CAPRICES
I
FEMME ET CHATTE
Elle jouait avec sa chatte,
Et c’était merveille de voir
La main blanche et la blanche patte
S’ébattre dans l’ombre du soir.
Elle cachait – la scélérate ! –
Sous ses mitaines de fil noir
Ses meurtriers ongles d’agate,
Coupants et clairs comme un rasoir.
L’autre aussi faisait la sucrée
Et rentrait sa griffe acérée,
Mais le diable n’y perdait rien…
Et dans le boudoir où, sonore,
Tintait son rire aérien
Brillaient quatre points de phosphore.
Extrait de « Poèmes saturniens »
Paul VERLAINE
(1844 - 1896)
Poète français, né à Metz, il connaît le désarroi moral suite à un amour malheureux et à l’alcoolisme. Dans l’esprit de Baudelaire, il écrit « Poèmes saturniens », « Fêtes galantes ». Après une période plus calme, il publie « La Bonne Chanson ». Sa rencontre avec Rimbaud bouleverse sa vie puis il retrouve la foi catholique et écrit « Sagesse », « Jadis et naguère ». Il devient le chef de file de l’école décadente et fait connaître les poètes maudits puis erre de garnis en hôpitaux en publiant de petits recueils « Parallèlement », « Invectives ».
Une rue de Tours porte son nom.
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