"Mur de poésie de Tours" 2005

Poètes du Québec

 

QUELQUES JOURS À TOULOUSE

 

le verbe partir    s’est fait plus cher    quelques articles dans ma valise
les yeux d’un rêveur    caricature    dans le passeport
mirabel    songer    au-dessus d’un cheeseburger
les clés du paradis    pleins gaz    geppetto en tapis volant
jane birkin    m’arabesque entre les ailes    d’un airbus 310
agentes de bord    complément d’objet indirect    les dessous chics
turbulence    mots et passagers    coude à coude
l’aube bientôt    replier mes ailes    me délier les jambes
ce matin    mon plus-que-parfait orient    que toulouse-blagnac

premier matin    les bruits de la rue    au delà des persiennes
place du capitole    inukshuk urbain    mac donald’s
grand café albert    petit déj complet    avec une gitane
aujourd’hui    on n’a pas vu la garonne    because encore la pluie
fermer les yeux    pour ne pas voir le sommeil    n’en être pas vu
plus de miettes de croissants    que de mots    sur cette page
saint-sernin    près d’une colonne    je lis cent phrases pour éventails
des murs et des murs    entendre d’écoliers    n’en voir aucun
oh exotisme    rebec et accordéon    rue du taur
nuit de larmes    ses yeux au soleil    boursouflés
sur les berges de la garonne    instant de fraîcheur    sous le pont-neuf
pause pomme    la poussière    sur nos souliers
ville rose    sa poussière    ne l’est pas
m’amuser avec son chat    réapprendre à tuer le temps    de temps en temps
charcoal
    dans une oreille dans l’autre    les cloches de saint-sernin
stationnement gênant    noter quelques mots    contre une boîte postale
on marche    au hasard d’un miroir    elle replace une mèche
rue de la barutte    un demi puis deux    nous à l’ombre

une dernière heure    un dernier sandwich à deux    deux cigarettes
la laisser    là la laisser mûrir    ne pas mourir entre temps
870 km/h    et mes idées    fixes
le cinéma muet de jennifer    señori señorita    j’ai soif
café sans sucre    pauvre miel    sur mes mots bleus
réveil en sursaut    j’allais dans des rues    avec elle
léger brouillard    le démarreur à distance    repère mon auto
en mangeant du cassoulet    regarder    les photos
sa photo    contre de vieilles briques rouges    mon futur intérieur

 

André DUHAIME

8, rue de l’Astrolabe - Gatineau (Qc) Canada

 

André Duhaime publie de la poésie depuis plus de vingt ans ; depuis plus récemment il est responsable du site web Haïkus sans frontières : http://pages.infinit.net/haiku