"Mur de poésie de Tours" 2005

Poètes du Québec

 

GRATTE-CIEL

 

Je suis morte d’être assise
Près de tout, et loin de rien
Dans la porte d’un incendie
Où la beauté était de mise
Pour que le silence parle du matin
Au beau milieu de l’incendie
Loin de tout, et près de rien.

On m’apporte des sourires
Hier, encore, des restes de joies
Dans un vase fermé sous vide
Où y est peint une hespéride
Hier, encore, sur le bord du toit
Je ressassais mes deux souvenirs.

Celui de l’incendie mortel,
Qui égorgea la vie muette
Dans laquelle je me vautrais
Et par les jours qu’on sait éternel
Le feu aux pieds. Mais qu’on me mette
À éteindre sous les cyprès !

Le deuxième presque lénifié par la courbe
D’un temps vide plein de sable
Souvenir de désert oppressant
De se faire passer pour une fourbe
Quand on dit l’amour mieux qu’une fable
À la lampe de notre génie charmant

Alors les pieds ballants sur la ville
Où les pleurs sont des cours
Et les piétons des poissons
Je me transforme en cil
Qui tombe et qui casse et qui meurt
Dans la plus vieille des merveilles.
Au milieu de mille piétons

Tout est loin et près de rien
À peindre le mur de proverbes longs
En fioritures dignes d’intestins
Je casse et tombe et meurs enfin ;
Au beau milieu d’un seul piéton.

 

Anaïs ELBOUJDAÏNI

15 ans

GATINEAU (Québec)
Canada

 

Élève au Collège Saint-Alexandre de Gatineau