À MA FILLE
Simple croix de granit, sobre, mystérieuse
Rien d’autre que le vent pour endormir,
heureuse
Dans son linceul marin, aux senteurs douces
amères
L’enfant aux cheveux blonds, ravie à une mère
Les étés flamboyants n’ont cure, au temps
fugace
D’une peine tranquille, figée comme la glace
Que le soleil couchant, à l’heure de l’adieu
Embrasse doucement, tel un père malheureux
Qu’importent, l’hiver venu, la solitude
blême
Des grèves désertées, laissées au vent qui
sème
Vil et dispendieux, quelques restes de vie
Au-dessus d’une stèle, pure, comme la nuit
Chaque pierre, en ce lieu, ignorée, délétère
Se souvienne, émue, des larmes d’une mère
Marquise en crinolines, serrant entre ses bras
L’ombre d’une enfant morte, glacée, dormant
de froid
Mais au soir, un fantôme s’agenouille en
silence
Et la mer, tendrement, frémit d’un souffle
immense
Apaisé, sémillant, berceau de toute vie,
Semblable à une enfant, ardente, qui sourit
Patrice HUARD
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