"Mur de poésie de Tours" 2005

Poètes dont une rue de Tours porte le nom

 

PROLOGUE DE L’AMBITIEUX

 

(…)

LA COMTESSE

À Paris, selon moi, c’est un plaisir bien fade.

Au milieu d’un public peut-on se promener ?

À chaque pas qu’on fait, on trouve quelque obstacle ;

Et c’est se donner en spectacle,

Pour donner aux oisifs matière à raisonner.

Qu’entend-on aux Tuileries ?

Souvent des propos peu décens,

De mauvaises plaisanteries,

Ou bien des nouvelles du temps ;

Le tout assaisonné d’une horrible poussiere,

D’une cohue énorme, et d’un bruit, d’un fracas,

Qui vous étourdit de manière

Que la tête vous tourne, et qu’on ne s’entend pas.

Pour moi, je tiens qu’à la campagne

La promenade est un plaisir :

J’y respire un air pur ; un gracieux zéphir,

Partout où je vais, m’accompagne.

Je marche, je m’arrête au gré de mon desir :

À rêver, à parler, lui seul, me détermine ;

L’aimable liberté préside à mon loisir.

J’y goûte un bonheur si tranquille,

Que les jours y sont des momens.

Lasse de ces plaisirs, je reviens à la ville,

Mais c’est pour y chercher d’autres amusemens.

(…)

 

Extrait de « Prologue de l’Ambitieux, Acte I, Scène I »

 

Philippe NÉRICAULT-DESTOUCHES

(1680 - 1754)

 

Né à Tours, Philippe NÉRICAULT-DESTOUCHES fut un auteur prolifique et un acteur. Ses comédies les plus connues sont « Le Glorieux », « Le Dissipateur », « Le Philosophe marié ». Élu à l’Académie française, il en deviendra le directeur en 1742. Son œuvre se trouve chez les libraires de livres anciens, dans les bibliothèques et sur le site Internet GALLICA de la Bibliothèque Nationale de France. Ses dictons ont traversé les siècles et sont toujours utilisés comme par exemple : « Les absents ont toujours tort », « La critique est aisée, et l’art est difficile », « Chassez le naturel, il revient au galop »...

Une rue de Tours porte son nom.