L’ÉCOLE DES FEMMES
ARNOLPHE
Quoi ! l’astre qui s’obstine à me
désespérer
Ne me donnera pas le temps de respirer !
Coup sur coup je verrai par leur intelligence
De mes soins vigilants confondre la prudence !
Et je serai la dupe, en ma maturité,
D’une jeune innocente et d’un jeune
éventé !
En sage philosophe on m’a vu vingt années
Contempler des maris les tristes destinées,
Et m’instruire avec soin de tous les accidents
Qui font dans le malheur tomber les plus
prudents ;
Des disgrâces d’autrui profitant dans mon âme,
J’ai cherché les moyens, voulant prendre une
femme,
De pouvoir garantir mon front de tous affronts,
Et le tirer de pair d’avec les autres
fronts :
Pour ce noble dessein j’ai cru mettre en pratique
Tout ce que peut trouver l’humaine
politique ;
(…)
Extrait de « L’école des femmes, Acte IV, scène VII »
MOLIÈRE
(1622 - 1673)
Né à Paris, fils d’un tapissier, valet de chambre du roi, il fit des études de droit avant de se tourner vers le théâtre. Il créa avec une troupe de comédiens, un théâtre ambulant. Protégé par Louis XIV, il donna des divertissements à la Cour, principalement des comédies : « Les Précieuses ridicules », « L’École des maris », « L’École des femmes », « Dom Juan », « L’Amour médecin », « Le Misanthrope », « Le Médecin malgré lui », « L’Avare », « Le Tartuffe », « Le Bourgeois gentilhomme », « Les Fourberies de Scapin », « Les Femmes savantes », « Le Malade imaginaire »...
Une rue de Tours et un groupe scolaire portent son nom.
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