Et la voix a couvert
La clameur de la rue
La voix des désespoirs
Et des lamentations.
Elle enfle comme un fleuve
Elle enfle comme un cri
Et la nuit tombe alors
Sur le pays des Dieux
Sur les fières murailles
Des grandes forteresses
Sur les marbres et les grès
De Méharangarth
Et de Gurudwara.
Et la voix pleure en toi.
L’enfant n’a pas joué
Avec le soleil
Qui escortait les dunes
L’enfant n’a pas rêvé
Au temple du Lotus
Au palais de la lune
Il n’a pas contemplé
La rivière Yamuna
Son fabuleux Mahal
Nimbé d’or tremblant
Dans le lent crépuscule.
Ô villes du désert
Bikaner la rouge
Jaisalmer la dorée
Jodhpur et Jaypur
Villes de contes de fées
Pour éléphants royaux
Et pour les petits princes
Des maharadjahs.
Faites vôtre ce déshérité
Qu’il rejoigne son frère
Cet autre petit prince
Qui compte les étoiles
Là-haut sur sa planète
Que lui fassent cohorte
Les femmes humbles et fières
Les vierges aux nouveaux-nés
Les enfants des écoles
Aux regards affamés
Tous les petits marchands
Tous les petits mendiants
Les meurtris les blessés
Les damnés de la terre.
Que s’ouvrent devant eux
Une à une les cours
Une à une les portes
De la grande lumière.