Après tant d’années, sur mes chemins d’errance
J’ai voulu revoir les lieux de mon enfance
Courir à bout de souffle, vers ce temps d’insouciance

Revoir un seul instant mes années d’innocence
Partir la fleur aux dents, vers ce bain de jouvence
Curieuse, haletante, marchant dans le silence

Arriver sur la colline d’où l’on voit tout en bas
La rivière ondoyer sous un ciel parfois las
Revenir impatiente et marcher sur mes pas

Gravir le long chemin, admirer la nature
Écouter le jardin, orphelin de tout murmure
Impatiente de connaître à nouveau l’aventure

Sans trêve j’ai marché sur la route du temps
Je croyais revenir vers la vie, le printemps
Revivre le bonheur de mon âme d’enfant

Et là dans les couleurs d’un soleil couchant
La maison m’apparut comme un spectre effrayant
Et je ne pus que voir cette horreur au présent

Accrochée aux barreaux en pleurant je susurre
Mon Dieu ! que la réalité est lourde et souvent dure
Que le verbe se souvenir méconnaît le futur

Quand le désespoir et la tristesse se conjuguent au présent
Faut-il se rappeler les belles choses d’antan
Sentir au fond du cœur ces parfums odorants

Qui resurgissent encore du monde des vivants ?
Et là, sur des espoirs déçus, j’ai pleuré un moment
Près du Christ en croix, au regard suppliant.