L’automne de fruits mûrs foisonne.
On y goûte « la Louise-Bonne »,
Les pommes « Reinette » et « Mignonne ».
En vigne, on cueille, on « grapillonne »,
Au chais, la futaille résonne,
Le bon vigneron conditionne
Le doux breuvage à pleines tonnes.
Ô délices de l’automne !

La forêt, telle une madone,
De fines touches se bichonne,
De couleurs chaudes se pomponne :
De teintes jaunes de nipponnes,
De tons brûlés de négrillonnes.
Cette métamorphose lui donne,
Une allure un peu sauvageonne.
Ô poésie de l’automne !

Sur la branche, la feuille frissonne,
Elle se détache, elle tourbillonne,
Elle glisse à terre, elle s’abandonne,
Le ruisselet la réceptionne
Et dans la boue, il l’emprisonne.
Dénudée, triste, maigrichonne,
La cime dans le vent violonne.
Ô tristesse de l’automne !

La neige tombe, elle floconne.
Dans la chaumière, le vieux tisonne ;
Remuant les braises, il chantonne.
Près de lui sa vieille marmonne,
Opine du chef ou bougonne.
Sur son coussin, le chat ronronne,
Et les jours passent, monotones.
Ô nostalgie de l’automne !