MÉDITATION NEUVIÈME
SOUVENIR
En vain le jour succède au jour,
Ils glissent sans laisser de trace ;
Dans mon âme rien ne t’efface,
Ô dernier songe de l’amour !
Je vois mes rapides années
S’accumuler derrière moi,
Comme le chêne autour de soi
Voit tomber ses feuilles fanées.
Mon front est blanchi par le temps ;
Mon sang refroidi coule à peine,
Semblable à cette onde qu’enchaîne
Le souffle glacé des autans.
Mais ta jeune et brillante image,
Que le regret vient embellir,
Dans mon sein ne saurait vieillir :
Comme l’âme, elle n’a point d’âge.
(…)
Comme deux rayons de l’aurore,
Comme deux soupirs confondus,
Nos deux âmes ne forment plus
Qu’une âme, et je soupire encore !
Extrait de « Premières méditations poétiques »
Alphonse de LAMARTINE
(1790 - 1869)
Né à Mâcon, ce poète romantique et homme politique français devint connu dès son premier recueil lyrique « Les méditations poétiques » ; il est l’auteur des « Harmonies » et de « L’Histoire des Girondins ». Après des déboires en politique, il termine sa vie en écrivant des récits autobiographiques « les Confidences », « Graziella »…
Une rue de Tours porte son nom ; c’est l’ancienne rue La Fayette.
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