Fallait-il entreprendre une guerre soudaine
Pour chasser du pouvoir un abject dictateur,
Sachant que l’on aurait la victoire certaine,
Mais pas sûr d’être vu comme un libérateur ?

Était-il capital de jeter tant de bombes
Sur tous ces gens soumis depuis plus de trente ans,
Qui n’ont jamais rien fait à part creuser leurs tombes ?
La faiblesse du peuple en face des tyrans...

Devions-nous libérer ces femmes et ces hommes
S’en remettant à Dieu pour gérer l’avenir,
Alors qu’il eût fallu qu’ils sortent de leurs sommes,
Et prendre le fusil afin d’y parvenir ?

Qu’ont fait les opposants à cet affreux régime
Fuyant leur nation comme des parias,
Ignorant les bourreaux et ceux que l’on opprime
Pour squatter sans péril de nombreux médias ?

Bien sûr, il n’est pas là, le but de la bataille.
Les grands pays du monde ont pour traditions
D’invoquer un motif, trouvé vaille que vaille,
En cachant sciemment d’autres intentions.

Tous les siècles passés eurent leurs dictatures.
De César et Néron à Staline et Hitler.
Et bien d’autres aujourd’hui sont leurs caricatures,
Publier leurs méfaits, c’est faire un best-seller.

Où sont-ils, les obscurs vainqueurs à la Bastille,
Guillotinant la reine et le roi dominants,
Préférant supprimer la royale famille
Que survivre asservis, esclaves et manants ?

Ne serait-il pas mieux de bâtir des écoles,
D’éduquer des enfants, plus jamais affamés,
Que créer des martyrs, des prisons et leurs geôles,
Sur la misère humaine avoir les yeux fermés ?