L’A B C PERDU
C’était pendant les années dites folles
Pas pour nous, évidemment, gamins de l’école,
Seulement pour une certaine catégorie de Français
Dont aucun représentant dans notre commune existait.
De notre école, parlons-en : grise aux murs lépreux
Que tout un chacun classerait dans un style hideux.
À la rentrée, bien alignés, tenant le béret à la main
Toutes têtes, bien entendu, n’en faisant qu’un.
Puis l’on se précipitait, près du poêle encore éteint.
Il fallait bien faire face aux hivers incertains
Dans cette salle triste, sombre, aux peintures délavées
Et cette odeur particulière, nul ne peut l’oublier.
Le maître par ses appels, vigilant, contrôlait sa couvée
À l’affût des points faibles qu’il pourrait
exploiter :
La règle en bois ou en fer, outil robuste et important,
Trônait sur le bureau, impatiente, attendant le moment.
Sans exagérer, des coups, bien sûr, il en pleuvait,
Mais nos maîtres, par la force et la ruse nous inculquaient
Les bases du savoir, de l’éducation, de la
connaissance :
Sans cela, nous aurions été toute notre vie dans l’ignorance…
Nous vivons maintenant une période de déculturation,
Doublée d’un illettrisme galopant, hélas en progression.
Aujourd’hui, je l’avoue, j’ai du mal à
comprendre :
Rien n’est pareil, tout est compliqué : comment s’y
prendre ?
Nos Hussards de la République, je les plains sincèrement
Devant ces nuls agressifs, pour tout, pour rien, en même
temps…
Paul TONDU
2, rue du Petit Verger
37230 Luynes
Artiste et poète.
|
|
|