MAI 1915
Ô lumière d’été ! te voilà de retour
Sur cette mer paisible où le dernier automne
T’avait quittée au son du lourd canon qui tonne
Encore et sans répit, comme aux sinistres jours
De l’an passé… L’année et puis d’autres
années
S’écouleront. Tu vas t’élargir en beauté,
Dorer ces sables blonds, et sans doute exalter
Notre cœur trop sensible à la paix
surannée ;
Ta splendeur radieuse aura l’air de régner
Sur un rivage heureux où l’on songe à baigner
Son corps et ses soucis dans une eau
bienfaisante ;
Tu vas, derrière nous, préparer des moissons
- Inutiles, hélas ! car tous les hommes sont
Voués, jusqu’au dernier, à l’âpre mort
sanglante.
René BOYLESVE
(1867 - 1926)
Né à La Haye-Descartes en Indre-et-Loire, René TARDIVEAU passa sa jeunesse en Touraine. Celle-ci inspirera ses premiers romans qui décrivent la vie provinciale : « Le médecin des dames de Néans », « Mademoiselle Cloque », « La leçon d’amour dans un parc », « L’enfant à la balustrade »… tous publiés sous le nom de René BOYLESVE. Il entre à l’Académie française en 1918. Il écrivit des poèmes mais c’est en tant que romancier qu’il sera connu et apprécié, en particulier d’écrivains de son temps comme Marcel PROUST.
Une rue et un jardin de Tours (place de Strasbourg) portent son nom.
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