AU YUNG-FRAU
Yung-Frau, le voyageur qui pourrait sur ta tête
S’arrêter, et poser le pied sur sa conquête,
Sentirait en son cœur un noble battement,
Quand son âme, au penchant de ta neige éternelle,
Pareille au jeune aiglon qui passe et lui tend l’aile,
Glisserait et fuirait sous le clair firmament.
Yung-Frau, je sais un cœur qui, comme toi, se cache,
Revêtu, comme toi, d’une robe sans tache,
Il est plus près de Dieu que tu ne l’es du ciel.
Ne t’étonne donc point, ô montagne sublime,
Si la première fois que j’en ai vu la cime,
J’ai cru le lieu trop haut pour être d’un mortel.
Extrait de « Premières poésies 1829-1835 »
Alfred de MUSSET
(1810 - 1857)
Né et mort à Paris, il écrivit des contes « Contes d’Espagne et d’Italie », de la poésie « Les nuits », des pièces de théâtre « Les caprices de Marianne », « On ne badine pas avec l’amour », « Les caprices de Madame », et un roman autobiographique « La Confession d’un enfant du siècle ». Poète de la douleur et des grandes passions, il est aussi celui de la fantaisie légère.
Une rue de Tours porte son nom.
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