Le jour se lève en boitant
Il a passé des heures
Dans les bras de la Nuit
Il est encore ivre d’étoiles.

Il a oublié la tristesse de l’aube
La tristesse tout court
Celle de vivre, jour après jour
La tristesse des hommes

Ceux qui marchent dans les villes
Ceux qui se terrent dans les campagnes
Ceux qui se perdent avec eux-mêmes
Ceux qui se taisent, ceux qui parlent trop.

C’est que la Nuit est un perroquet en deuil
Déguisée, elle peut gueuler n’importe quoi ;
Philosopher ou jurer
C’est du pareil au même
Comme Sorcellerie ou Religion
Pour l’une, il y a messe de nuit : tam-tam sous les ponts
Pour l’autre, messe de jour : grand orgue médiatique.

Dans la Maison-Église
Le Jour ne tient pas debout
Il est sans force et à genoux,
Il attend le lit d’amour de la Nuit
La Nuit où Il ne dort pas
Là où il rêve tous les rêves
Ou tous les cauchemars, c’est pareil.

Les oiseaux qui font semblant de dormir
Se racontent les cages des hommes
Les cages-dortoirs, qu’ils survolent le jour en criant.

Ils peuvent crier les oiseaux ! Les hommes crient plus fort
Ils sont fous les hommes, fous de vivre
Ils ne savent plus quelle vie choisir
Car toutes les vies se ressemblent.

Que n’ont-ils des yeux précieux de charognards
Pour lire dans les constellations
Ce qu’apportera demain et après-demain et encore après...

Car si le destin est écrit au ciel
C’est bien sur la terre qu’il se vit.

19 Novembre 2000.