J’aime mes toits pointus, j’aime mes toits d’ardoises
Et mes bois de sapin et mes grands champs de blé
Et ma belle rivière aussi lente que l’Oise
Mais que les lourds chalands n’ont si longtemps troublée.

J’aime mon horizon pourtant point tourmenté
Où flotte, il me semble, vaguement, dans l’espace
Quant vers lui, tout là-bas, mon regard s’est jeté
Comme un songe léger que le réveil efface.

J’aime mes noirs coteaux aux pentes généreuses
Où s’étage la vigne aux ceps chargés de grappes
De lourds raisins sanglants pareils à la framboise.

J’aime mes vieilles rues bien souvent tortueuses
Où le curieux s’arrête et reprend son étape
J’aime mes toits pointus, j’aime mes toits d’ardoises.

1945