QUAND LES SOIRS
Quand, les soirs, les repas languissent.
Quittant sous les solives noires
La déroute de la table de chêne,
Témoin géographique du potager.
- Je n’ai pas touché aux vins,
Ma vision sera pure :
Des lentilles de cristal
Des gestes de couleuvres. -
Alors le museau du chien et ses yeux
Une nouvelle fois me font l’ardente question,
Le noyau de sa peine semble sucre,
Mais ses regards d’onyx continuent d’aspirer.
Liberté !
Grand chien tu n’es pas une personne,
Ni un client, ni un vendeur,
Ni prêtre, artiste, marchand ou maître.
Bienheureux anéantissement
Soit au chien et à l’homme
Confondus à l’éternité
Qui est ce jour-ci.
(…)
Extrait de « Dressé, actif, j’attends », p. 38
Jean de BOSCHÈRE
(1878 – 1953)
Jean de BOSCHÈRE est né près de Bruxelles. Il a déjà publié quelques poèmes avant 1914. Il séjourne en Angleterre de 1915 à 1922, où il exerce comme illustrateur. C’est en effet un peintre mais ses talents de romancier et de poète s’affirment au fil des années avec de nombreux recueils dont en poésie « John le Pauvre », « Ulysse bâtit son lit », « Élans d’Ivresse », « Dressé, actif, j’attends ». Il a aussi écrit des contes, des essais sur l’art et l’artisanat, des critiques, des livres sur la nature. Il revient à Paris en 1925, en alternance avec des séjours à Rome, à Sienne chez le philosophe Vivante et chez les princes Chigi, et à Venise puis il se fixe à La Châtre à partir de 1939.
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