RÊVERIES AUTOUR D’UNE PETITE FEUILLE MORTE
Notre feuille était née, un beau jour de
printemps,
D’un bourgeon malicieux, ayant bravé l’hiver.
D’un rayon de soleil qui l’aimait tendrement,
Et d’une goutte d’eau, tombée du ciel sur
terre.
Puis elle avait grandi, dans la douce insouciance
D’une enfance bercée par le chant des oiseaux.
Et le vent lui soufflait quelques jolies
romances,
Que des perles de pluie reprenaient en écho.
L’été avait fait d’elle, une grande
amoureuse,
Secrètement séduite par un beau papillon,
S’éloignant trop souvent. La laissant
malheureuse,
Accrochée à sa branche, comme dans une prison.
Pour oublier son sort, sans cesse, elle rêvait.
S’envolait, chaque soir, retrouver son amant.
Légère comme une plume. Elle dansait,
virevoltait.
Et se croyait alors, libre comme le vent.
Mais l’automne est venu, en habits noirs et
blancs,
Supprimant les couleurs de ses petits plaisirs.
La pluie devint violente, et son ami le vent,
En monstre se changea... Elle se sentit vieillir.
Elle ne connaîtrait pas les charmes de l’hiver.
Le givre sur les branches. La danse des
flocons...
Elle choisit un beau jour où le temps était
clair,
Pour enfin s’envoler... Cette fois, pour de
bon.
Elle fit durer ce moment là,
En savourant chaque seconde.
Quand, épuisée, elle se posa,
Flétrie, à demi moribonde,
Elle s’endormit d’un sommeil las
Et, d’un soupir, quitta ce monde.
Jean-Pierre PEDAN
Jean-Pierre PEDAN au Mur de poésie de Tours 2005.
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