SOUS LES BRANCHES
Palpitante encore du bal,
Elle voulut, la blonde fille,
M’accompagner jusqu’à la grille
Où j’avais lié mon cheval.
Malgré l’appel des ritournelles,
Au jardin nous nous attardions,
Et les choses que nous disions
Étaient tristes et solennelles.
Nous avions pris le long chemin,
Nous avions pris le chemin sombre.
Je ne la voyais pas dans l’ombre,
Mais je la tenais par la main.
Nos baisers rythmaient nos paroles,
Et nous suivions, tendres et las,
La voûte obscure des lilas,
Qui s’étoilait de lucioles.
Et ma chevelure baignait,
Comme dans l’eau les pleurs d’un saule,
Son front posé sur mon épaule,
Son doux front qui s’abandonnait.
Et pour que l’opaque ramure
Couvrît notre rêve enchanté
De silence et d’obscurité,
La brise apaisait son murmure.
Extrait de « Poésies (1864 – 1869) »
François COPPÉE
(1842 - 1908)
Poète du Parnasse, François COPPÉE fut célèbre dès ses premiers écrits en particulier avec la parution du « Passant ». Employé d’un ministère, il deviendra académicien. Parmi ces principaux livres, il faut citer « Le Reliquaire », « Intimités », « Poèmes modernes », « Les Humbles », « Promenades et intérieurs », « Olivier », « Récits et élégies », « Contes en vers et poésies diverses », « L’Arrière-Saison », « Les Paroles sincères », « Des vers français »…
Une rue et un pont de Tours Nord portent son nom.
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