité
Son faisceau lumineux d’un air indifférent

Dans l’aube de l’été, la plage vierge encore
Rêve aux millions de pas à jamais effacés
Aux millions de matins semblables à cette aurore
La plage, vit un instant penchée sur son passé.

Décembre 2003

Lucien DUCLOS

15, avenue du Général De Gaulle
37300 Joué-lès-Tours