VIERGE AU VISAGE BLANC
Vierge au visage blanc, la jeune Poésie,
En silence attendue au banquet d’ambroisie,
Vint sur un siège d’or s’asseoir avec les Dieux,
Des fureurs des Titans enfin victorieux.
La bandelette auguste, au front de cette reine,
Pressait les flots errants de ses cheveux d’ébène ;
La ceinture de pourpre ornait son jeune sein.
L’amiante et la soie, en un tissu divin,
Répandaient autour d’elle une robe flottante,
Pure comme l’albâtre et d’or étincelante.
Creux en profonde coupe, un vaste diamant,
Lui porta du nectar le breuvage écumant.
Ses belles mains volaient sur la lyre d’ivoire.
Elle leva ses yeux où les transports, la gloire,
Et l’âme et l’harmonie éclataient à la fois.
Et, de sa belle bouche, exhalant une voix
Plus douce que le miel ou les baisers des Grâces,
Elle dit des vaincus les coupables audaces,
Et les cieux raffermis et sûrs de notre encens,
Et sous l’ardent Etna les traîtres gémissants.
Extrait des « Bucoliques »
André CHÉNIER
(1762 - 1794)
André CHÉNIER écrivit des poèmes inspirés par la Grèce, « La Jeune Tarentine », « La Jeune Captive ». Disciple de ROUSSEAU, il célébra l’Antiquité mythique, symbole de pureté et de vérité, mêlant harmonie et mélodie, par exemple dans « Les Bucoliques ». Poète engagé dans son temps, il écrivit une « Ode au jeu de Paume ». Il fut guillotiné sous la Terreur.
Une rue de Tours porte son nom ; c’est l’ancienne rue de la Lanterne, près de l’enceinte fortifiée du XVII°.
|
|
|