"Mur de poésie de Tours" 2005

Poètes de Touraine

 

À MA FILLE

 

Simple croix de granit, sobre, mystérieuse
Rien d’autre que le vent pour endormir, heureuse
Dans son linceul marin, aux senteurs douces amères
L’enfant aux cheveux blonds, ravie à une mère

Les étés flamboyants n’ont cure, au temps fugace
D’une peine tranquille, figée comme la glace
Que le soleil couchant, à l’heure de l’adieu
Embrasse doucement, tel un père malheureux

Qu’importent, l’hiver venu, la solitude blême
Des grèves désertées, laissées au vent qui sème
Vil et dispendieux, quelques restes de vie
Au-dessus d’une stèle, pure, comme la nuit

Chaque pierre, en ce lieu, ignorée, délétère
Se souvienne, émue, des larmes d’une mère
Marquise en crinolines, serrant entre ses bras
L’ombre d’une enfant morte, glacée, dormant de froid

Mais au soir, un fantôme s’agenouille en silence
Et la mer, tendrement, frémit d’un souffle immense
Apaisé, sémillant, berceau de toute vie,
Semblable à une enfant, ardente, qui sourit

 

Patrice HUARD

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