TÊTE DE FAUNE
Dans la feuillée, écrin vert taché d’or,
Dans la feuillée incertaine et fleurie
De fleurs splendides où le baiser dort,
Vif et crevant l’exquise broderie,
Un faune effaré montre ses deux yeux
Et mord les fleurs rouges de ses dents blanches.
Brunie et sanglante ainsi qu’un vin vieux
Sa lèvre éclate en rires sous les branches.
Et quand il a fui – tel qu’un écureuil –
Son rire tremble encore à chaque feuille
Et l’on voit épeuré par un bouvreuil
Le Baiser d’or du Bois, qui se recueille.
Arthur RIMBAUD
(1854 - 1891)
Poète français né à Charleville, il écrit à Paris, dès l’âge de dix-sept ans, des poèmes dont « Le Bateau ivre ». Il pense que la poésie vient d’une « alchimie du verbe » et des sens. Son amitié avec Verlaine se termine par un coup de revolver. Profondément choqué, il écrit les poèmes en prose d’ « Une Saison en enfer ». À vingt ans, il a terminé son œuvre et mène une vie errante de voyageur. « Illuminations », recueil de prose et de vers libres est publié en 1886. Il meurt à Marseille alors que sa poésie commence à être reconnue comme l’aboutissement de recherches romantiques et baudelairiennes. Ses écrits ont influencé la poésie moderne.
Une rue et une école de Tours portent son nom.
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