Elles sont pleines de charme, les rues de mon quartier.
Elles fleurent bon l’Histoire et les siècles écoulés.
Sur leurs pavés vieillis et usés par le temps
J’aime y flâner, seule le plus souvent.
Leurs noms évocateurs pittoresques ou cocasses
M’étonnent quelquefois tandis que je rêvasse.
Ces rues moyenâgeuses si clames aujourd’hui,
Furent toutes témoins d’activités, de bruits.
Ici vivait le peuple actif et travailleur,
Artisans, lavandières, pêcheurs, enlumineurs,
Dans ces ruelles étroites où les enfants jouaient
S’ouvraient maintes échoppes et estaminets.
J’imagine aisément la place Plumereau
Faite pour les spectacles. Sur de simples tréteaux
S’agitaient les acteurs d’un théâtre ambulant
Avec quelques jongleurs, des animaux savants,
Un vieil ours enchaîné et un cracheur de feu.
Le peuple, bon public, applaudissait, heureux.
Place de Châteauneuf, près de la basilique
Ce jour de Saint-Martin on vénère les reliques.
Cependant que les cloches sonnent à toute volée,
Contre livres tournois et rue de la Monnaie,
Pèlerins assidus, étrangers de passage
Échangent leurs deniers pour le pèlerinage.
Pour tous les coupe-bourses et tous les tire-laine
Ces jours de dévotions sont une vraie aubaine.
De rue en rue, j’arrive jardin du Vert-Galant,
Je m’y repose un peu et repars lentement,
Puis, tout à coup des cris, des vociférations,
Est-ce une bagarre, une révolution ?
Dans la rue de la serpe, j’avance prudemment
Je vois des banderoles, j’entends des hurlements
Ce n’est qu’une « Manif » !
Je retrouve mon siècle, je l’avais oublié !
Ma rêverie prend fin « Place du Grand Marché ! »

21 avril 2005