C’est un homme nu
Un homme tout nu. C’est un rien.
Emprisonné au fond de son existence
Il récite des airs doux et terribles qui parlent
De chienneries
Et d’amours pourrissantes sous les doigts crénelés du monde.

Adossé à la charpente blanche de sa vie suggérée inutile
Il pense des rêves impensables et beaux
Qu’une lame sombre foudroie et dissout dans les machinations de ses caniveaux.
Son œil meurtri caresse des rivages indociles
Avant de se poser sur les reins fourbus d’une jeunesse mal étreinte.

Mais l’œil se souvient,
Il ne peut s’en empêcher... c’est ainsi.
Il se souvient du vol des éphémères aux soirs généreux de mai
Quand l’eau frissonne sous l’aile vive du temps et de la vie
Alors,
Son espoir désespéré enfante des grâces et des beautés
Que les nerfs, rougis aux feux des lumières ancestrales
Ressuscitent.
Et il pleure,
Il pleure et la clarté de son regard inonde le fond de l’existence
Qui éclate en perles de rosée
Pour repartir à la conquête du jour,
Du jour bénit qui reçoit les baisers de l’aurore
Et le ceint de force éternelle.

Et soudain, soudain,
Il devient Prince d’un doux royaume
Dont la langue,
Simplement humaine
A su retrouver les chants de l’espérance