Au Printemps, sur nos
Prés en Pente tout Parsemés de
Pâquerettes, quand les Pies tiennent
leurs Palabres au Plus haut des
hauts Peupliers et que les Pissenlits
Prennent Plaisir à Propager leurs
Parachutes, apparaissent les Papillons.
Que le vent Peigne la Prairie, ou
qu’un soleil de Plomb Pèse sur
nos Persiennes, ils vont, Pressés, et
se Poursuivent, du Point du jour
au crépuscule, comme des fleurs
Privées de Pédoncule.

Plus loin, un Apollon
éperdument Palpite, les six
Pattes Posées dans le Palais d’une
tulipe, Paladins Pacifiques, simple
Piéride ou Paon du jour, Prenez
garde, quand vous Partez en Pèlerinage,
aux Pièges qu’ont Posés dans la
Pénombre de Perfides et Patientes
Pénélopes et Prenez garde aussi aux
Passionnés Pervers qui vous cloue-
raient au Pilori sur leur Présentoir
de Pacotille où Pâliraient
vos Précieuses Parures.

Quel Peintre Patient a
Prélevé sur sa Palette le Pourpre
du Pavot, la Pâleur des Pervenches,
Pour Peindre en Pointillés, en
Plaques, ou en Pastilles, ces Pétales
si Printaniers ? Voici l’Argus, à la fois
Pendentif et Perle aux tons Pastels
et qui Pianote sur la Pimpante
Passiflore. Là, un Grand Porte-queue
à Peine fait Ployer la Pivoine
Pâmée et Pompe à son Pistil
un Pollen Parfumé.

Et vous, Paisibles
Promeneurs de Passage dans
mon Pays, Protégez ces
Petits Poètes, car si vous les
Preniez, même avec Précaution,
ils ne laisseraient dans vos Paumes
qu’un Peu de Poussière impal-
Pable. Oui, Par Pitié, Protégez ces
Poètes, Pour qu’au Printemps
Prochain, sur nos Prairies en
Pente, Papillonnent, toujours
Pressés, les Papillons.