GRATTE-CIEL
Je suis morte d’être assise
Près de tout, et loin de rien
Dans la porte d’un incendie
Où la beauté était de mise
Pour que le silence parle du matin
Au beau milieu de l’incendie
Loin de tout, et près de rien.
On m’apporte des sourires
Hier, encore, des restes de joies
Dans un vase fermé sous vide
Où y est peint une hespéride
Hier, encore, sur le bord du toit
Je ressassais mes deux souvenirs.
Celui de l’incendie mortel,
Qui égorgea la vie muette
Dans laquelle je me vautrais
Et par les jours qu’on sait éternel
Le feu aux pieds. Mais qu’on me mette
À éteindre sous les cyprès !
Le deuxième presque lénifié par la courbe
D’un temps vide plein de sable
Souvenir de désert oppressant
De se faire passer pour une fourbe
Quand on dit l’amour mieux qu’une fable
À la lampe de notre génie charmant
Alors les pieds ballants sur la ville
Où les pleurs sont des cours
Et les piétons des poissons
Je me transforme en cil
Qui tombe et qui casse et qui meurt
Dans la plus vieille des merveilles.
Au milieu de mille piétons
Tout est loin et près de rien
À peindre le mur de proverbes longs
En fioritures dignes d’intestins
Je casse et tombe et meurs enfin ;
Au beau milieu d’un seul piéton.
Anaïs ELBOUJDAÏNI
15 ans
GATINEAU (Québec)
Canada
Élève au Collège Saint-Alexandre de Gatineau
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