"Mur de poésie de Tours" 2006

Poètes dont une rue de Tours porte le nom

 

DON PAEZ

 

I

(…)

Écoutez cette histoire :

Un mardi, cet été,

Vers deux heures de nuit, si vous aviez été
Place San-Bernardo, contre la jalousie
D’une fenêtre en brique, à frange cramoisie,
Et que, le cerveau mû de quelque esprit follet,
Vous eussiez regardé par le trou du volet,
Vous auriez vu, d’abord, une chambre tigrée,
Des candélabres d’or ardemment éclairée ;
Des marbres, des tapis montant jusqu’aux lambris ;
Çà et là, les flacons d’un souper en débris ;
Des vins, mille parfums ; à terre, une mandore
Qu’on venait de quitter, et frémissant encore,
De même que le sein d’une femme frémit
Alors qu’elle a dansé. – Tout était endormi ;
La lune se levait ; sa lueur souple et molle,
Glissant aux trèfles gris de l’ogive espagnole,
Sur les pâles velours et le marbre changeant
Mêlait aux flammes d’or ses longs rayons d’argent.
Si bien que, dans el coin le plus noir de la chambre,
Sur un lit incrusté de bois rose et d’ambre,
En y regardant bien, frère, vous auriez pu,
Dans l’ombre transparente, entrevoir un pied nu.

(…)

 

Extrait de « Premières poésies 1829-1835 » (p. 30)

 

Alfred de MUSSET

(1810 - 1857)

 

Né et mort à Paris, il écrivit des contes « Contes d’Espagne et d’Italie », de la poésie « Les nuits », des pièces de théâtre « Les caprices de Marianne », « On ne badine pas avec l’amour », « Les caprices de Madame », et un roman autobiographique « La Confession d’un enfant du siècle ». Poète de la douleur et des grandes passions, il est aussi celui de la fantaisie légère.

 

Une rue de Tours porte son nom.