POMPÉE
CÉSAR
Ô d’un illustre époux noble et digne de moitié,
Dont le courage étonne, et le sort fait pitié !
Certes, vos sentiments font assez reconnaître
Qui vous donna la main, et qui vous donna l’être ;
Et l’on juge aisément, au cœur que vous portez,
Où vous êtes entrée, et de qui vous sortez.
L’âme du jeune Crasse, et celle de Pompée,
L’une et l’autre vertu par le malheur trompée,
Le sang des Scipions protecteur de nos dieux.
Parlent par votre bouche et brillent dans vos yeux ;
Et Rome dans ses murs ne voit point de famille
Qui soit plus honorée ou de femme ou de fille.
Plût au grand Jupiter, plût à ces mêmes dieux
Qu’Annibal eût bravés jadis sans vos aïeux,
Que ce héros si cher dont le ciel vous sépare
N’eût pas si mal connu la cour d’un roi barbare,
Ni mieux aimé tenter une incertaine foi,
Que la vieille amitié qu’il eût trouvée en moi ;
Qu’il eût voulu souffrir qu’un bonheur de mes armes
Eût vaincu ses soupçons, dissipé ses alarmes ;
Et qu’enfin, m’attendant sans plus se défier,
Il m’eût donné moyen de me justifier !
(…)
Extrait de « Pompée, Acte III, scène 4 »
Pierre CORNEILLE
(1606 - 1684)
Né à Rouen, il étudia d’abord le droit puis fut attiré par la poésie et l’art dramatique. Il est considéré comme le père de la tragédie française. Il écrivit « Le Cid » en 1636, « Horace », « « Cinna », « Polyeucte ». C’est un véritable créateur de l’art classique au théâtre. Il est décédé à Paris.
Une rue de Tours porte son nom.
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