Qu’en est-il du soleil, des fruits bleus et des blés
Lorsque tout disparaît sous les tristes fumées ?
Qu’en est-il d’un ailleurs lorsque son nom s’oublie ?
Des visages futurs surgissant de nos îles
Et des barques noyées sous des rêves de pluie ?
Et la Terre
Qui pleure et se consume sous nos haches de sang
Et les cœurs enfermés et les prières mortes ?
N’y a-t-il plus que plaintes et tourments ?
Cependant, glisse l’aube amoureuse
Encore et encore
Belle et silencieuse comme un papillon
Je veux croire aux serpents, aux lionnes, aux herbes
douces
Et au pouvoir des eaux,
À la fraîcheur d’un souffle sur nos fronts meurtris
Aux fenêtres qui chantent et sentent le pain chaud
Voici la Force géante
Ses murmures, comme une écume de poème,
ouvrant la porte des jardins de reines
Et l’enfant
Caressant de ses cils l’éclosion rouge d’une rose
Sur l’aplat insatiable du ciel
Voici l’homme très simple, se taisant
Attentif et tranquille à l’orée des ères nouvelles
Il marche,
Jetant le grain fertile en de vastes lieux inattendus
Il marche, les yeux ouverts, arrachant le connu à l’inconnu
Je veux croire au Veilleur
Au Songeur qui guerroie et fait taire la peur
Au Guetteur qui bondit au secours de ses frères
À celui qui sursaute et à la hâte,
fait jaillir les fontaines des terres asséchées.
Je veux croire…
Faites, Ô Étoiles amies, qu’en nos âmes perdues
S’éveille le grand sage…
Dany LEBRUN
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